MISANTHROPE (Damián Szifrón)


Petit confidence : Excel ça m’excite. J’adore faire des tableaux, j’adore faire des registres, classer, trier et ranger (« par contre la vaisselle n’est pas faite » me susurre l’amour de ma vie). Et pour tout cela, Excel est l’outil de l’archiviste. Or il se trouve que peu satisfait des outils pour répertorier mes films, je me décide de le faire moi-même avec un tableur. Ca me détend, j’écoute de la musique et hop je rempli les cases.

Et voila que j’en viens à rentrer Les nouveaux sauvages dans le tableau (petit bijou du ciné argentin nous montrant à quel point la civilisation est un vernis qui peut facilement craqueler. J’espère que @Photonik là vu depuis le temps) et que je me dise : "tiens qu’est ce qu’il a fait depuis le gars Damián Szifrón ? ".

Et bien il a fait Misanthrope ou To Catch a Killer pour le titre original

Suite à une tuerie de masse à Baltimore (un sniper a tué une trentaine de personne lors de la soirée du nouvel an), la policière à Baltimore, Eleanor Falco, est recrutée par Geoffrey Lammark l’agent du FBI en charge de la traque du tueur et qui voit en Eleanor un profil atypique capable de l’aider dans son enquête.

Continuant dans sa réflexion sur l’humain confronté à la violence quotidienne de la société, Szifrón met en place une traque palpitante dont les rebondissements ne sont pas du fait de l’ingéniosité d’un tueur insaisissable mais par le pourrissement intérieur du système qui le traque. En cela le film est captivant. Après une ouverture qui fout sur les rotules et joue dès le départ la carte du renversement de point de vue, To Catch a Killer contribue à nous faire détester l’humain, oui, mais surtout un système social contribuant à l’échec.

C’est ce que tente de parasiter le personnage de Lammark en recrutant une agente de police au passé tortueux et incapable de composer avec les notions de groupe tel que la politique ou la diplomatie. Comment lui en vouloir d’ailleurs quand elle constate par elle-même que son nouveau chef doit plus lutter contre des rivaux désireux de prendre sa place, des médias ayant besoin d’alimenter leur ventre et des politique voulant des résultats quitte à buter le premier arabe qui passe.

Tout comme Les nouveaux Sauvages, la frontière est mince entre humanité et bestialité. Surtout (en fidèle de David Fincher), le réalisateur compose ses scènes en accordant une place privilégiée au son et aux couleurs pour parvenir à créer des vrais murs destinée à renforcer le sentiment d’oppression et d’agression.

Truffé de moments de tension (en premier lieu, un assaut dans une supérette qui fout les miquettes) Misanthrope confirme tout le bien que je pense du travail du cinéaste.

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Toujours pas vu « Les Nouveaux Sauvages » dont tout le monde m’avait pourtant dit le plus grand bien… par contre vu et adoré ce « Misanthrope » incroyablement bien mis en scène et au mood d’une noirceur appuyée assez irrésistible pour qui goûte à ces ambiances cafardeuses…
Le premier quart d’heure est ouf.

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