Alors que la première partie de ce diptyque commençait sous un éclairage de comédie, avec les non-dits et les incompréhensions du vaudeville (et les sous-entendus pas trop dissimulés visant à mettre le lecteurs dans la confidence d’un secret qui échappe à Blanche), cette deuxième partie est nettement plus sombre.
D’une part, on renoue avec les ficelles du polar ayant présidé à la naissance de la série (ici : complot, empoisonnement, enlèvement, poursuites…), dans des séquences qui bougent, nocturnes et sombres. D’autre part, le scénariste dévoile ses cartes : il nous parle du traitement inhumain réservé à l’homosexualité dans une société qui perçoit ce choix de vie comme une maladie. L’oie blanche qu’est… Blanche, justement, ne comprend qu’en retard, ce qui permet de jouer la carte de la surprise. Ce qui est intéressant, c’est que ce personnage ne se montre pas héroïque ou progressiste, mais incarne les aveuglements de son époque.
Je suis assez étonné du plaisir que je prends à lire cette série. D’ordinaire, je ne suis pas tellement client de cette « nouvelle BD française », cette génération d’héritiers de Sempé qui recourent à un dessin esquissé, aux apparences trompeuses de brouillon, sous des couleurs en aplats. Le catalogue de la collection « Poisson Pilote », en général, ce n’est pas ma came. Pourtant, la narration, la gestion des cases muettes, le placement des bulles, tout concourt à faire du récit quelque chose de fluide et d’élégant, où rien ne bute.
Jim