MISSION:IMPOSSIBLE - FALLOUT (Christopher McQuarrie)

J’ai finalement vu ce Fallout… bien nommé, tant après un épisode 3 imparfait mais pas inintéressant, un 4 surprenant et correctement ficelé, et un 5 tout simplement excellent, tout s’effondre ici comme un soufflé raté. La différence est d’ailleurs d’autant plus ahurissante du fait de la continuité censément assurée avec Rogue Nation par la présence de McQuarrie aussi bien au scénario qu’à la réalisation, qui se débrouille donc pour signer coup sur coup le meilleur film de la franchise et l’un des deux plus mauvais (vous me pardonnerez de ne pas aller revoir le 2 pour comparer et décerner le titre avec plus de certitude, hein, j’ai mes limites).

Ne sachant trop par où commencer, je le ferai par la fin. Le film trouve sa conclusion au bout d’une heure et demi. Ce qui ne serait pas un problème, dans l’absolu, s’il n’y avait deux autres facteurs à prendre en compte :

  • Cette conclusion repose sur une « révélation » qui n’en est plus une depuis 40 minutes.
  • Le film dure 2h25.

Il serait ainsi tentant d’affirmer qu’il y a deux Mission: Impossible - Fallout.

Le premier, c’est-à-dire la première heure et demi, aligne les twists que, pour les trois quarts d’entre eux, on voit venir à des kilomètres, l’écriture des personnages à la serpe, et les gestions incohérentes de l’espace. Il n’y a guère que les apparitions d’Ilsa Faust pour amener un peu d’épaisseur de mystère dans l’ensemble. Quelques intéressantes idées de mise en scène subsistent çà et là, mais qui, même dans les meilleurs moments (et la chose est très hétérogène), restent plusieurs crans en-dessous de ce dont pouvait s’enorgueillir le volet précédent.

Le second, c’est-à-dire l’heure qui suit, est un film zombie qui continue à avancer alors qu’il n’a plus vraiment rien à dire ou à proposer. Le seul intérêt restant consiste à admirer les splendides paysages de Nouvelle Zélande en arrière-plan des acrobaties de Tom Cruise. Le reste des personnages et du cast sont de toute façon, à ce stade, en mode auto-pilote, et le scénario ne nous épargne, pour le « suspense », aucun des clichés les plus éculés.

Mais cette rupture entre les deux ne fait sans doute qu’accentuer la tare présente depuis le début : car à vrai dire ce phénomène de « zombification », s’il est particulièrement apparent dans la (longue) dernière ligne droite, pourrait assez bien caractériser l’ensemble de Fallout en tant qu’excroissance, superflue et nocive, de Rogue Nation. La tendance à la sérialisation de la franchise entamée avec Ghost Protocol trouve ici sa limite dans un film qui, à se reposer sur le souvenir de son prédécesseur, oublie de développer quoi que ce soit, et ne fait que multiplier les relances de plus en plus à vide.