MONOLITH t.1-2 (Roberto Recchioni, Mauro Uzzeo / LRNZ)

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Alors qu’une voiture ultra-moderne est sensée nous protéger de tout choc, que faire quand cette dernière devient un coffre-fort impénétrable, piégeant en son sein un petit garçon, dont, la mère a été éjectée en plein désert ?

  • Album : 98 pages
  • Editeur : Editions du Long Bec (18 septembre 2019)
  • Collection : ELB.ROM.GRAPHIQ
  • Langue : Français
  • ISBN-10 : 2379380430
  • ISBN-13 : 978-2379380433
  • Dimensions du produit : 22,8 x 1,5 x 30,5 cm

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  • Album : 98 pages
  • Editeur : Editions du Long Bec (23 octobre 2019)
  • Collection : ELB.ROM.GRAPHIQ
  • Langue : Français
  • ISBN-10 : 2379380422
  • ISBN-13 : 978-2379380426
  • Dimensions du produit : 22,7 x 1,3 x 30,4 cm

Le thème de la voiture moderne, protectrice, suréquipée et objet de tous les fantasmes de puissance, n’est pas nouveau dans la (science-)fiction. Recchioni et Uzzeo ne font pas dans l’originalité, mais leur récit est efficace.

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Un couple se dispute. La femme plaque l’homme, met son enfant dans sa voiture et prend le volant, excédée. Son énervement la conduit à frôler l’accident. Son compagnon la rattrape, la sermonne, et le fil de la discussion l’amène à lui confier sa grosse voiture, sa « Monolith ». La femme reprend le volant et s’en va. En chemin, elle percute un cerf. La voiture est en panne, et les ennuis commencent. Elle perd le téléphone portable qui sert, entre autres, de clé de contact, ce qui fait glisser les commandes du véhicule à une intelligence artificielle. Celle-ci, obéissant à sa programmation, se verrouille autour de l’enfant, laissant la mère à l’extérieur, à la merci des prédateurs nocturnes.

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Sur ce postulat de base, on a droit à un rythme soutenu, à des astuces de narration classiques mais qui ont démontré leur efficacité (l’album s’ouvre sur une publicité pour les voitures « Monolith »), à une caractérisation qui fait semblant de tomber dans le cliché, et à une traduction plutôt pas mal (par exemple, le bambin, qui est à l’âge où l’on apprend à parler, est plutôt bien restitué, avec ses mots hésitants).

Le dessin est moins enthousiasmant. En fait, techniquement, c’est plutôt pas mal, cette peinture numérique, mais on en conserve la vague impression de regarder les planches d’un surdoué du « speed painting », ce qui laisse un sentiment de facilité graphique. Mais peut-être ce sentiment est-il dû au format choisi par l’éditeur. En grand format à 18 euros, cet album de 82 pages fait un peu mal au porte-monnaie, si l’on compare au rapport quantité-prix d’Orphelins, chez Glénat. Nous sommes ici en présence d’un fumetti (d’un « fumetto », devrait-on dire, je crois) bâti sur le rythme régulier et systématique de trois bandes par pages, et là encore, ça aurait sans doute mieux fonctionné dans un format plus proche des productions Bonelli traditionnelles. À cette taille et à ce prix, le pari me semble plus risqué. Mais allez savoir…

Jim

On peut renvoyer au roman Suréquipée, évoqué ici :

Là, on citera aussi le film The Monster, évoqué ici :

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Il y a une adaptation ciné sortie en Italie en 2017.

Diable.

Jim

Roberto Recchioni travaille sur la rencontre entre Batman et Dylan Dog. C’est là :

Jim

Je viens de lire le tome 2, et c’est assez épatant.

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On retrouve l’héroïne qui cherche à sortir son fils, coincé à l’intérieur du véhicule, en plein désert et sous un soleil impitoyable. Ce second volet opère un changement de direction, à la fois narratif (elle cherche de l’aide ailleurs) et formel (l’héroïne est sous le coup d’hallucinations qui amènent l’illustrateur LRNZ à changer de style graphique, adoptant un dessin au trait orné de couleurs en aplat). Et l’effet est saisissant. On comprend complètement la perte de repères du personnage central. Effet très immersif.

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Le scénario, lui, glisse lentement dans la paranoïa, la folie, l’incohérence mentale, les idées les plus farfelues devenant celles que l’héroïne privilégie car elles lui semblent « logiques ». On opère donc discrètement une dérive, un glissement, au sens propre et au sens figuré… jusqu’à une fin non conclusive : on laisse le lecteur choisir la teneur de cette conclusion. Et ça cogne.

Alors oui, la peinture numérique n’est pas toujours très convaincante, même si l’illustrateur sait créer des ruptures visuelles fortes (ombres et lumières, plans larges et gros plans…). Oui, c’est cher, même si la pagination est élevée et la production de qualité. Et oui, surtout, l’éditeur a cessé son activité. Mais si vous croisez ce diptyque, n’hésitez pas, c’est une sacrée claque, qui montre l’évolution de la bande dessinée italienne mainstream.

Jim