Animation/aventures/fantastique
Long métrage japonais
Ecrit et réalisé par Hayao Miyazaki d’après son manga
Avec les voix V.O. de Sumi Shimamoto, Goro Naya, Yoji Matsuda…
Titre original : Kaze no Tani no Naushika
Année de production : 1984
Après avoir travaillé pour la télévision, Hayao Miyazaki a fait ses débuts de réalisateur pour le grand écran avec Le Château de Cagliostro, une aventure du héros qui était alors connu chez nous sous le nom de Edgar de la Cambriole. Le film ne fut pas un grand succès au box-office mais il a notamment impressionné le responsable éditorial du magazine Animage qui a demandé à Hayao Miyazaki de lui proposer des idées. Miyazaki voulait adapter en film le Rowlf du regretté Richard Corben, projet qui n’a pas abouti. L’auteur s’est mis alors à plancher sur un manga qui est devenu Nausicaä de la Vallée du Vent.
La publication de Nausicaä s’est étalée de 1982 à 1994, avec plusieurs pauses correspondant aux périodes pendant lesquelles Miyazaki a signé un nouveau long métrage. Et la première d’entre elles correspond justement à l’adaptation cinématographique de Nausicaä de la Vallée du Vent. Miyazaki était d’abord réticent car son manga n’était alors pas encore complet, avec seulement seize chapitres disponibles dans les pages d’Animage. Mais il a finalement accepté à la condition de pouvoir avoir le contrôle total. Isao Takahata est ici à la production et les deux hommes s’associeront un an plus tard pour former le studio Ghibli.
L’histoire se déroule dans un futur lointain, plus de mille ans après que la civilisation se soit auto-détruite suite à une guerre globale que les générations suivantes ont appelé les Sept Jours de Feu. L’écosystème a évolué et est devenu toxique. Les derniers humains doivent résister à l’avancée d’une gigantesque forêt qui libère des spores mortelles pour la plupart des êtres vivants et qui est protégée par des insectes géants, les omus. Mais le danger vient aussi de deux royaumes qui s’affrontent, sans se soucier des dégâts collatéraux occasionnés par leur conflit…
Nausicaä (nom emprunté à l’héroïne grecque de l’Odyssée d’Homère) est la princesse de la Vallée du Vent, une petite enclave agricole. Indépendante, curieuse, elle est aimée de tous et personnifiait déjà l’un des thèmes chers à Miyazaki, la liberté, le bonheur qu’apportent le fait de voler. Nausicaä est souvent représentée aux commandes de son planeur, dans des scènes magnifiques à l’animation fluide et maîtrisée, aussi bien dans les envolées les plus enjouées que dans les passages plus tendus. Comme d’autres protagonistes jeunes de Miyazaki, Nausicaä a du grandir trop vite face à la folie des adultes, sans perdre toutefois la générosité qui la caractérise…
De par le sujet de Nausicaä de la Vallée du Vent, la nature tient bien évidemment une place très importante. La fukai (ou forêt toxique) est en elle-même un univers foisonnant et fascinant, qui recèle bien des secrets. Le lieu est beau, richement détaillé et le bestiaire est souvent impressionnant. Je n’ai jamais lu le manga, je ne peux donc faire une comparaison entre les deux versions, mais je pense que Hayao Miyazaki a su en tirer ce qu’il fallait pour concocter une intrigue cohérente afin de respecter à la fois son oeuvre alors inachevée et la rendre accessible pour les néophytes.
Le réalisateur/scénariste prend son temps pour développer les différents aspects de ce monde post-apocalyptique, soigne la caractérisation (beaucoup de très bons personnages secondaires, dont le chevalier Yupa, le jeune Asbel et les villageois qui aident Nausicaä) et équilibre parfaitement les atmosphères contemplatives et mélancoliques, les éléments fantastiques et le divertissement spectaculaire (l’action du final est palpitante) de cette grande aventure.