NIGHTCRAWLER #1-12 (Chris Claremont / Todd Nauck)

Ça continue à être très bien.

Après avoir contré les plans de Margali, Kurt doit dans un premier temps s’adapter à l’école Jan Grey en y devenant enseignant, puis s’occuper d’une nouvelle mutante repérée par Storm. Là encore, Claremont parvient à s’insérer sans problème dans la continuité du monde mutant, avec souplesse et naturel.

Ce qui ne l’empêche pas d’utiliser le personnage, en pleine adaptation, donc en plein décalage, et un peu en mode « c’était mieux avant », pour renvoyer à la période qu’il a écrite. Les scènes de base-ball sont à ce titre un élément clair, un passage obligé qui sert à définir l’appartenance de la série tout en jouant de manière amusée sur les clichés du titre.

Donc, Kurt doit aller récupérer une jeune prodige appelé Ziggy Karst. Je me demande dans quelle mesure celle-ci n’est pas, dans l’esprit du scénariste, un double dimensionnelle d’une autre Ziggy, à savoir Zigfried Trask, l’une des méchantes de X-Men Forever. Mais pour l’heure (et j’ai presque fini ma relecture), rien n’a été exploité dans ce sens.

Arrivé sur place, Kurt et Rico affrontent des esclavagistes dimensionnels travaillant pour Tullamore Voge, venu d’une Terre parallèle et spécialisé dans le commerce d’esclaves (il est apparu dans les Uncanny X-Men de Claremont et Kubert, faut vraiment que je relise ça, parce que j’en ai un souvenir très diffus…). On croise différents personnages déjà vus, dont Bloody Bess, et sérieux, je crois que quelques notes de bas de cases ne seraient pas de trop : sales habitudes éditoriales modernes !!!

Voilà qui conclut le premier TPB. Un sommaire composé de deux aventures, en six numéros, ce qui veut dire que, somme toute, ça va assez vite. C’est pas mal, ça, des récits qui ne prennent pas trop de place, et où l’action n’interdit pas de creuser les personnages, de donner un peu d’émotion et de favoriser les séquences de repos.

C’est ça. Claremont écrit de meilleurs dialogues que dans X-Men Forever, mais il ne déborde pas. Il abuse un peu, à mon goût, de la voix off, mais il maîtrise le procédé et ça permet de mettre en avant quelques personnages, dont Rico ou Ziggy. Et ouais, c’est léger, souriant, lumineux. Moi qui suis toujours demandeur de récits optimistes (c’est l’âge, sans doute), je suis ravi.

Jim

Je crois que x men forever finit par te taper un peu trop sur le système.

C’est sorti dans quel mag’, déjà ?

La série Nightcrawler continue et j’entame donc le deuxième TPB.

L’épisode 7 est le seul co-écrit avec quelqu’un d’autre, en l’occurrence Marguerite Bennett. C’est le récit qui arrive après la mort de Wolverine, il est donc emprunt d’une évidente tristesse. Il est plutôt bien ficelé, avec une atmosphère de nostalgie et de mélancolie bien rendue, mais il tranche, bien évidemment, avec l’optimisme souriant du reste de la série.

Dès l’épisode 8, Kurt reprend sa petite vie d’enseignant. La voix off laisse transparaître un Claremont ironique, qui fait penser à son héros : « C’est étrange, même après la mort d’un ami cher, comme les choses retournent vite à la normale ». Peut-être est-ce là une petite pique concernant les injonctions éditoriales, voire concernant la satisfaction qu’il éprouve à gérer tout seul sa série…

En plein milieu d’une séance d’entraînement, Kurt est contacté par un message télépathique de Bloody Bess. La séquence laisse entendre que la pirate dimensionnelle est sans doute un double de Betsy Braddock venu d’une autre Terre (ce que certaines péripéties à venir tendraient à confirmer), mais j’ai survolé en diagonale quelques pages internet sur le personnage et ça ne semble pas précisé. Ou alors, j’ai lu trop vite, c’est possible…

Les alliés esclavagistes de Bloody Bess se sont retournés contre elle, et elle demande l’aide du héros. Claremont ne garde pas le mystère très longtemps : les vendeurs d’esclaves dimensionnels sont possédés par le Shadow King. Claremont prend le soin d’expliquer le retour de l’ennemi mental des X-Men en renvoyant à l’une des sagas de X-Force version Remender : toujours ce soin de respecter la continuité, mais le vieux lecteur que je suis aurait bien aimé avoir une ou deux notes de bas de case.

L’aventure se résout en trois chapitres, ce qui fait un peu court pour un méchant qui a été mythifié par un épisode de flash-back dessiné par Byrne, puis par deux formidables sagas dans New Mutants puis à la fin de la première période Claremont sur Uncanny X-Men. Mais à force, les grands super-vilains, c’est comme le savon, plus on les utilise et plus ils rapetissent. Là, le Shadow King est réduit à la fonction d’entité maléfique voulant contrôler ses pantins. Les trois épisodes sont bien, dynamiques, rapides, enlevés, et Claremont continue à explorer ses personnages périphériques, comme Bloody Bess ou Ziggy, mais l’aventure n’a pas l’ampleur des apparitions précédentes.

Mais c’est pas bien grave : ça bouge, c’est rapide, et Claremont trouve le temps de rédiger des scènes intéressantes sur l’après-vie, sur le rapport à la foi, ce genre de choses : son personnage est un chrétien fervent et pratiquant qui est mort puis revenu à la vie. Cette confirmation forcée de sa conviction aurait pu en déstabiliser plus d’un, mais le scénariste l’utilise pour en faire un moteur de son héros, conscient de ses doutes mais ayant raffermi ses choix. Joli portrait.

Allez, il me reste deux épisodes, ça sera pour ce soir.

Jim

La série est intéressante, dans l’optique d’un auteur qui trouve l’occasion de faire les choses qu’il n’a pas eu le temps, l’inspiration ou la volonté de faire quand il aurait dû, et qui se rend compte que, fatalement, ça n’a plus le même parfum. Donc c’est un mouvement de va-et-vient entre les tentatives de rattraper et la tentation de tout casser.
Malheureusement, on le sent un peu en mode mineur, surtout en matière de dialogues. Ce qui n’est pas le cas ici.

Je n’en ai aucune idée.

Jim

Dans X-Men Universe pour la première moitié. Le reste est inédit…

Ah voilà. Parce que le contenu du dernier message de Jim ne me disait rien.

Les deux derniers épisodes de la série permettent de boucler les différents fils narratifs de Claremont.

Kurt et Rico se lancent à la poursuite des esclavagistes qui ont capturé Ziggy. Ils s’allient à Bloody Bess, l’aventurière qui occupent les pensées de l’elfe bleu foncé.

Ça bastonne, ça va vite. Rico s’impose en héros, relativement autonome et contaminé par l’optimisme du héros. C’est d’ailleurs pas mal, cette dynamique entre le professeur et son élève, qui l’appelle « Professor Nightcrawler ».

Le tout dernier épisode ramène les Warwolves que les lecteurs de la première série Excalibur connaissent bien. Bon, dans mon souvenir, ils prenaient plus de place que ça dans la série, comme quoi, une relecture n’est jamais de trop pour remettre les souvenirs en place.

Et malgré la densité du récit et le grand nombre de péripéties, Claremont ne donne pas l’impression de devoir accélérer au dernier moment. Au contraire, il trouve la place pour quelques scènes de décompression à la fin. C’est plutôt bien maîtrisé, et ça conclut de manière agréable une série qui se veut souriante et lumineuse. C’est toujours bon à prendre.

Jim