Thriller
Long métrage américain
Réalisé par Sam Peckinpah
Scénarisé par Alan Sharp et Ian Masters, d’après le roman de Robert Ludlum
Avec Rutger Hauer, John Hurt, Meg Foster, Craig T. Nelson, Chris Sarandon, Dennis Hopper, Burt Lancaster…
Titre original : The Osterman Weekend
Année de production : 1983
Osterman Week-End est le dernier film de la carrière de Sam Peckinpah (La Horde Sauvage, Les Chiens de Paille…). Sa réalisation précédente pour le grand écran remontait à 1978 (Le Convoi) et au début des années 80, il n’avait mis en boîte que deux clips pour Julian Lennon. Si Le Convoi reste avec Guet-Apens l’un des plus gros succès au box-office de Peckinpah, les studios ne voulaient plus tourner avec lui à cause de son caractère ingérable et ses problèmes réguliers de drogue et d’alcool. Les rares projets de Peckinpah n’aboutissent pas et il ne retrouve les plateaux de cinéma que pour donner un coup de main à la seconde équipe de La Flambeuse de Las Vegas, le dernier film de son ami Don Siegel.
En 1982, Sam Peckinpah est très malade, miné par ses excès. Mais son agent parvient à le placer sur le projet Osterman Week-end, d’après un roman d’espionnage de Robert Ludlum (que Peckinpah a détesté). Le réalisateur a un contrôle limité sur la production…il ne peut pas par exemple retravailler le scénario ou choisir les acteurs, il peut juste engager un de ses collaborateurs réguliers à la photographie…et il n’aura de toute façon pas le final cut, ce qui lui est souvent arrivé…
John Tanner (charismatique Rutger Hauer) est journaliste, présentateur d’une émission qui s’attaque aux personnalités politiques et militaires éminentes. Un jour, il est abordé par Lawrence Fassett (John Hurt se régale à jouer un être particulièrement ambigu), un agent de la C.I.A. qui lui prouve image à l’appui que ses trois amis les plus proches, avec lesquels il se réunit régulièrement pour des week-ends de détente, sont des agents à la solde des russes. Fassett demande à Tanner de l’aider à retourner ces espions lors de l’un de ces fameux week-ends. Mais bien entendu, les apparences seront trompeuses…
Osterman Week-end n’a pas vraiment eu bonne presse à sa sortie et il est souvent classé parmi les plus mauvais longs métrages de Peckinpah. Et on est en effet loin des sommets du réalisateur. S’il sait instaurer une atmosphère paranoïaque, l’intrigue est confuse et je n’ai pas été franchement convaincu par le principal rebondissement du dernier acte. La solide distribution (en plus de Rutger Hauer et John Hurt, il y a Meg Foster et son troublant regard, Craig T. Nelson, Chris Sarandon, Dennis Hopper et le vétéran Burt Lancaster) peine à donner de la substance à un ensemble bancal…
Mais même si je trouve qu’Osterman Week-end n’est pas vraiment un bon film, il y a des éléments intéressants qui surnagent, tels les thèmes du détournement et de la manipulation, le pouvoir des images et le sens qu’on leur donne. Les écrans prennent une place très importante dans l’histoire, dès la première scène (un couple fait l’amour et la femme est ensuite assassinée sur commande, créant d’emblée le malaise) et ce jusqu’au dernier plan dans un studio de télévision. Peckinpah retrouve aussi une certaine nervosité dans les quelques scènes d’action qui opposent technologie et armes plus « vieil ouest » comme l’arc de la femme de Tanner…
Osterman Week-end fut un échec. Quelques mois plus tard, Sam Peckinpah a été approché par Stephen King qui lui a proposé un scénario original, le western fantastique The Shotgunners. Mais alors qu’il travaillait sur le projet, Peckinpah décède des suites d’une embolie pulmonaire à l’âge de 59 ans (The Shotgunners ne se fera pas et King s’en est servi de base pour son roman Les Régulateurs).