OVNIS NAZIS - GÉNÉALOGIE D'UN MYTHE COMPLOTISTE (Antonio Dominguez Leiva)

Oui, hein.

Tori.

Michel Jonaz’, c’est sympa quand même :stuck_out_tongue:

:wink:

Trêve de plaisanterie, le bouquin est très chouette. C’est une vaste généalogie (exercice auquel Antonio Dominguez Leiva semble prendre plaisir à se prêter, il refait le coup sur le bouquin qu’il consacre aux clowns) des textes et entretiens de tous genres à la croisée de l’ufologie et du révisionnisme. Les motivations selon les époques sont multiples, de la hantise de la défaite nourrissant un sentiment revanchard chez plein d’Allemands, souvent exilés, jusqu’à un certain révisionnisme présent dans des textes de science-fiction uchroniques (présentant les bases secrètes construites par les Nazis en Antarctique où travaillent des esclaves, dont certains sont des déportés de camps de concentration qui travaillaient déjà sur des prototypes de soucoupes volantes : manière fictionnelle de nier le génocide et l’Holocauste). L’auteur trace une chronologie allant de 1947 aux années 2000 et montre comment la toile n’a fait qu’amplifier les hybridation entre l’appétence pour le régime nazi et les théories ésotériques et complotistes (en gros, comment les soucoupes volantes nazies et la Terre Creuse s’assemblent, ce qui est loin d’être contre-nature, ceux qui connaissent Bulwer-Lytton le savent) dans un salmigondis qu’il qualifie de « conspiranoïaque », terme que je trouve assez éloquent.
Le bouquin fait effectivement 88 pages (multiple de 8 mais pas de 16), ce qui est effectivement ironique (de quoi alimenter les complotistes qui voient des symboles dans toutes les coïncidences). Mais justement, on aurait bien aimé qu’il fût un peu plus long, afin de creuser un peu les rapports avec l’ufologie, qui représente une paranoïa plus inoffensive, celle de la méfiance envers l’autorité. Mais tel qu’il est, le livre est une clé sympathique vers d’autres choses et surtout un concentré de références mises en contexte historique.

Pour intéressant qu’il soit, le bouquin n’est pas exempt de coquilles et d’enrichissements, notamment italiques, un peu bordélique, ce qui laisse un sentiment de relecture réalisée à la va-vite. Défaut qu’on peut retrouver dans d’autres titres de la collection, mais ici, c’est quand même un peu appuyé.

Jim

Et donc la réponse à la question bassement matériel ?

Neuf.

Jim

Arf… complot !

T’en achètes trois, tu les retournes et tu les disposes à l’envers, et les prix composent le Chiffre de la Bête.

Jim

Non, mais neuf euros pour du neuf. Y a pas de coïncidences !

Et puis, trois fois trois, neuf.
Hein ? Hein ?
Et puis six fois trois, dix-huit. C’est-à-dire un plus huit. Donc neuf.
Hein ? Hein ?

Jim

Et OVNI, c’est presque OVI, donc presque un œuf.
Et un œuf, ben c’est presque un neuf.

Tori.

Evidemment ! Munaro nous l’avait déjà dit !

J’y ai pensé, en plus…

Tori.

La part occulte est occultée. Dur de définir l’adversaire quand quasiment personne n’en comprends la nature. J’ai de quoi prévaloir moi même à un cursus dans l’école pour jeunes surdoués du professeur Xavier. Donc d’expérience je sais qu’on est pas en face d’un truc qui s’explique avec la sociologie, l’Histoire, etc. Des générations fouillant l’outre monde Peut être qu’ils sont tombés sur quelque chose ?

Occulte comme dans « sciences occultes » ?
Je ne crois pas. Rien qu’Indiana Jones se construit sur ça.

C’est le mur sur lequel se heurtent toutes les tentatives d’explication.
Primo Levi en parle (et Eco aussi, dans une moindre mesure), en soulevant le paradoxe de ce régime qui a poussé la rationalisation (dont l’une des expressions est la bureaucratie) à l’extrême pour faire tourner une machine qui fonctionne sur de l’irrationnel. Le mouvement perpétuel, le cercle vicieux parfait.

Jim

ils ont fait une messe noire à ma naissance et à celles de pas mal de gamins et d’expérience ça donne des trucs comme avoir des râles gutturaux dans sa tête en s’endormant etc…

… ou lire des comics.
Ce genre de choses.
:wink:

Jim

Et c’est ça de dormir 6 ans au-dessus d’un juke box ?

Tu pourrais nous en dire plus ?

J’imagine que sur certains aspects, Blaze j pourra t’en dire davantage que moi, et sans doute mieux.

Au-delà de ça, il me semble évident que le nazisme, par son importance historique, le trauma qu’il représente mais aussi son esthétique, a infusé partout dans la société. Visuellement, le nazisme est partout (dans la science-fiction, le film d’aventure, la bande dessinée…), donnant naissance à un imaginaire facilement reconnaissable, même quand ça s’éloigne de la réalité historique (l’Empire dans Star Wars, la corporation capitaliste dans Robocop ou l’armée dans Starship Troopers, sont clairement des déclinaisons faites pour être comprises comme déclinaisons du nazisme).
Là, j’orienterais vers Umberto Eco, qui explique comment Reconnaître le fascisme mais aussi détaille en quoi le nazisme a pris une place dans l’imaginaire bien plus grande que les autres formes de fascisme (par exemple, quand on dit « fascisme », tout le monde visualise des nazis… mais pourquoi on ne visualise pas des chemises noires mussoliniennes ?). Lecture intéressante qui donne différentes pistes pour reconnaître le fascisme, ce qui conduit tristement à voir que le capitalisme partage pas mal de traits.
Après, le nazisme, en tant que société à l’idéal hygiéniste, a infusé dans la culture occidentale de manière troublante : c’est le premier régime à avoir dénoncé (et combattu) les méfaits du tabac, par exemple, ou à avoir listé le brossage des dents parmi les conseils d’hygiène des enfants. Je trouve ça intéressant. Plus intéressant encore, la généalogie du management, très bien détaillé par Johann Chapoutot dans Libres d’obéir, qui démontre que la manière de gérer les entreprises a une ascendance discutable. Et je pourrais aussi évoquer Fanta, le soda des nazis, Volkswagen (l’histoire de la Coccinelle ou du Combi est intéressante : la « voiture du peuple » rêvée par le régime, qui devient le symbole de la liberté hippie dans un jeu de résonances assez troublantes), Hugo Boss…

Jim

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Et je lis ce texte en buvant un…Fanta.