[quote=« Jim Lainé »]
[quote=« artemus dada »]
Oui, mais pour ma part je vois ça complètement différemment, le film s’intitule Pacific Rim[/quote]
c’est-à-dire le « littoral du Pacifique », autrement dit comme on le voit dans le film on ne parle pas que du Japon ni des Japonais.
En outre Mako Mori n’a pas un rôle négligeable, bien au contraire et la fin est une victoire collective pas celle d’un seul personnage.
Inverser les rôles entre la Japonaise et l’Américain, en mettant l’Américain dans la nacelle de secours et la Japonaise aux commandes (qui aurait ainsi terminé son « voyage du héros » en reconquérant le territoire perdu lors de son traumatisme) n’aurait absolument rien changé au caractère collectif de la victoire.
Caractère collectif que je perçois d’ailleurs assez peu dans le film : les Russes sont caricaturés, les Chinois sont réduits à un cliché, les tensions affichés ne sont qu’entre blancs… L’alliance des nations est présentée comme une solution désespérée que les pays acceptent à reculons et à laquelle ils renoncent quand les choses tournent mal, préférant se murer dans leurs certitudes nationalistes. Au contraire, le collectif me semble assez absent, le film présentant surtout un concours d’ego entre individus qui « la jouent perso », pour reprendre le vocabulaire sportif. La seule pulsion de collectif passe par la séquence obligé de discours militaire (un peu détournée par l’ironie de Del Toro, je le concède) et par la description du fonctionnement mental des kaijus (et là, c’est un collectif cauchemardesque).
Par ailleurs, et justement, j’aurais trouvé intéressant que la technologie de partage des pensées qui permet d’animer les jaegers soit utilisée pour solidariser les derniers robots (ce qui aurait donné une dimension intéressante à cette technologie, qui aurait repoussé ses propres limites et se montrant en perpétuelle innovation, comme toute technologie, quoi). Là, on aurait enfin eu une opposition entre le collectif cauchemardesque de l’esprit de ruche des monstres et un collectif né du travail d’équipe et menant à une communauté d’esprit où les participants échangent sensations et sentiments (ça aurait dramatisé la fin, créant un parallèle avec le traumatisme initial et une structure où les combattants trouvent dans l’absence des autres une force, plus qu’une source de désespoir).
Au contraire, que voit-on ? Un concours de quéquette entre l’Américain et l’Australien, une course d’egos surdimensionnés, la mise en avant de deux individus dont le but est s’afficher comme sortant du lot. On retombe dans la logique de l’homme seul (et de l’homme providentiel) chère au cinéma américain, où le salut est dû à un mec (et son premier rival) qui pense être le nombril du monde.
Alors qu’il soit bien clair que j’ai beaucoup aimé le film. Que je le reverrai avec plaisir. Que je trouve les images splendides, le montage percutant, le rendu du gigantisme convaincant. Mais je trouve que, quitte à prendre deux genres endémiques au Japon, la logique ne va pas jusqu’au bout. Et que le film (et son final surtout) est formaté pour flatter le public américain.
De là, je me demande (car je ne sais rien des détails de l’écriture, des changements éventuels concernant le scénario, des pressions possibles de la production, et j’en suis réduit aux spéculations et aux questions… j’ai un bouquin sur le film, faudrait que je le lise en détails…) si la production n’est pas intervenue pour donner un tour plus consensuel, et plus rassurant pour leur public premier, à ce film. Mais là encore, je n’en sais rien, c’est pure questionnement de ma part).
Jim[/quote]
je l’ai déjà dit plus en amont du topic, mais j’ai exactement les mêmes impressions que Jim. en tout point !