Moi c’est tout le contraire, pour l’instant je n’ai pas encore vu de film de Del Toro dont je puisse dire que je n’ai pas aimé.
[quote=« Le Doc »]Guillermo Del Toro dévoilera le contenu des carnets de croquis contenant tous les travaux préparatoires de ses nombreux projets dans le livre Guillermo del Toro Cabinet of Curiosities: My Notebooks, Collections, and Other Obsessions, dont la sortie est prévue pour le 29 octobre 2013.
Morceaux choisis :
At the Mountains of Madness
http://img208.imageshack.us/img208/7995/5es5.jpg
http://img826.imageshack.us/img826/1226/5flt.jpg
http://img855.imageshack.us/img855/8184/10sj.jpg
http://img854.imageshack.us/img854/153/ybxw.jpg
Pacific Rim
http://img21.imageshack.us/img21/6479/8okx.jpg
http://img690.imageshack.us/img690/6415/u6w9.jpg[/quote]
La version française de cet ouvrage, Guillermo Del Toro - Cabinet de Curiosités, est prévue pour le 8 novembre chez Huginn & Munnin.
[quote=« artemus dada »]
Moi c’est tout le contraire, pour l’instant je n’ai pas encore vu de film de Del Toro dont je puisse dire que je n’ai pas aimé.[/quote]
Eh bien Pacific Rim ne me démentira pas, excellent film à tout les points de vue.
Encore une belle réussite de Del Toro, en tout cas tout à fait dans mes goûts.
J’ai étoffé un peu mon propos dans un petit billet sur le film.
Si jamais ça vous tente c’est par ici.
Qu’entends-tu par « avant-gardes molles apoplectiques » ?
J’aurais bien quelques réserves sur cette vision de la politique des auteurs (je serais plutôt d’accord globalement, étant donné que cette « politique » a donné naissance au pire du cinéma « publicitaire », mais il faudrait nuancer un peu quant à la reconnaissance légitime de quelques auteurs, dont ceux de pas mal de séries B…), mais je m’en voudrais de lancer un nouveau HS big size.
Moi pas.
Jim
[quote=« Photonik »]
J’aurais bien quelques réserves sur cette vision de la politique des auteurs (je serais plutôt d’accord globalement, étant donné que cette « politique » a donné naissance au pire du cinéma « publicitaire », mais il faudrait nuancer un peu quant à la reconnaissance légitime de quelques auteurs, dont ceux de pas mal de séries B…)[/quote]
C’est Manchette, aussi, quelqu’un qui n’était pas réputé pour choisir des formulations passe-partout. Après, je connais fort mal la Nouvelle Vague (qui me semble la cible de ses propos), mais il me semble tout de même clair que la Nouvelle Vague s’est ingéniée à créer les conditions de croissance et de développement de la Nouvelle Vague.
Jim
Alors sur l’histoire de la politique des auteurs, ce n’est pas tant la Nouvelle Vague que les « Cahiers du Cinéma ».
Une bande de critiques issue du magazine, à savoir Godard, Truffaut, Chabrol, Rivette, Rohmer principalement, a développé cette notion, mais c’est en partie une récupération d’idées présentées bien avant eux (et notamment par leur père spirituel, André Bazin). Ils ont ainsi définitivement adoubé des artistes « établis » (tout est relatif, le cinéma n’est pas considéré si sérieusement à l’époque) comme Hitchcock ou Hawks, mais surtout (et je dis que c’est en ça que leur démarche était indispensable, à cette époque entendons-nous) mis en lumière le talent ou le génie de modestes artisans de séries B comme Edgar Ulmer ou William Wellman…
Ou encore défendu bec et ongles les derniers films de Lang comme les plus aboutis, contre ses films « monumentaux » des années 20.
La Nouvelle Vague dépasse de loin cette bande des Cahiers ; on peut dire que la retombée de la « politique des auteurs » leur a profité à tous, mais je ne crois pas que ce soit si calculé que ça.
Il est soutenable aussi de penser que la Nouvelle Vague (via cette bande, encore) a bien créé les conditions de sa propre croissance, en effet, mais dans un foisonnement théorique qui s’est avéré rétrospectivement passionnant (même si daté par certains aspects) et donc finalement dépassant le cadre de la promotion de quelques cinéastes.
Certains textes de l’époque sont encore à considérer sérieusement (Jacques Rivette et le fameux travelling de « Kapo »).
Force est de reconnaître que les Cahiers du Cinéma ont cristallisé quelque chose, en fédérant une pensée critique (foisonnante et passionnante, je n’en doute pas). Et l’émergence d’une génération entière de cinéastes qui s’en reconnaissent (dans une sorte de front militant) n’est pas anodine.
Personnellement, j’ai du mal à séparer la Nouvelle Vague des Cahiers. Bien marquer la différence, c’est sans doute important, mais il me semble que l’un ne va pas sans l’autre.
(Purée, je me mets à parler de la Nouvelle Vague qui, pourtant, dans sa vaste majorité, m’enquiquinent au plus haut point.)
(Que m’arrive-t-il ?)
(Allô, docteur ?)
Jim
[quote=« Photonik »]Qu’entends-tu par « avant-gardes molles apoplectiques » ?
…][/quote]
Ce que j’entends par là est à la fois simple et complexe dans ce sens que cette citation reflète (au-delà de ce qu’elle pourrait vouloir dire) le travail que j’effectue lorsque je rédige un billet (ou un article) sur mon blog.
Dans un premier temps je soigne le fond, c’est-à-dire que je fais des recherches sur le sujet dont je vais parler (faits, entretiens, dates, définition etc…), c’est le « fond » ; ensuite j’essaie de donner une « forme » au « fond » et cette forme doit jouer sur le fond : j’utilise des images particulières, des citations mises en exergues, des définitions etc…, je travaille le style, et j’essaie d’avoir le sens de la formule.
Dans le cas de del Toro cela fait encore plus sens puisque c’est un cinéaste qui utilise toujours beaucoup d’influences et qu’il n’est jamais avare pour les citer.
Ceci étant dit cela rejoint aussi une partie de mon travail dans lequel j’utilise toujours des citations et où je procède disons par collage : par exemple lorsque j’écrit « …] des forges hollywoodiennes pour accoucher d’une esthétique de la fusion …] », l’esthétique de la fusion dont il est ici question est une expression inventée par Francis Valéry (écrivain, essayiste et critique de SF entre autres) dans les années 90 pour qualifier cette littérature qui fusionne, qui mélange les Genres dits populaires (et qui est par ailleurs la littérature que je préfère).
Et cette esthétique de la fusion est aussi une belle description du cinéma de Guillermo del Toro. Donc référence au travail de del Toro, référence aux Genres, référence à la SF. J’y ai ajouté les forges hollywoodiennes parce que j’aime bien cette image qui en plus colle avec l’idée de fusion. Les forges en outre font également échos au jaegers du film.
Donc le fond & la forme. (un peu, et assez modestement pour ma part à la manière de Guy Debord dans La société du spectacle
)
J’ai hésité par exemple à utiliser le terme « postmoderne » dans l’acceptation que lui donne Hiroki Azuma au sujet du travail des mangakas actuels (ou du moins une partie d’entre eux) à savoir que leur culture est une base de données où s’entassent de multiples fragments : personnages, accessoires, situations, dans laquelle ils puisent pour créer des œuvres par collage ; ce que fait aussi par ailleurs Guillermo del Toro d’une certaine manière. Même si Azuma le dit en mauvaise part pour les* mangakas* en déplorant le manque d’imagination et de personnalité de ce qui résulte de cette manière de travailler.
Tout le contraire de ce que je pense du travail de del Toro.
Du reste l’utilisation de ce postmodernisme en particulier (c’est-à-dire « japonais ») tombait en résonance avec l’utilisation de la culture japonaise par le cinéaste Mexicain.
Mais finalement j’ai opté pour une autre approche.
Toutefois ma volonté était de faire un billet qui serait aussi le reflet du travail du cinéaste et de ces mangakas : une oeuvre de collage.
Pour en revenir à la citation « …] les avant-gardes molles apoplectiques …] », ça vient en partie de Michel Houellebecq qui a écrit dans son essai sur Howard P. Lovecraft (n’oublions pas que je pense que les kaijus sont lovecraftiens) : « Le XXe siècle restera peut-être comme un âge d’or de la littérature épique et fantastique, une fois que se seront dissipées les brumes morbides des avant-gardes-molles. ».
Les avant-gardes il en a été question avec Truffaut (donc symétrie), cet extrait est en rapport avec Lovecraft (tout comme les kaijus), la littérature épique rappelle pour moi le cinéma épique de del Toro ; j’ai donc extrait « avant-gardes molles » et j’ai ajouté apoplectique car le cinéma de Guillermo del Toro est loin de manquer de vitalité dramatique.
Donc les avant-gardes molles ne visent pas quelqu’un en particulier (même si j’ai une ou deux idées sur certains cinéastes actuels qui font selon moi un cinéma de Genre apoplectique).
Bon j’espère ne pas avoir était trop digressif.
[quote=« Jim Lainé »]
Personnellement, j’ai du mal à séparer la Nouvelle Vague des Cahiers. (…) il me semble que l’un ne va pas sans l’autre.
Jim[/quote]
Tu as quand même raison à 95 %, hein. C’est très vrai déjà présenté comme ça. Mais il y a quelques petites précisions à apporter, comme le fait que certains cinéastes Nouvelle Vague était plutôt défendu par « Positif », le grand rival des « Cahiers », même sur le plan politique (et étant posé que les « Cahiers » eux-mêmes étaient fracturés en interne sur ce plan, entre Rivette de gauche et Rohmer proche de l’extrême-droite par exemple).
Disons qu’on ne comprend pas grand chose à la Nouvelle Vague si on ne voit pas ce mouvement essentiellement d’un point de vue quantitatif : c’est avant tout quelques dizaines de cinéastes (plutôt jeunes) qui ont fait irruption sur la scène jusque là tenue par quelques vieux briscards en même temps (c’est Truffaut qui le présente ainsi).
Et en effet, il y a peu de rapports entre les films d’un Godard et d’un Truffaut (que je n’aime pas) par exemple…
Aux allergiques à la Nouvelle Vague, je conseille souvent la « Week-end » de Godard, surprenant de simplicité, d’innovations techniques (l’usage du son et le fameux « travelling le plus long du monde »), à la charge sociale « georges romero-esque » et au final assez proche d’un film d’horreur. Tout sauf chiant.
Artie, merci pour tes précision éclairantes.
J’avais lu il y a maintenant fort longtemps l’essai de Houellebecq sur Lovecraft (très abouti quoique court, je crois me rappeler), mais cette citation m’était sortie de la tête (sur la littérature au 20ème siècle je veux dire). Et ça me semble pas mal vu…
Dommage que Houellebecq soit devenu le parangon de ce qu’il dénonçait à l’époque, mais c’est une autre histoire.
Bon ben moi on ne peut pas dire que j’ai été vraiment emballé. En plus, j’ai trouvé le film trop long. C’est assez rare dans ce genre.
Ca démarrait plutôt bien, parce que le début du film pose bien les bases, on a une belle scène d’introduction, on nous explique tout bien, c’est nickel.
Mais il me faut plus que de belles images pour apprécier un film comme il me faut plus que de belles images pour apprécier un jeu.
Ce film est ultra-balisé, rempli de clichés, de choses vues un million de fois : le rival, le héros qui se la joue Rambo à la retraite, les phrases de militaire (« il vaut mieux mourir debout dans un mecha que sur un mur », pitié ^^), les sacrifiables, etc, etc. Del Toro ne nous a rien épargné, on voit tout arriver de très loin, et ça en devient donc ennuyeux. Et puis les scientifiques, c’est la palme, quoi. C’est un condensé du bout de PQ qu’on fournit avec le diplôme de scénariste?
OK, c’est bien filmé, il y a de bonnes grosses bastons, mais non, à aucun moment je me suis senti impliqué dans le film, à aucun moment j’ai eu peur pour le héros, à aucun moment, je me suis dit, « il va y avoir un rebondissement imprévu », pour relancer l’intérêt. Je crois bien d’ailleurs que je me suis assoupi quelques instants sur la fin.
Je ne boude pas mon plaisir pour un bon film d’action bourrin où tu poses ton cerveau à l’entrée, hein, j’aime bien Expandables, c’est dire, mais là, non, la sauce n’a pas pris.
NB: c’est marrant, moi aussi j’ai pensé à l’Homme Collectif.
Alors je ne veux pas me faire l’émissaire de Del toro, mais je crois, Vik, que ces éléments négatifs, sont une volonté de l’auteur. Je dis ça parce que je suis allé voir le film avec des gros amateurs de Kaiju (je suis un néophyte) et qu’on en a parlé après. Et d’après eux, ces clichés sont des poncifs du genre, le duo de scientifiques insupportables, les héros, les rivaux, le chef d’équipe, les retournements à deux balles, tous ces trucs… Del toro a cherché à rendre un hommage direct à ces films de monstre et ces histoires de robots géant, sans trop trahir l’esprit.
En matière de détails scientifiques, Del toro se fout ouvertement de notre gueule. Je veux dire, même moi qui suis une quiche en science, j’ai immédiatement capté que les mecs disaient de la daube du début à la fin. Le top étant quand même quand le type explique le cycle de récurrence des monstres avec 4 tableaux de calculs, tout ça pour expliquer que les apparitions double en deux fois moins de temps… Mais le résultat, c’est que ça me fait marrer, parce que, au même titre que l’apparition de l’épée qui veut rien dire, c’est une blague. A ce niveau là, on est pas dans la faiblesse scénaristique, on est dans le clin d’œil appuyé.
Après on adhère ou pas. Je sais que moi je n’ai pas boudé mon plaisir. J’attends d’ailleurs l’édition Bluray avec impatience.
Merci de tes précisions, effectivement, cela change l’angle de vue d’appréciation.
Avec des symboles qui ne veulent rien dire. Mais ça à la limite,ça me passe par-dessus l’épaule, c’est comme l’informatique, on fait plein de trucs magiques avec et n’importe comment. Ca me fait souvent tiquer, mais bon.
Mais ça n’empêche que j’ai trouvé le tout assez ennuyeux tout de même.
Ces clichés, on les vois quand même beaucoup ailleurs, aussi (je pensais même qu’ils étaient assez généralistes comme clichés) ! C’est vraiment que dans les Kaiju ?
Il y a même un petit passage où l’on parle de la désobéissance du soldat, j’ai cru voir Hal Jordan
Là, tu nous intéresses, coco !
Jim
PS : bon, pour ma part, je suis toujours un peu mal à l’aise avec la notion de post-moderne. Je ne sais jamais trop ce que ça recouvre. J’ai bien conscience qu’il s’agit d’une approche qui prend en considération une perspective historique du média où il s’inscrit, dans une approche où la citation est un outil parmi d’autres. Le collage y est un outil également. De même, le corpus devient le sujet du corpus. Une approche contemporaine s’appuierait sur le passé, une approche moderne serait en rupture avec le passé, et une approche post-moderne s’appuierait sur le matériau contemporain. Du moins, c’est un peu cela que je comprends. Mais je confesse que j’ai un peu de mal à distinguer, dès lors, ce qui est post-moderne de ce qui ne l’est pas…
Là, tu nous intéresses, coco !
Jim
[/quote]
Je te vois venir, mon bon Jim, je te vois venir…
Pour la notion de post-modernisme, c’est pareil de mon côté ; j’en ai bien entendu quatre ou cinq définitions différentes (entre autres : tout se vaut et on ne fait plus de hiérarchie entre cultures « haute » et « basse »). Elles tournent toutes autour du même pot, mais ne sont pas franchement compatibles non plus.
Celle que je retiens, c’est celle qui stipule que les auteurs modernes s’appuient sur un pool de références qui appartiennent au corpus classique (genre Godard qui utilise « L’Odyssée » d’Homère dans « Le Mépris ») et les auteurs psot-modernes d’appuie sur le corpus moderne (genre Ferreri qui s’appuie pour « Dillinger est mort » sur « Le Mépris » justement).
Mais tout ça demeure assez flou pour moi malgré tout…
[quote=« soyouz »]
Ces clichés, on les vois quand même beaucoup ailleurs, aussi (je pensais même qu’ils étaient assez généralistes comme clichés) ! C’est vraiment que dans les Kaiju ?[/quote]
Non non j’ai jamais dis que c’était restreint à ce genre. Et comme je l’ai expliqué, je ne suis pas un grand spécialiste du genre. Mais il semblerait que ce soit des récurrences dans le genre. Et le peu que j’ai vu confirme ces propos.