PAPRIKA (Satoshi Kon)

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REALISATEUR

Satoshi Kon

SCENARISTES

Satoshi Kon et Seishi Minakami, d’après le roman de Yasutaka Tsutsui

INFOS

Long métrage japonais
Genre : animation/fantastique
Titre original : Papurika
Année de production : 2006

Paprika est le quatrième et dernier long métrage du japonais Satoshi Kon, qui nous a quittés prématurément en 2010 à l’âge de 46 ans. Sur ses trois autres opus, je n’ai vu que le premier, Perfect Blue, et on retrouve ici des thèmes identiques, l’exploration du psychisme de l’être humain, des relations sociales conflictuelles, combat intérieur qui prend une autre dimension quand les frontières entre réel et irréel se mêlent pour mieux se brouiller. Mais là où Perfect Blue se présentait sous la forme d’un thriller horrifique, Paprika questionne l’inconscient de ses personnages sous le prisme de la science-fiction.

Dans un futur proche, un nouveau traitement psychothérapique est l’objet de nombreuses convoitises. Le DC Mini permet de rentrer littéralement dans les rêves des patients, pour les analyser et mieux comprendre leurs traumatismes. Mais les DC Mini, toujours à l’état de prototypes, sont volées et leur usage détourné pour contrôler les gens par l’intermédiaire du monde onirique…

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Les premières minutes donnent bien le ton. La scène d’ouverture nous plonge dans les cauchemars d’un commissaire de police, Konakawa, hanté par des scènes de son passé…une sorte de kaléïdoscope chaotique pétri de multiples références qui prendra tout son sens au fur et à mesure de son enquête dans les méandres de sa psyché. On apprend alors que Konakawa est aidé dans sa tâche par une jeune femme, Paprika, dont la véritable nature sera révélée dans un ébouriffant générique.

Ces admirables minutes rythmées par la musique de Susuma Hirasawa bousculent toutes les barrières de ce qui est perçu comme la réalité (et celle-ci vole vite en éclats dans Paprika) et préfigure les délires visuels du dernier acte. Paprika cède alors sa place à son alter-ego dans le monde réel, le docteur Chiba Atsuko, aussi réservée que la pétillante jeune femme est virevoltante. La caractérisation est intéressante et les différents protagonistes sont bien présentés (le professeur Shima, le génie Tokita à l’obésité morbide…).

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La recherche des DC Mini est marquée par des incursions de plus en plus importantes de figures oniriques dans le monde dit « normal », jouant ainsi sur les perceptions à un tel point qu’il n’est pas impossible de s’y perdre complètement. Doté d’un budget plus important que pour Perfect Blue (et cela se voit, Paprika est un régal pour les mirettes), Satoshi Kon a signé une oeuvre labyrinthique et vertigineuse, qui arrive à ne pas se perdre par abus de symbolisme.

Paprika est aussi une très belle déclaration d’amour au cinéma, d’abord par l’arc narratif du commissaire Konakawa et enfin par ce joli dernier plan, moment d’apaisement après la folie qui a précédé.

1 « J'aime »

Mon préféré de feu Satoshi Kon, ce qui n’est pas peu dire (car Kon était un des mes cinéastes préférés). Les gens qui trippent sur « Inception » seraient bien inspirés de jeter un oeil sur cette merveille, Nolan ayant eu en plus l’honnêteté de reconnaître sa dette à l’égard de « Paprika »…

Absolument, comme « Millenium Actress » du même Kon, mais différemment. J’adore quand un film se fait « pédagogiques » vis-à-vis du langage du cinéma (on peut penser à Altman par exemple, qui explique ce qu’est un plan-séquence à la faveur d’un… plan-séquence) : ici, on a l’explication la plus limpide qui soit sur ce qu’est la règle des 180 degrés par exemple.