PERFECT BLUE (Satoshi Kon)

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REALISATEUR

Satoshi Kon

SCENARISTES

Satoshi Kon et Sadayuki Murai, d’après le roman de Yoshikazu Takeuchi

INFOS

Long métrage japonais
Genre : thriller/horreur
Titre original : Pâfekuto burû
Année de production : 1997

Si on la résume grossièrement, l’idée à la base de Perfect Blue reste assez classique. Des histoires de stars harcelé(e)s par des fans psychotiques qui iront jusqu’aux pires extrémités, le genre du thriller mâtiné d’horreur n’en manque pas. Mais ce sont les apports de Satoshi Kon à l’oeuvre originale, un roman de Yoshikazu Takeuchi, qui ont conféré à Perfect Blue son statut d’oeuvre incontournable.

Le regretté Satoshi Kon a débuté en tant que mangaka en 1985 avant de devenir l’assistant de Katsuhiro Otomo sur Akira. Satoshi Kon a ensuite retrouvé son mentor sur différents projets, dont Memories en 1995. Et c’est aussi grâce à Otomo que Satoshi Kon a fait ses débuts en tant que réalisateur en 1997 avec Perfect Blue. L’adaptation du livre devait à l’origine être un film en prises de vues réelles destiné au marché de la vidéo, mais des problèmes de budget ont obligé les producteurs à choisir la solution de l’animation. Film de commande pour Kon, Perfect Blue n’a donc pas bénéficié de très gros moyens (les arrière-plans et scènes de foule statiques et peu détaillées en témoignent), mais le réalisateur a su contourner ces problèmes pour livrer un thriller intense, riche et impressionnant.

Perfect Blue aborde le sujet de la fascination pour les Idols, ces starlettes japonaises à la carrière formatée et éphémère. Mima fait partie d’un groupe très populaire, les Cham. Après un dernier concert (excellente scène d’ouverture qui démontre déjà d’intéressantes idées au niveau du montage), Mima annonce aux spectateurs qu’elle quitte les Cham pour se consacrer à une carrière d’actrice. Une nouvelle qui n’est pas accueillie favorablement par tous ses fans…et particulièrement par l’un d’eux…un mystérieux harceleur qui pousse le rapprochement avec la jeune femme qui occupe toutes ses pensées un peu trop loin…

En tant que thriller, Perfect Blue est une réussite. Le suspense est prenant, les rebondissements bien orchestrés et les scènes-chocs gores et redoutablement efficaces. La réflexion sur le point de vue des fans sur leur star est également bien pensée. Ceux-ci peuvent, on le sait, se montrer particulièrement cruels dans leur représentation subjective de la personnalité de Mima, dont le parcours va alors se mêler intimement à celui de l’héroïne qu’elle incarne à l’écran.

C’est là que Perfect Blue va brouiller les pistes de manière souvent vertigineuse. Les doutes de Mima sur ses choix (le tournage d’une scène de viol très violente, les photos dénudées…) vont la conduire à une crise d’identité et à ne plus faire la différence entre le rêve et la réalité. Mais alors qui est la vraie Mima ? Satoshi Kon brouille les pistes, autant pour son héroïne que pour le spectateur pris dans un cycle cauchemardesque.

L’histoire tient en haleine jusqu’à un dernier acte marqué par une révélation qui pousse encore plus loin les frontières entre le réel et l’irréel (et quelles excellentes trouvailles visuelles pour exprimer les différents points de vue). Tout simplement brillant !

Un film génial, et encore, on avait rien vu (les films suivants de Kon, surtout « Millenium Actress » et « Paprika », sont plus accomplis encore que celui-ci). Les limitations budgétaires se ressentent au niveau d’une animation pas tip-top au regard de ce qui se faisait au Japon à la même époque, mais Satoshi Kon compense cet écueil par des idées de pur cinéma, souvent géniales (et là aussi, on avait encore rien vu…).

Les amateurs des meilleurs De Palma ou des films de Lynch les plus marqués par les ressorts d’un Hitchcock période « Vertigo » (je pense à « Lost Highway » et « Mulholland Drive ») devrait jeter un œil à ce film, modeste dans sa conception mais ambitieux sur le plan purement cinématographique : Satoshi Kon était un pur génie du découpage et du montage…

A noter que le film, dans la foulée du « Ghost In The Shell » de Mamoru Oshii, avait eu droit à une sortie salles en France, à l’époque.

Super film mais plein de détails que je ne comprend pas…

Notez que le roman ayant inspiré le film est sorti la semaine dernière chez Ynnis :

Tori.

Ouaip, je suis justement en train de lire ça…

Je le chercherai,celui-là.

J’ai pas encore assez avancé dans le bouquin mais je subodore déjà que sa lecture éclaire un brin le film de Kon, assez cryptique dans sa narration au premier abord.

Ethan Sharp :

Gerrin Tramis :

Edz Abellera Gatdula :