PARIS BRÛLE-T-IL ? (René Clément)

media

REALISATEUR

René Clément

SCENARISTES

Gore Vidal et Francis Ford Coppola (avec les participations de Jean Aurenche, Pierre Bost et Claude Brulé), d’après le livre de Dominique Lapierre et Larry Collins

DISTRIBUTION

Jean-Paul Belmondo, Charles Boyer, Jean-Pierre Cassel, Bruno Cremer, Alain Delon, Kirk Douglas, Glenn Ford, Gert Fröbe, Orson Welles, Daniel Gélin, Pierre Vaneck, Yves Montand, Anthony Perkins, Michel Piccoli, Robert Stack, Claude Rich, Simone Signoret…

INFOS

Long métrage français/américain
Genre : guerre
Année de production : 1966

Que l’on touche à la liberté
Et Paris se met en colère
Et Paris commence à gronder
Et le lendemain, c’est la guerre

Pour tenter de renouveler le succès du Jour le plus long, le producteur américain Darryl F. Zanuck a voulu monter un projet autour de la libération de Paris en se basant sur les mémoires du général Von Choltitz, qui fut le commandant en chef de la Wehrmacht à qui Adolf Hitler ordonna de détruire une partie de la capitale pendant les derniers jours de l’Occupation. Cela n’a pas pu se faire et c’est finalement Paul Graetz, un producteur américain d’origine allemande, qui a convaincu la Paramount de financer en partie Paris brûle-t-il ?, co-production avec la France et adaptation du livre de Dominique Lapierre et Larry Collins, succès d’édition en 1964.

Le scénario a été confié à Gore Vidal (écrivain, dramaturge, essayiste, scénariste) et un jeune Francis Ford Coppola qui venait à peine de sortir de l’« école Roger Corman » (avec des contributions non créditées de Jean Aurenche, Pierre Bost et Claude Brulé). Coppola n’a d’ailleurs pas gardé un excellent souvenir de cette expérience, à cause des multiples interventions des exécutifs des studios et des demandes de Charles de Gaulle (d’après le futur réalisateur du Parrain, De Gaulle tenait par exemple à réduire le rôle du Parti Communiste dans la Libération de Paris).

Le gouvernement de l’époque ne voulait également pas que des drapeaux nazis soient déployés dans Paris. Une autre couleur a alors été utilisée, ce qui est l’une des raisons de l’emploi du N&B. L’autre étant que cela permettait d’inclure des images d’archives (seul moyen de faire apparaître De Gaulle puisqu’il n’a pas voulu qu’un acteur le personnifie sur grand écran) aux scènes reconstituées, accentuant un aspect quasi-documentaire qui ne manque pas d’intérêt dans la description des événements qui ont mené à ce jour d’août 1944.

Comme d’autres épopées historiques, Paris brûle-t-il ? n’échappe pas à quelques longueurs mais pour cette monumentale production, René Clément (La Bataille du Rail) a su entremêler les petites histoires au sein de la Grande, avec une tension qui ne cesse de monter (la deuxième moitié est plus palpitante que la première). Le récit n’oublie ainsi jamais de se placer à hauteur d’homme, avec des scènes fortes qui ne s’oublient pas après le visionnage, comme celles des jeunes résistants trahis et exécutés, celle de la déportation qui se termine sur un plan déchirant et le destin triste et ironiquement cruel de ce G.I. joué par Anthony Perkins qui meurt après avoir vu Paris.

Dans la grande tradition du genre, la distribution de Paris brûle-t-il ? est impressionnante, avec d’excellents choix (Gert Fröbe en Von Choltitz, Bruno Cremer en Rol-Tanguy, Claude Rich dans ses deux rôles…) et d’autres qui le sont un chouïa moins (je n’ai jamais trouvé Belmondo très convaincant dans le rôle d’Yvon Morandat). Pour les stars américaines, il s’agit surtout de cameos de luxe (Kirk Douglas, Glenn Ford, Robert Stack n’ont qu’une poignée de minutes de temps d’écran), à part pour les participations plus importantes d’Anthony Perkins et d’Orson Welles en consul de Suède.

Et le monde tremble
Quand Paris est en danger
Et le monde chante
Quand Paris s’est libéré

1 « J'aime »

C’t’affiche !!! :heart_eyes: :heart_eyes:

Illustrée par Michel Landi, l’un des meilleurs affichistes des années 60 à 80.

Belmondo a été imposé par Kirk Douglas comme condition à sa propre participation…
image_2021-02-07_161449

Tori.

Oui, je connaissais cette anecdote (drôle de demande puisque les deux hommes ne se sont pas rencontrés et que Kirk Douglas n’a eu qu’une journée de tournage).
Mais bon, c’est peut-être moi mais je n’ai jamais trouvé Bébel vraiment à l’aise dans ce film, comparé à Delon en Chaban-Delmas…

Je me trompe peut-être mais je crois que le film qui fera la bascule à ce sujet c’est L’armée des ombres de Melville.

Sinon à mes yeux ce film est un chef d’œuvre et notamment pour son travail d’adaptation. Parce que le livre est incroyablement dense et propose un multiplicité de point de vue qui donne le vertige. C’est vraiment à mettre au crédit des scénaristes que d’avoir fait des choix difficiles pour en retirer l’essentiel et montrer à quel point cette libération est incroyable et aurait pu virer à la destruction total de la ville très facilement.