Thriller/horreur
Long métrage américain/irlandais
Ecrit et réalisé par Francis Ford Coppola
Avec William Campbell, Luana Anders, Bart Patton, Mary Mitchell, Patrick Magee…
Année de production : 1963
Alors qu’il était encore étudiant à l’école de cinéma au début des années 60, Francis Ford Coppola a eu l’opportunité de se faire un peu d’argent en travaillant pour deux petites sociétés indépendantes spécialisées dans les nudies, ces productions fauchées dont le seul but était de montrer de la nudité, sans actes sexuels. Les deux premières réalisations de Coppola créditées font donc partie de cette catégorie mais Tonight for sure et The Bellboy and the Playgirls sont en faire des « patchworks » : le premier est un mélange de The Peeper (un des courts-métrages de Coppola) et d’un western érotique et le second est le remontage d’un film allemand auquel le futur metteur en scène du Parrain a ajouté du métrage de starlettes dénudées.
En 1962, alors âgé de 23 ans, Coppola a intégré un autre genre d’école…l’« université Roger Corman ». Pour Corman, le jeune homme multiplie les tâches, d’assistant à responsable du son et des dialogues en passant par la réalisation et le montage. Il se retrouve ainsi parmi la liste des nombreux metteurs en scène du chaotique The Terror et il transforme le film de science-fiction soviétique Nebo Zovyot en une improbable bisserie de drive-in intitulée Battle beyond the Sun.
En 1963, Francis Ford Coppola est en Irlande pour assister Roger Corman sur le film de courses automobiles Duel sur le Circuit (The Young Racers en V.O.). L’économe roi de la série B s’est rendu compte qu’il n’avait pas dépensé tout l’argent qui lui avait été alloué pour le tournage et il s’est alors dit qu’il pouvait mettre en boîte un quickie avec ces 22.000 dollars restants. Mais comme son emploi du temps était un peu trop serré, il a donné l’occasion à Francis Ford Coppola de réaliser son premier véritable long métrage, avec quelques instructions : livrer une sorte de thriller à la Psychose, avec des éléments gothiques et psychologiques et des meurtres à l’arme blanche. Pour le reste, Coppola avait carte blanche…
Sans en parler à Corman, Coppola avait réussi à obtenir 20.000 dollars supplémentaires en pré-vendant les droits de distribution européens. Avec 42.000 $ en poche et une partie de la distribution de Duel sur le Circuit restée sur place, Coppola a bouclé le tournage de Dementia 13 en neuf jours (le 13 a été ajouté pour éviter la confusion avec l’étrange Dementia de John Parker). L’intrigue tourne autour des sombres secrets d’une famille réunie dans un château en Irlande. Un séjour marqué par la tension autour de questions d’héritage et du souvenir de la mort apparemment accidentelle de la petite soeur survenue quelques années auparavant et qui hante toujours les membres du clan…
Le scénario de Dementia 13 a été écrit en à peine quelques jours et il n’est pas sans défauts, comme l’a fait remarquer l’acteur William Campbell (Koloth et Trelane dans Star Trek) qui a notamment souligné des dialogues qui « manquaient de naturel » (ce qui n’est pas faux). Mais il est resté impressionné par le talent et l’énergie du jeune Coppola qui a su se débrouiller avec des moyens aussi limités. Car si l’histoire est assez bancale (et sa résolution expéditive), Dementia 13 se distingue par son atmosphère, avec de beaux plans en N&B (celui de la tombe sous-marine est l’un des plus marquants); des moments de suspense bien ficelés et quelques rares scènes-chocs très efficaces (comme le meurtre à la hache mis en valeur par l’affiche).
Ce qui n’était pas encore assez pour Corman et il se dit que Jack Hill (lui aussi de l’aventure The Terror) a été engagé pour ajouter quelques brèves séquences, comme la décapitation du braconnier. Dementia 13 fut assez rentable pour que Coppola quitte le giron de Roger Corman. Il a ensuite co-écrit Paris brûle-t-il ? et réalisé Big Boy et La Vallée du Bonheur (pas ses films les plus connus) avant que sa carrière prenne un nouvel essor à partir des Gens de la Pluie en 1969.
