J’ai commencé à lire l’intégrale de Poison City et j’aime vraiment beaucoup.
Donc, on suit le parcours d’un jeune mangaka dont la série de zombie attire les foudres d’un Japon crispé bien décidé à tout censurer, des statues de mioches qui font pipi aux bandes dessinées. J’aime bien la description du milieu (très conciliant : les responsables éditoriaux soutiennent les auteurs, c’est même limite bizarre, presque angélique et naïf), et l’alternance entre les scènes dans le monde réel et les planches des fictions fonctionnent plutôt bien.
Il y a de chouettes scènes, comme celle de l’épouse de « maître » Matsumoto qui refuse le cadeau du héros : c’est bien tendu comme il faut. Après, sur le passage consacré à la censure en Amérique, à Wertham et au Comics Code, outre que c’est un peu rapide et que tout se mélange un brin, j’ai trouvé le chapitre assez lourd : il n’a pas la finesse d’autres séquences, et c’est en grande partie dû au fait que c’est construit quasiment en monologue, donc très magistral et détaché du récit. C’est un peu dommage.
Lecture bien parano, avec une narration très limpide et agréable. J’en suis pile à la moitié. La suite, sans doute demain.
Pas mal pas mal pas mal.
Le deuxième tome est consacré aux audiences du comité de censure. Tsutsui continue à dérouler la comparaison avec les années noires en Amérique, en citant des moments célèbres. Il fait d’autres clins d’œil (les titres des chapitres parlent aussi de censure, d’autodafé…). La tension monte, et bien sûr c’est fait avec des cris, des larmes, des portes qui claquent, avec ces explosions d’expressivité qui tranchent dans une société guindée et policée. Typiquement japonais dans la mise en scène.
Ce qui est intéressant, c’est que l’auteur envoie tous les signaux d’un retournement de situation en faveur des « gentils », des bédéastes présentés en victimes… mais qu’en fait, le rouleau compresseur de la machine gouvernementale est en marche…
Et l’auteur mène jusqu’au bout sa démonstration, avec une fin glaçante, axée sur une voix off qui est assez réussie, écrite sur le mode « changez les lieux et les dates, mais continuez l’histoire », qui clairement nous dit que ça peut nous arriver près de chez nous. entre Kafka et Orwell, cette conclusion cogne dur. Elle donne aussi, rétrospectivement, une allure terrifiante à ce qui vient de se dérouler, et qui souffre parfois de ruptures de rythme ou de tonalité (surtout dans la première moitié).
De toute la sélection de l’offre, je pense que c’est vraiment le titre qui peut le plus s’adresser aux non-lecteurs de mangas.
Et au vu de son thème, je me doutais que ça t’intéresserait… Tu vas pouvoir relire les messages plus haut, maintenant ! ~___^
Ce sont les messages plus haut qui ont attiré mon attention sur le titre, ça et le fait que quelqu’un du forum nous a dit qu’il s’est intéressé à Fredric, William et l’Amazone à cause de Poison City.
Ah, voilà, je me souvenais qu’on en avait parlé avant l’offre de Carrefour, mais je n’avais pas retrouvé où (j’avais retrouvé la discussion sur Manhole, mais je sentais bien que ce n’était pas ce que je cherchais).