Dans la continuité de French Connection, et tout en s’adaptant aux codes de l’époque, Friedkin réalise une fois de plus un des meilleurs films du genre, associant le côté sec, sans concession des 70’s, à l’esthétique 80’s, pour ce qui est certainement une de ses oeuvres les plus abouties.
Le réalisateur utilise habilement les poncifs du genre pour se les approprier, ne cherchant pas à rendre ses héros attachants, rien ni personne n’est épargné, en particulier Chance, flic accro aux sensations fortes et au danger, égoïste, manipulateur, incompétent par moments, une sorte de Popeye Doyle qui aurait mal tourné, ou un Martin Riggs plus extrême (sans mentor pour le juguler, étant donné que l’équivalent de Murtaugh se fait tuer dès le début d’une façon peu glorieuse).
Chance est impulsif et prend souvent de mauvaises décisions, à l’image de la séquence ahurissante de la poursuite (le climax du film qui se révèle être le point de non retour pour les deux protagonistes) il prend le chemin le plus risqué et cela ne peut que mal finir.
Très éloigné de l’aspect buddy movie, les flics sont prêts à tout, même à faire n’importe quoi pour assouvir leur vendetta, ne partageant rien, ne pensant qu’à eux, et ne sympathisant jamais réellement.
Pas de rédemption possible, les personnages provoquent leurs propres chutes, qu’il s’agisse de Chance ou de Masters, le faussaire professionnel machiavélique, tout aussi déterminé que son adversaire, mais beaucoup plus méticuleux et retors.
Le réalisateur joue clairement à reproduire l’imagerie de l’époque (se montrant ainsi aussi bon faussaire que le bad guy du film, à tel point que Mann lui fit un procès pour avoir plagié Miami Vice) pour mieux la détourner et montrer l’ampleur du monde criminel qui se cache dans cette ville qui semble pousser chacun des personnages vers le précipice, créant une atmosphère de chaos oppressant (auquel la BO très 80’s de Wang Chung s’accorde parfaitement) prenant vers la fin des allures de cité infernale, à l’instar de la ville sans nom de Se7en.
Tout simplement le meilleur polar de cette décennie (Thief, Manhunter et Year of the dragon n’étant pas loin derrière).