POLITIQUE & POLITIQUE

Pas que du aux « wokes », mais la conséquence de laisser les entreprises faire de la morale, in fine même le big boss peut tomber.

Ce genre de choses, ce n’est pas récent.

Tori.

Le covid peut certe tendre les positions, mais ce qui est frappant ici, c est qu il n y a plus de cause objectivement bonne.

Le consensus a sauté sur le bien et des lors toute position peut etre jugée comme une émanation du mal, et accessoirement être donc qualifiée de raciste.

C est le règne de l arbitraire, et tout le monde peut sauter, personne n est à l abris, quoiqu il ou elle dise, quoiqu il ou elle fasse.

C est la leçon que je tire de cette anecdote : le bien ne faisant plus consensus, tout devient possiblement le mal.

En cela réside la nouveauté à mes yeux

Il y a aussi que quand tu es à un poste important dans une entreprise, tu es une partie de son image… Il vaut donc mieux faire profil bas que d’avoir des opinions trop marquées.

Tori.

Mais, aujourd’hui, toute opinion n est elle pas trop marquée ?

Ca c’est ce que pensent ceux qui trainent trop sur Twitter…

C est sur que twitter est une foire d empoigne.

Y a plein d’endroits que je fais bien de ne pas fréquenter, apparemment.

Et l’endroit parfait pour exprimer une opinion complexe.

« - C’est peut-être un peu trop pointu ?
- Justement, c’est pas fait pour s’asseoir dessus. »

Jim

Hehe

Je l ai sorti dans une discussion.

J aime beaucoup.

Héhéhéhéhé
Je sais plus où j’ai entendu ça, mais j’aime aussi beaucoup.

Jim

J’ai réussi à remonter à Jean-Pierre Dufreigne, dans l’Express, le 21 octobre 1993, en réponse à une sortie de Jacques Toubon :

Pour Arte

Arte est sur Arte et nulle part ailleurs. Arte est de l’ «exception culturelle» en platine iridié. Arte déboussole intellectuels, ministres, banquiers. Et critiques. Ou plutôt chroniqueurs, puisque la télévision, n’étant ni art ni cochon, ne saurait être que commentée. Pas critiquée. Arte naquit le 28 septembre 1992 et subit d’abord les lazzi (ici aussi). L’attaque en piqué la plus féroce fut signée par Thierry Leclère, dans «Télérama» en date du 17 février dernier: «Arte mourra en restant ce qu’elle a toujours été, une chaîne faite par des intellocrates qui n’aiment pas la télé pour des téléspectateurs qui ne la regardent pas.» La rogne tenait au fait que le vendredi 29 janvier, entre 19 heures et 19 h 30, Arte avait atteint un gros 0,1% de part de marché, soit environ 50 000 personnes. Depuis, dans «Télérama», comme dans L’Express et dans l’ensemble de la presse, Arte est la chaîne la plus «sélectionnée» par les guides du téléspectateur.
Pourquoi? Le journaliste spécialisé serait-il un intellocrate débridé? Non pas. D’ailleurs l’intellocratie a conspué Arte. Parce qu’Arte ne fait pas reluire l’ego. Arte ne rend pas célèbre à Montmarault (Allier), où l’on préfère Drucker et son tout-le-monde-il-est-beau. Pour resplendir, l’intello doit s’encanailler. Ou, tout au plus, fréquenter les Rita Mitsouko. Arte, c’est le ghetto! entend-on ahaner le penseur du 3e cycle faisant des haltères avec ses essais invendus pour entretenir sa musculature. Non, monsieur l’agrégatif, Arte est une ouverture.
Un peu d’histoire. Arte, au premier soir, ce furent «Les Ailes du désir», de Wenders; suivirent «La Famille», de Scola, «Gens de Dublin», de Huston, «Dersou Ouzala», de Kurozawa. Tout cela en un mois. Plus récemment, «Les Enfants du paradis», «Le Dernier Empereur» ou «Mortelle Randonnée» (vu par 2 millions de foyers, soit 7,8% de part de marché, ce qui foudroie le record 1993 de «L’Heure de vérité», établi dimanche 10 octobre par Tapie avec 7,3%, ce qui enterre Soljenitsyne chez Pivot et ridiculise Arafat chez Cavada). Voilà pour le cinéma.
Passons aux variétés, la pire jungle du PAF, où rôde ce grand prédateur, l’Audimat venimeux. Celui qui a tué «Les Enfants du rock», déréglé «Sex Machine». Sur Arte persiste et perdure «Megamix». Non autour de minuit, mais à l’apéro. Avec Arte l’intelligence n’est plus une pollution nocturne. Quel désarroi que le talent, la cinéphilie avant 21 heures! C’est au-delà du crime, c’est la démocratie débarquant au Jockey-Club. La prolétarisation d’un privilège, la parole galvaudée au commun. Pis, Arte, c’est du raffinement même le samedi soir. Une délicatesse quand toute la télévision pue le graillon. Qu’on veuille bien pardonner le mot qui arrive, mais il est simple et net: la connerie a-t-elle, seule, le droit d’occuper nos après-dîner?
Arte, c’est ce que personne n’ose programmer en prime time, l’interdit transgressé. Exemple: l’extraordinaire documentaire (la semaine dernière) sur Frau Leni Riefensthal, ex-Führerin du cinéma nazi, reconvertie depuis dans le chant de la beauté non aryenne des Nouba, des Nubiens, des Masaï et recyclée plongeuse dans l’océan Indien. Qui s’est accroché à ce portrait vache, beau, vrai n’a pas zappé pendant trois heures.
Arte, certes, a ses défenseurs. Haut placés. Jusqu’au cohabitable et courtois Premier ministre, au langage sensé, pesé, mesuré, poncé (pilaté?), M. Balladur, qui a naguère déclaré: «Certains soirs, Arte peut correspondre assez bien à ce qu’on peut souhaiter être une télévision de service public.» Sa Consensuelle Prudence enfilait des gants, sans aucun risque de s’écorcher ni de se salir les mains, pourtant les mots étaient dits, même s’ils se gravaient non pas dans l’airain, mais, comme un célèbre museau de chat, dans du savon de Marseille. Alors, on pensa qu’Arte échapperait à la grande lessive. A la valse des chaises musicales chère aux duettistes Toubon & Carignon. Que M. Lang, atteint de malrauxite aiguë, ayant appelé les sociopatriotes à «prendre les armes» pro Arte, à organiser un maquis dans la forêt des colonnes de Buren, où s’élève encore son ancien palais, que M. Lang, donc, pourrait languer de Blois en paix. Hélas! la commission des Finances vient de proposer un amendement diminuant de 400 millions le budget de la chaîne. Vote au Parlement le 27 octobre.
Pas touche au grisbi! Un tout petit grisbi, un minuscule milliard. Un siège éjectable du Rafale, sans trop exagérer. Pas touche, car Arte est à nous. Pas aux intellos, pas au Château, pas aux Allemands (là-bas Arte est câblé, chez nous il gambade en liberté). A nous qui payons des impôts. Et votons. Cela pour argumenter à la manière de l’autre ennemi de notre chaîne préférée: le poujado. Il serait bon que le gouvernement se méfiât, qu’il soit Toubon («Arte est trop pointu», mais, monsieur le Ministre, Arte n’est pas fait pour s’asseoir dessus), qu’il soit Pasqua (dans l’opposition, il fernandelisait: «Arte sur la 5, c’est absurde, scandaleux, nous annulerons ce projet»). Raté. Arte a son permis de séjour. Pas question de l’expulser. Même si, parfois, une de ses soirées Thema remplace le Témesta.
Arte, c’est aussi un sursaut de la mémoire: «Les Perses», à 20 h 30 à la RTF,
«Dom Juan», par Bluwal, même heure, à l’ORTF. Quand la téloche, désormais peuplée des émois faussement psychographiés, toujours exhibés de Marie ou Marcel Couche-toi-là, se nommait télévision. Quand nous n’étions pas voyeurs mais spectateurs. On regarde Arte, on ne mate pas.

Tori.

1 « J'aime »

Indiana jones of web.

Ouais, je l’ai entendu ailleurs, je crois sur France Inter, et peut-être au sujet d’une fiction. Soit Le Masque et la plume, soit l’émission sur les séries le samedi soir. Sais plus.
Mais j’imagine que la blague est ancienne.

Jim

Je pense l’avoir entendue récemment dans une de ces deux émissions, oui.

Tori.

Je soupçonne Le Masque et la plume consacré aux Illusions perdues de Xavier Giannoli. Mais va savoir…

Jim

Hop, je confirme : Giannoli explique qu’il fait un stage à L’Express durant ses études de lettres. Durant une conférence de rédaction, un critique propose de parler d’une rétrospective Mizoguchi, ce à quoi le patron des pages culture fait état de ses craintes que ce soit trop pointu. Et le critique répond du tac au tac : « Ce n’est pas grave, ce n’est pas fait pour s’asseoir dessus ». Magnifique.

Jim

On revient donc à l’Express

Tori.

Vu l’âge de Giannoli, ça tombe dans les mêmes années. Si ça se trouve, c’est une expression fréquente dans la rédaction. Voire de Jean-Pierre Dufreigne : c’est peut-être lui que Giannoli a entendu.

Jim