POLITIQUE & POLITIQUE

C’est ce que je suppose.

Tori.

Hop, les deux bouquins arrivés chez ma libraire.
Ça sent l’ouverture de sujets puis la chronique dans pas longtemps.

Jim

Avec des photos pour illustrer !

Pas les miennes : j’ai pas de smartphone et je ne sais pas me servir de l’appareil photo numérique qu’a acheté ma mère (et qu’elle n’a jamais utilisé). Ce sera des couvertures piquées sur Amazon, na !

Jim

Des photos d elle, voyons !

Hahahahaha.
Patience, patience !

Jim

Kimberle crenshaw, dont je vous ai parlé et qui a inventé le concept d intersectionnalité, dénonce le nouveau mccartyshm de la gauche américaine et regrette qu on ait pu croire que c etait un épiphénomène.

Juste énorme pour qui suit tout ça et connait le rôle qu a joué le dit concept dans tout cela.

Erratum : c est le maccarthysme de la droite, qu’elle dénonce.

Tu penses pouvoir expliciter un petit peu plus ? Désolé, mon anglais est bien trop limité pour ne serait-ce que comprendre son tweet.
Je te remercie.

Je crois que jim traduit. Je vais laisser faire le big boss.

La crt est la critical race theory. La theorie du racisme systématique dont j ai essayé de donner les tenants et aboutissants.

Pour se limiter à cet échange de tweets :

Jason Stanley :
« Nous ne sommes pas préparés aux conséquences de cette nouvelle ère maccarthyste dans l’éducation. Les lois qui sont déjà passées, et les nouvelles, plus radicales encore, qui visent l’enseignement supérieur, vont renvoyer la liberté et la liberté d’opinion des décennies en arrière. »

Kimberlé Crenshaw :
« Oui, Jason, en partie parce que beaucoup de monde n’ont pas pris le problème au sérieux quand ça a commencé, ont pensé que ça se limitait au CRT [la « théorie critique de la race » qu’évoque Nemo] et espéraient que tout ceci allait s’évanouir sans conséquences pour eux. Et n’oublions pas la complicité des médias et la faible réponse du côté des Démocrates. »

Nemo, tu affineras, c’est du premier jet.

N’étant pas sur Twitter, je n’accède à rien d’autres, donc si les échanges ont duré, je ne sais pas trop ce qu’il s’est dit.

Jim

Ah ouais, putain, la fameuse différence entre « freedom » et « liberty », intraduisible en français…

Et puis j’ai changé « d’expression » par « d’opinion », c’est plus fidèle.

Jim

En l occurrence, c est juste cet échange.

Les lois auxquelles ils font références par contre je ne suis pas sur.

Je vais essayer de voir dans les jours qui viennent si je trouve.

C est possible d ailleurs, apres tout, que ce soient également des lois d etats concervateurs.

C est une veritable guerre de tranchées par etats interposés, universités, écoles qui a lieu aux states.

Maus est retirée de telle école par des conservateurs, telle université progressiste annule les cours de civilisations anciennes qui seraient la matrice de la blanchité, etc.

Je ne sais vraiment pas comment les states vont se sortir de ce guêpier et j espère qu on saura l eviter en France.

Cela me rappelle la guerre des memoires, du nom qui avait été donné à une vague de dénonciations d inceste dans les années 90 suite à la théorie de l amnesie traumatique. A cette epoque, et principalement dans la bible bet, des familles entieres s etaient disloquees à la suite de souvenir d inceste qui avaient été produit par suggestion par des psy americains chez leur patient.

Une vague hystérique qui avait eu bien du mal à s eteindre.

L influence de la psychanalyse en France avait permi, je pense, que la France y echappe et nous etions alors bien moins mondialisé, ce qui a tres certainement aidé.

Là, c est pire encore, il y a deux camps qui se font faces et qui sont dans la surenchère. Les républicains sont trumpisés et biden, qui avait gagné les primaires en partie sur la promesse de ne pas etre « woke » ne semble pas très déterminé à siffler la fin de la partie.

Il me semble qu avec tout ça, on realise peu à peu à quel point les etats unis sont une autre culture, qu ils ne sont pas un bout d Europe de l autre côté de l atlantique.

Zt là, il y aura un choix à faire : tracer son propre chemin européen ou non. Les anglais ont choisi, pour eux c est non.

Merci beaucoup à tous les deux, c’est évidemment pour moi, bien plus clair comme ça.

Oui, de même, c’est une pièce du puzzle qui me manque pour mieux comprendre.

J ai bien fait un contresens, puis que les lois, si je les ai bien identifiées seraient celles proposées par un certain dan patrick d interdire l enseignement de la crt au texas.

En lisant mcarty era, j ai immédiatement pensé à là où personnellement je la voyais et je dois espérer un peu trop fort une prise de conscience des leaders de la crt concernant ses effets.

Cancel culture de gauche contre cancel culture de droite, chacun verra seulement celle de l autre.

Le guêpier atteint un nouveau stade.

Répondre à la connerie par la connerie, c’est pas malin.

Mal.

Bah non : en bons colonisés culturels, on va continuer à importer leur merde.

Parce que ce n’est pas la même psychanalyse qu’en Amérique ? Deux lignes plus haut, tu pointes du doigt « des psy américains ». Quelle est donc la différence qui a fait que la France échappe au phénomène ?

Oui.
Disons que c’en est une expression criante, à tous les sens du terme.
Mais bon, leur rapport aux armes, à la religion, rien que le fait qu’il n’y ait pas de traduction directe de « laïcité » chez eux (« secularism » ne recouvre pas vraiment la notion), des marqueurs de différence culturelle, y en a plein.

Jim

On importe, oui, mais pas que. Il y a nos propres raisons de virer identitaire, et ce n est d ailleurs pas exactement le même, puis la mondialisation ainsi que la démocratie y poussent, même si cela peut la mettre à mal.

Le champs psy est large, psychanalyste, psychothérapeute, psychiatre, psychologue…

La psychanalyse aux eu est très différente de celle qui existe en France, très adaptative, très peu interprétative, au point que certains, dont Lacan, y ont vu deux disciplines antinomiques.

Les débuts de Lacan, «le retour à Freud» qui fut son mot d ordre, sont dirigés d ailleurs contre la psychanalyse américaine sous le nom d ego psychologie.

L.influence de Lacan a maintenu pour un temps en France, puisque c est un peu moins vrai aujourd’hui, une psychanalyse moins prompte à confondre fantasme et souvenir, par exemple, ou à chercher à éradiquer les symptômes. Et sans l.influence de cette psychanalyse, le champ psy evolue vite vers le deni de la découverte freudienne à savoir que les symptômes ont en sens.

Ne pas chercher à éradiquer le symptôme est d ailleurs un sujet de parodie, qui comme toute bonne parodie touche juste également :

Un analysant conseille un psychanalyste à quelqu’un qui hésite : c est genial, j ai commencé y a dix ans parce que je faisais pipi au lit.

-ah oui ? Et vous avez arrêté de le faire au bout de combien de temps ?

-jamais ! Mais aujourd’hui, je le vis très bien.

Hahahahaha.

C’est ça, ce que tu appelles la psychanalyse adaptative (avec les réserves liées à la blague, bien sûr) ? Apprendre à vivre avec, plutôt que nommer le trouble ?

Jim

Non, c est l inverse. L.adaptative, c est cherché à éliminer le symptôme là où il fait tribucher dans la société, par la rééducation par exemple ( les tcc, très anti psychanalyse).

La psychanalyse permet plutôt de préserver la fonction du symptôme sans la souffrance (ni la forme initiale contrairement à la blague) qui l accompagne.

Ne pas etre adapté à la société n est pas forcément un mal.

Ouais, c’est comme les burgers à la sauce bourguignonne ou au fromage de chèvre. C’est nappé d’un goût local, mais ça reste de la merde vendue dans une chaîne industrielle.
Ça revient à se cacher derrière son petit doigt.

Voilà, j’ai encore marché dans un truc où je vais rien comprendre.

Donc le trouble reste, mais pas son expression extérieure, c’est ça ?
Ça ne sert qu’à bien présenter en société, donc ?

Les quoi ?

C’est quoi, sa fonction ?

Ouf.

Jim

Ce que je veux dire, c est que ce qui pousse les states à prendre cette voie, nous y pousse aussi. Les states ont un peu d avance et, oui, une culture qui donne le la.

Lorsque je dis adaptative, c est dans le sens s adapter à la société, donc eliminer le symptôme dont se plaint le sujet et qui l entrave dans sa bonne adaptation

Thérapie cognitivo comportementaliste.

Pour les tenants de ces thérapies, la psychanalyse est un ramassis de conneries, une elucubration qui n est ni scientifique, ni n a de résultats prouvables et dont il est plus que temps que l on se débarrasse enfin.

Leurs pratiques reposent sur la conception du comportement comme reponse adaptée ou non à la situation. Le cerveau aurait l habitude de faire certaines erreurs comme diverses pathologies en temoigneraient et le cerveau pourrait apprendre par la répétition, qu ils appelent remediation cognitive, à ne plus les commettre et ainsi faire disparaitre le symptôme.

Cette vision du symptôme, qui n est même plus considéré en fait comme un symptôme mais une simple erreur, est incompatible avec l approche analytique pour laquelle l expérience de l analyse démontre que le symptôme a des effets de sens pour un sujet, que le symptôme est aussi une parole, pour peu qu on l écoute.

Articuler ensemble un corps, une parole et une sexualité.

La parole a des effets très réels sur un corps (sans quoi une analyse ne saurait avoir d effets) et participe de sa sexualité.

Parler, c est trebucher. Ça deconne. Et c est cela le symptôme. Un trebuchement necessaire. Mais un trebuchement peut aussi avoir des effets poétiques, de creation de sens et donc un symptôme etre interprété, se décaler, prendre un sens nouveau ou se vider de son sens, faire moins souffrir, voir etre une bequille solide dans la vie.

C est fou, hein.

Clin d’oeil.