PROJECT MOONBASE (Richard Talmadge)

REALISATEUR

Richard Talmadge

SCENARISTES

Robert A. Heinlein & Jack Seaman

DISTRIBUTION

Donna Martell, Hayden Rorke, Ross Ford…

INFOS

Long métrage américain
Genre: science-fiction
Année de production : 1953

Après le succès de Destination…Lune ! en 1950 (long métrage basé sur un de ses romans et co-écrit par ses soins), le romancier Robert A. Heinlein (Etoiles, garde-à-vous !, En terre étrangère…) plancha sur un projet de série, une anthologie de science-fiction qui aurait eu pour fil rouge un professeur racontant à ses élèves l’histoire de la conquête de l’espace et qui aurait été composée d’adaptations des nouvelles de l’écrivain réunies sous le titre-générique d’Histoires du Futur ainsi que de récits originaux écrits spécialement pour le petit écran.
C’était le cas de Ring around the moon, prévu pour servir de pilote à cette potentielle série. Heinlein y décrivait les conditions de la création de la première station spatiale (supervisée par l’armée américaine), les premiers pas de l’Homme sur la Lune (en 1970…il n’était vraiment pas tombé bien loin) et la construction de la première base lunaire.

L’anthologie ne vit jamais le jour. Suite à la mise en chantier de nombreuses séries B de S.F. au début des années 50, le producteur Jack Seaman décida d’apporter sa toute petite pierre à l’édifice en utilisant, sans consulter Robert Heinlein, le scénario à sa disposition. Il en réécrit une partie afin d’y injecter un peu plus de matière pour alimenter un long métrage (enfin long…à peine une heure). Pour réduire les coûts, Talmadge utilisa les décors et une partie des costumes (ridicules) d’une autre production Lippert tournée au même moment, Cat-Women of the Moon (croustillant ce titre, ça donne envie).
Le résultat final ne fut pas vraiment du goût de Robert Heinlein…

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Tourné en 10 jours par Richard Talmadge (un touche-à-tout inconnu du grand public dont le début de carrière remonte au muet), Project Moonbase souffre d’un scénario déséquilibré, certainement du aux réécritures de la production. La menace principale (un agent des forces ennemis…qui ne sont pas nommées, mais comme on est dans les fifties, ce sont certainement des cocos…se fait passer pour un savant afin de détruire la station spatiale), pourtant bien développée pendant les premières minutes du métrage, est expédiée en deux temps-trois mouvements sans souci d’injecter un peu de tension à ce moment-clé. Il reste alors une petite dizaine de minutes à combler par des scènes de remplissage, ce dont le réalisateur s’acquitte mollement.

L’un des attraits de Project Moonbase est cette description d’un futur (enfin, un futur possible qui est maintenant notre passé) un peu plus égalitaire quant à la place de la femme dans la société. Ainsi, le colonel responsable de la mission et le Président des Etats-Unis sont toutes deux de sexe féminin, une petite révolution pour l’époque. Mais le côté un peu « avant-gardiste » de cette situation s’arrête là. Le Général menace de fesser le colonel Briteis (oui oui, « Bright Eyes ») si elle n’obéit pas à ses ordres…une colonel Briteis au ton d’enfant gâté qui ne sied pas vraiment à sa position et qui multiplie les mauvaises décisions.
Et comme il n’est vraiment pas convenable qu’un homme et une femme passe autant de temps seuls sur la Lune pour installer la première base lunaire, les deux tourtereaux qui ne pouvaient pas se sacquer au début du métrage s’empressent de se marier dans un final effarant. Ah, les années 50…

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Pour une petite prod fauchée, les effets spéciaux ne sont pas déshonorants (en se remettant bien sûr dans le contexte de l’époque). Les maquettes sont simples et soignées…par contre quelques miniatures prêtent vraiment à sourire. Grâce à de bons effets photographiques, la représentation de la gravité zéro sur la station est plutôt bien fichue, et ajoute une petite touche d’humour.

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Guère palpitant, Project Moonbase n’arrive que rarement à faire oublier ses limites (malgré quelques bonnes idées). Reste la curiosité de découvrir l’un des rares longs métrages co-signés par l’un des grands maîtres du genre (même s’il s’est ensuite empressé de le renier)…

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