RAWHEAD REX, LE MONSTRE DE LA LANDE (George Pavlou)

Horreur
Long métrage britannique
Réalisé par George Pavlou
Scénarisé par Clive Barker d’après sa novella
Avec David Dukes, Kelly Piper, Hugh O’Connor…
Titre original : Rawhead Rex
Année de production : 1986

Avant de s’imposer en tant qu’écrivain grâce à ses Livres de Sang parus dans les années 80, le britannique Clive Barker a débuté dans le théâtre en co-fondant notamment une troupe d’avant-garde avec des amis d’école et des acteurs et auteurs qui deviendront par la suite des collaborateurs réguliers, comme Doug Bradley (Pinhead dans Hellraiser) et Peter Atkins. S’il se consacre principalement aux planches, Barker passe aussi derrière la caméra pour deux courts-métrages, Salome en 1973 et The Forbidden en 1978.

Le succès des Livres de Sang attire l’attention de George Pavlou, un cinéaste basé à Londres et qui n’avait alors à son actif que plusieurs courts et la production d’un drame avec Joan Collins. Pour Pavlou, Clive Barker écrit son premier scénario original qui deviendra le long métrage Underworld, connu aussi sous le titre Transmutations. L’expérience ne se passe pas si bien que ça, le script de Barker est réécrit et le film ne lui plaît pas. Et pourtant, il réitère l’expérience l’année suivante avec la même équipe pour l’adaptation de sa novella RawHead Rex (au sommaire des Livres de Sang).

Clive Barker espère cette fois que le film sera plus fidèle à ce qu’il a écrit. Je n’ai pas lu la novella, j’ai juste jeté un oeil à un résumé sur le net et cela me semble assez proche, tout en tenant compte des changements requis pour une transposition à l’écran. Pour RawHead Rex, Clive Barker s’est inspiré d’un croquemitaine du folklore anglais et nord-américain du 16ème siècle pour créer sa propre divinité païenne, un monstre ressuscité à l’époque moderne pour semer la terreur et la mort dans la campagne irlandaise. Barker n’a pas été invité sur le tournage de cette production à petit budget…et encore une fois, le résultat n’a pas été vraiment ce qu’il escomptait…

Cela tient principalement au design du monstre. Sur papier, le RawHead est décrit comme « un phallus sur pattes »…et vu les moyens limités du long métrage, il était difficile d’avoir quelque chose de convaincant se rapprochant de cette description. Au lieu de ça, les équipes créatives ont opté pour une sorte de troll guerrier doté d’un strabisme divergent. Bref, Barker voulait une tête de bite avec des dents, comme dans l’adaptation en bande dessinée de son histoire publiée dans les années 90 (voir ci-dessous)

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et au final, le monstre sorti de son imagination a une tronche de cul…

Les apparitions assez grotesques du RawHead limitent considérablement l’impact des scènes-chocs, que Pavlou filme de toute façon assez mollement. Et c’est dommage car l’intrigue avait du potentiel avec cet affrontement certes classique entre les forces du bien et du mal qui explore le folklore des îles britanniques, antiques cultes opposant créatures sanguinaires et déesse de la fertilité. Mais malgré l’atmosphère apportée par les décors naturels et quelques moments bien barrés (le prêtre adorateur du RawHead est baptisé en se faisant pisser dessus par son « Dieu »), les choix du réalisateur, la faiblesse de l’interprétation et la tronche impayable du RawHead ne rendent pas l’ensemble vraiment palpitant.

Encore une fois déçu, Clive Barker a pris les choses en mains pour son expérience cinématographique suivante en réalisant lui-même l’adaptation de son court roman The Hellbound Heart (publié à l’origine dans l’anthologie Night Visions), devenu sur grand écran le très bon Hellraiser : Le Pacte.

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