RÉÉDITIONS DC : TPBs, Hardcovers, Graphic Novels

A ma connaissance, ce TPB n’a pas été évoqué dans les pages qui précèdent, j’en dis donc un mot car il me semble que c’est du matos très intéressant.

La suite du premier titre consacré au héros, rétrospectivement affilié au label Vertigo, après le run historique de Morrison : on attaque avec un court run de Milligan (6 petits épisodes et puis s’en va) suivi du début du run de Veitch, qui restera quant à lui une vingtaine de numéros.

Dur, dur de passer après Morrison qui avait conclu son cycle sur une idée un peu « politique de la terre brûlée » ou « après moi, le déluge », Milligan lui-même en plaisantant en interview. Que faire après un tel coup d’éclat ?
Milligan va intelligemment opter pour l’approche modeste. Sans occulter les évènements des épisodes précédentes (j’y reviens), il va se détourner de l’approche « cassage de 4ème mur », sans pour autant opter pour du réchauffé : Milligan reste dans la tonalité bizarroïde de son prédécesseur, voire l’amplifie, plongeant Buddy Baker dans un univers étranger proprement Kafkaïen. Et le bougre en remontrerait même à Morrison sur ce terrain-là : il ne recule devant rien, et aligne les idées à la fois malaisantes et drôles, dans le même temps, avec un humour noir et un mauvais esprit réjouissant (Animal Man reniflant des culs, impayable ; et bien sûr la scène du cheval, excellente idée…).

Il va en plus donner une conclusion ambitieuse à son intrigue, veillant à expliquer la moindre des bizarreries de son script (une des ses spécialités, son « Dark Knight, Dark City » sur Batman fonctionne de la même façon) avec un épisode conclusif certes un peu didactique, mais en l’occurrence, comme ça cause physique quantique, c’est pas inutile (y’a un petit côté « Primer » de Shane Carruth, pour ceux qui connaissent ce chef-d’oeuvre de la SF). Le célèbre chat de Schrödinger devient pour l’occasion une pizza…
Il évoque fort élégamment aussi, donc, les expériences extrêmes subies par le perso sous la plume de son prédécesseur, et en profite pour dédouaner ses successeurs d’évocations ultérieures.

Rajoutez à la sauce la galerie de perso secondaires la plus absurde de l’histoire du genre (The Green Cigarette…), et des cliffhangers ciselés de main de maître, ça donne certes pas le meilleur travail de Milligan, mais un putain de bon ride totalement dans l’esprit de ce qui a précédé sur le titre.

Pour la partie graphique, je n’ai jamais été fan de Chas Truog qui ne parvient quand même pas à gâcher le run de Morrison (son approche très premier degré du genre sert le propos du scénariste), mais faut dire que encrer par Mark Farmer, on sent quand même nettement la différence. C’en est même pas mal.
Et on notera au détour d’un épisode le passage d’un Steve Dillon sur le titre, définitivement bien plus inspiré que sur au hasard les « Thunderbolts » de nos jours.

Pas lu les Veitch : c’est un artiste que je connais ma,l mais qui me semble jouir d’une excellente réputation ; il semblerait par contre qu’il soit loin d’être au sommet ici. J’attends de lire ça pour me faire une idée et revenir en causer ici.