RÉÉDITIONS DC : TPBs, Hardcovers, Graphic Novels

Lancée dans la foulée de Days of Vengeance, la série Shadowpact démarre tranquillement. Le premier recueil, intitulé « The Pentacle Plot », assemble les épisodes 1 à 3 puis 5 à 8.

La série s’ouvre sur un mystérieux globe rouge en pleine forêt, qui empêche tous les super-héros, de Superman à Green Lantern, d’entrer. Bien entendu, les héros magiques, qui ont adopté le surnom « Shadowpact » trouvé par Nightmaster à la fin de la mini-série (sur une intuition, mais les auteurs y reviendront) parvient à entrer. Dans la petite ville de Riverrock, ils affrontent des méchants, le Pentacle, qui sont autant de pendants des membres de l’équipe, et qui envisagent de pratiquer des sacrifices humains afin de faire apparaître le seigneur qu’ils attendent.

Les trois premiers épisodes (dont Bill Willingham dessine lui-même les deux chapitres initiaux) sont assez classiques, linéaires et, autant le dire, sans grand souffle. L’intérêt repose surtout dans les dialogues et les interactions entre personnages, ainsi que dans le regard que la série porte sur eux en les opposant à des adversaires qui sont des reflets déformés.

L’autre intérêt de ce premier récit est d’élargir le casting. On voit apparaître, par exemple, Witchfire ou encore Rex the Wonder Dog, chien intelligent et bavard (jadis animé par Gil Kane) qui viendra grossir les rangs du groupe (tiens, il faudrait que je regarde les dates : on est en août 2006, et il me semble que le retour de Rex ici précède l’arrivée de Cosmo dans Nova puis Guardians of the Galaxy, chez Marvel…). C’est le signe aussi que la série accueillera d’autres personnages éminemment secondaires afin de leur donner une place plus importante.

Le dernier point important dans cette saga modeste, c’est sa conclusion : la victoire des héros permet d’arrêter tous leurs adversaires, sauf Strega, la cheffe, dont on suivra les pérégrinations au fil de la série. Ensuite, la victoire s’accompagne de l’effondrement du dôme rouge et de la prise de conscience que, « sur Terre », un an a passé. Nous sommes à la hauteur de l’opération éditoriale « One Year Later » et Willingham s’en amuse en donnant à ses héros une longue barbe et en les plongeant dans les ennuis que suscite une trop longue absence.

L’auteur s’amuse à confronter ses personnages à des soucis presque marvélien, d’un Marvel d’un autre âge : Blue Devil, par exemple, découvre que sa propriétaire a loué son appartement à quelqu’un d’autre, tandis que Jim Rook, alias Nightmaster, a perdu son bar, qui appartient désormais à Edward « Eddie » Deacon, l’enfant-phoque que les vieux lecteurs se rappellent avoir croisé dans Detective Comics #410, sous les crayons évocateurs de Neal Adams. Hop, encore un personnage obscur placé sous les projecteurs.

Pendant ce temps, Strega réveille un vieux sorcier endormi depuis des millénaires, et qui décide d’adopter le nom de Doctor Gotham, et lance diverses attaques contre le Shadowpact, qui doit aussi affronter la Congregation, des fanatiques persuadés qu’ils protégeront l’humanité s’ils se débarrassent des héros, qu’ils prennent pour des forces du mal (bon, c’est vrai qu’il y a de quoi se tromper). La première saga en trois épisodes (après tout, Morrison a aussi lancé JLA avec un récit en trois parties) sert donc de socles à divers développements).

Graphiquement, la série manque de stabilité. Willingham dessine les deux premiers chapitres, Cory Walker (le meilleur dessinateur d’Invincible) en signe deux autres, on voit aussi passer Steve Scott, Tom Derenick et Shawn McManus, autant dire que la palette est large. Un seul d’entre eux aurait donné du liant à une série pour laquelle Joey Cavalieri semble éprouver des difficultés à constituer une équipe, ce qui nuit à une atmosphère pourtant très agréable, où brillent des personnages qui ont, enfin, l’occasion de se développer.

Jim

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