RÉÉDITIONS DC : TPBs, Hardcovers, Graphic Novels

De mon côté, je suis en train de lire les compléments du sommaire du TPB consacré à World of Krypton.

Je connais la série depuis une vingtaine d’années, que je considère comme l’un des meilleurs morceaux du travail de Byrne sur la reconstruction de Superman à partir de 1986. Peut-être même ce qu’il y a fait de mieux : excellente histoire de SF, cette mini-série se permet d’évoquer des vrais sujets passionnants (les droits des clones, la place de la religion dans la politique…) tout en approfondissant les bases de la nouvelle Krypton, plus froide et plus deshumanisée que l’utopie du post-Crisis.

Qui plus est, c’est dessiné par Mignola, quoi. En pleine transition, d’ailleurs, quittant son style post-Ploog pour commencer sa stylisation (qui le mènera où l’on sait).

Cependant, ce n’est pas pour cette mini-série (un incontournable) que je vous parle du TPB, mais pour le reste du sommaire.

Chose étonnante, alors que le TPB se consacre d’abord à la Krypton redéfinie en post-Crisis (donc, à partir de 1986), le reste du sommaire est composé d’histoires courtes dédiées à la Krypton pré-Crisis (la version d’avant 1986, donc, développée surtout grâce à des histoires des années 1970).
Graphiquement, c’est très sympa, du Dick Dillin, du Dick Giordano, du Gray Morrow, du Gil Kane (« moderne », comprendre encré au feutre, mais ça reste quand même impressionnant), du Marshall Rogers, du Dave Cockrum, bref, super carré.
Question scénario, c’est également le rendez-vous de tout plein d’artisans besogneux de l’époque, Paul Kuppergerg, Elliot S! Maggin, Martin Pasko, Denny O’Neil, Marv Wolfman… On retrouve les constructions lourdement démonstratrices d’O’Neil (mais Pasko fait assez fort également avec sa fable sur la préservation de l’eau, en mélangeant allègrement fanatisme religieux, pertes des repères culturels, exclusion et racisme avec l’absence de conscience écologique…), ainsi que les obsessions de la continuité chez Maggin. Mais l’ensemble se lit bien, malgré parfois quelques tics d’écriture un peu datés.
Surtout, on y trouve des récits importants pour la construction de la « vieille » Krypton. Et l’on s’aperçoit que c’est super pensé, super cohérent. Les différents modèles de fusées construits par Jor-El (de la grande arche spatiale au modèle réduit qu’utilisera Kal-El, en passant par la fusée familiale qui ne décollera jamais), l’irruption de Brainiac qui emporte Kandor, le rôle (en filigrane) de Krypto, cobaye des expériences de Jor-El… Deux épisodes sont à ce regard intéressants, « the Golden Folly of Jor-El », qui s’attarde sur le couple qu’il compose avec Lara et sur la variété et l’opiniâtreté de ses travaux, et « Last Scoop on Krypton », qui décrit les rapports conflictuels entre Jor-El et le Conseil Scientifique de Krypton.
Enfin, le gros morceau de cette compilation, c’est « The Greatest Green Lantern of All ! », qui explique pourquoi le corps des Green Lantern n’a pas pu empêcher la destruction de Krypton et donne la vedette à Tomar-Re (un personnage que j’aime beaucoup).

À l’heure où l’univers DC a une fois de plus été réinventé, il peut sembler bizarre de conseiller la lecture d’un TPB centré sur une version passée de Krypton, et complété par des extraits d’une version plus ancienne encore. Mais l’ensemble du bouquin, outre ses qualités purement formelles, me semble intéressant aussi par sa description d’un concept qui, quoiqu’en perpétuelle évolution, n’en demeure pas moins cohérent.
Qui plus est, plein d’idées ont été reprises dans les titres de la « Super-Famille » de l’actuelle version de l’univers DC, notamment tout le rapport au clonage (voir Superboy), mais également le rapport conflictuel qu’entretiennent les Kryptoniens avec la conquête spatiale. Le travail de Lobdell, notamment, prend appui sur plein d’idées posées dans les récits rassemblés ici.

Jim