Je me suis précipité sur ce TPB, qui est plus vieux que je ne pensais (2011, que le temps passe vite) et qui présente les premières aventures d’un héros né dans les années 1970 et aujourd’hui assez bien installé dans l’univers DC (il bénéficie de tentatives régulières de séries, dont celle dans laquelle Ostrander a brillé dans les années 1990, il a fait assez vite partie de la Justice League…).
Et pourtant, c’était pas gagné, puisque le personnage a subi l’implosion de DC à la fin des années 1970, sa série ne faisant que cinq numéros avant annulation.
Le TPB compile donc ces cinq numéros (dont j’avais lu certains en pocket chez Arédit il y a des années, remontés, ce qui ne les mettait pas à leur avantage), le sixième numéro, publié sans couleurs (et reproduit ici de même) dans Comics Cavalcade, ainsi que ses back-ups dans Flash.
L’ensemble est écrit par Gerry Conway (que j’ai toujours préféré chez Marvel que chez DC, pour ma part, même si, à la relecture, j’aime le ton de Firestorm, avec des personnages naturels, des tensions dans le casting…). Les épisodes de la série sont dessinés par Al Milgrom (pas le meilleur dessinateur du monde, mais il a une belle énergie et un storytelling d’une lisibilité absolue), et les chapitres de la back-up par George Pérez (et Pérez, au contraire de Conway, j’ai toujours préféré chez DC que chez Marvel : son arrivée chez DC coïncide avec la fin de tics graphiques, genre les grosses cuisses, et avec un équilibre entre le détail frénétique et la lisibilité). L’ensemble est visuellement très agréable. Le point faible, c’est l’encrage de Jack Abel, que personnellement je n’ai jamais su apprécier, et que je trouve plat, sans relief, monotone, sans matière (et sur l’épisode en noir & blanc, quelle calvaire). C’est sans doute, avec le Chic Stone vieillissant fin 70’s début 90’s, ce que j’ai le plus de mal à digérer en termes d’encrage. Fort heureusement, le recueil présente des planches encrées par Klaus Janson, Joe Rubinstein (dont les styles se marient fort bien, étonnamment) ou encore Bob McLeod, et ça, c’est chouette).
Question histoire, j’aime beaucoup : vilains sympas (Multiplex, Killer Frost…), narration rapide, présentation rentre-dedans (le premier épisode envoie directement le héros à la face du lecteur dans de grandes images puissantes, les origines devant attendre un peu que la mise en scène des pouvoirs soit bien installée. Les dialogues sont assez sympas, et le personnage, visuellement, en impose (même s’il doit beaucoup à l’Atoman de Mort Meskin ou à la première version du Captain Atom de Ditko)…
Bien content de cette redécouverte, qui donne, en tout cas pour un lecteur français comme moi, l’occasion de redécouvrir ces épisodes et les premiers pas d’un héros qui méritait une rétrospective.
Après, il serait cool aussi de redécouvrir la série des années 1980, Fury of the Firestorm. Elle avait été relancée par Conway lui-même, avec le dessinateur Pat Broderick (les lecteurs de Titans se souviennent sans doute de ses Captain Marvel, qui constituent à mon sens son meilleur travail). En France, on a eu une trentaine d’épisodes dans des titres comme DC Flash. Et bien entendu, la période John Ostrander est complètement inconnue (une cinquantaine d’épisodes jusqu’au dernier, le #100). C’est d’autant plus dommage qu’Ostrander avait appliqué au personnage la méthode d’Alan Moore, à savoir démonter le personnage entièrement pour le remonter ensuite à sa convenance. Et ça avait donné un titre qui lorgnait vers la SF tendance politique (avec l’exploitation de tout un « imaginaire de la bombe » vachement intéressant), mais également vers la parabole écologique (Firestorm devient un élémental du feu) et des intrigues d’espionnage (avec le cross-over « The Janus Directive »).
Pour ma part, j’adore cette période, mais je ne suis pas encore parvenu à la compléter entièrement. Petit à petit, tout ça… Et je crois que ça mériterait une réédition en gros volume, vraiment.
Jim