RÉÉDITIONS DC : TPBs, Hardcovers, Graphic Novels

J’ai relu Hawkworld, la mini-série en trois prestige formats qui a relancé Hawkman dans l’univers DC de l’après Crisis, à la fin des années 1980.
J’ai l’édition TPB de 1991, avec l’introduction de Mike Gold (donc c’est pas la même couverture). Je ne l’ai pas achetée à l’époque, mais bien plus récemment (quand j’ai relu, il y a quelques jours, il y avait encore une étiquette en euros : je me demande bien dans quelle boutique j’ai pu l’acheter, tiens*…), et en fait je crois que je l’ai lu chez un pote, genre chez Nikolavitch. Ce qui fait que mes souvenirs en étaient très flous.

Je l’ai dit déjà plusieurs fois, j’adore le format prestige. C’est élégant et solide comme un TPB, et presque aussi souple et léger qu’un fascicule. Tous les avantages des deux formats.
Souvent, ce format était consacré, à l’époque, à des récits un peu à part (Le Dark Knight Returns de Frank Miller, le Cosmic Odyssey de Jim Starlin et Mike Mignola…) ou revêtant une importance dans le développement d’un univers. C’est le cas ici.
Tim Truman, on le connaît à l’époque pour des séries comme Grimjack ou Scout, chez les indépendants. Élève de l’école Joe Kubert, il est, selon Gold, le choix idéal pour reprendre le personnage de Hawkman.
Ce dernier, on sait de ses origines revisitées durant le Golden Age qu’il est sur Terre afin de poursuivre des criminels extraterrestres. La mini de Truman va donner des explications sur le criminel thanagarien que Katar Hol va pourchasser.

Truman s’intéresse à Thanagar, où se passe toute l’action. On suit Katar Hol, fils d’un héros local et inscrit dans les forces de l’ordre. Il va déchanter en se frottant à la corruption. Ayant lu le truc il y a des décennies, c’était parti un peu loin, et j’ai redécouvert la parabole politique. Truman fait de Thanagar un monde belliqueux et conquérant qui vampirise les civilisations qu’il a conquises, le tout dans une atmosphère de racisme galopant. La vision d’un libéralisme charognard n’est pas loin. Chose intéressante, en dévorant les autres, la civilisation thanagarienne s’étiole, perd de sa spécificité, notamment son savoir-faire en matière de produits manufacturés (le vin, entre autres). De là, le personnage de Paran Katar, le père du héros, est intéressant : de prime abord, c’est un conservateur limite du réactionnaire, genre « c’était mieux avant / c’était mieux chez nous », qui se plaint de la disparition d’une exception culturelle tout en cultivant l’adoration des reliques de périodes révolues. Mais en grattant, au fil du récit, on découvre qu’il est bien ouvert et humaniste que le reste de la civilisations. Sinon progressiste, il milite pour une émancipation des esclaves et une séparation des cultures afin qu’aucun ne vienne étouffer les autres. Cela rend son discours plus complexe qu’il n’y paraît.

L’autre chose intéressante, c’est que Truman n’hésite pas à convoquer des images fortes : celle du terrorisme, celle de la chasse à l’homme, faisant le portrait d’une société décadente parce que cruelle. Les personnages ne sont pas sympathiques, pas « aimables ». Dans cet ensemble, il introduit Byth, le grand méchant de l’histoire, métamorphe toxicomane qui occupe une place bien en vue dans la société avant d’être délogé par le héros. Et qui fera de nombreuses apparitions par la suite, grand apport au mythe.
S’il repeint entièrement les murs, Truman se garde bien de tout jeter, et fait quelques allusions aux séries passées. On voit par exemple le costume classique de Hawkman tel que dessiné par Kubert, et on comprend qu’il s’agit d’une tenue d’entraînement. Mais elle est là, et elle induit un rapport à l’autorité différent.

Reste que l’ensemble du récit souffre parfois de problèmes de rythme. Scènes d’action parfois trop longues, scènes d’ambiance trop importantes, grosse ellipse temporelle dans le deuxième chapitre… C’est d’autant plus frappant que le bédéaste choisit de ne pas utiliser d’onomatopée pour les scènes de baston, qui se « lisent » donc dans le silence, et fatalement trop vite.
Mais ça reste un jalon important du personnage et un récit qu’il convient de redécouvrir, avec un chouette traitement couleur et des atmosphères convaincantes.

Jim

  • Ah si, je vois. C’est une boutique dans le Passage Jouffroy, à Paris, 9e Arrondissement. Grattage de mémoire… Ah oui, Le Petit Roi, c’est le nom de la boutique. Une super boutique tout en bois, sur trois niveaux. De mémoire, les comics sont à l’étage d’en dessous, avec les pockets, tout ça. C’est pas super bon marché (c’est pas une brocante ni une solderie, quoi), mais en fouinant on trouve pas mal de trucs qui coûteraient un bras dans un comic shop. Et puis l’accueil est cool et la boutique impressionnante. Faites un détour.
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