RÉÉDITIONS DC : TPBs, Hardcovers, Graphic Novels

Je connais fort mal le personnage d’Anarky, un modeste super-vilain de l’univers de Batman, créé par Grant et Breyfogle au début des années 1990, et qui aura droit à une mini-série et une série régulière, hélas très courte.
C’est celle-ci qui fait l’objet du TPB Anarky: The Complete Series (le titre est éloquent), que j’ai trouvé récemment.

AnarkyCompleteSeries

Ne connaissant pas grand-chose, j’arrive un peu en terrain inexploré, mais Grant parvient à expliquer les choses tout en déroulant des intrigues nettement plus « cosmiques » que le héros, en tout cas pas à l’échelle humaine correspondant aux revendications de ce dernier. Car en effet, le héros a pour objectif de libérer le peuple du joug des oppresseurs, y compris les plus sournois (les politiques notamment), et de lui restituer le pouvoir. En soi, la présence d’un tel personnage sert un peu de miroir à Batman : le Croisé à la Cape est un justicier qui fait respecter la loi, tandis qu’Anarky est un justicier qui lutte contre la loi.
Le truc désarçonnant dans la série, qui ne connaîtra que huit épisodes, c’est que d’emblée, Grant oppose son héros à des menaces cosmiques. Dès la première page, il rencontre la JLA. À la fin du premier chapitre, il récupère une bague de Green Lantern. Cela crée une tension sans doute pas utile, ou peut-être trop précoce (inverser les deux premiers arcs, soit l’Aberration cosmique et Ra’s al Ghul aurait été peut-être plus judicieux).
Autre tension, intéressante mais sous exploitée, est celle de la recherche de ses parents. Le héros, qui est en réalité un adolescent, est empêtré dans un déterminisme assez contradictoire par rapport à un héros prônant l’émancipation vis à vis des pressions de la société. Ses inquiétudes d’ailleurs quant à l’identité de son père semblent assez infondées.
C’est dommage, parce que Grant construit un personnage intéressant, plein de ressources, et dont les convictions sont mises à rude épreuve dans les deux derniers chapitres (face au Tank Hanté et au Joker).
De son côté, Breyfogle livre un travail splendide. Son trait est parfois rapide, mais il livre des pages pleine d’énergie, au détour desquels jaillissent des cases élégantes et puissantes. Chose amusante, c’est Rubinstein qui fait l’encrage, et qui parvient à respecter le trait du dessinateur à un point saisissant, rajoutant par-ci par-là quelques trames pour lesquelles il est bien connu.

Je sais qu’il existe un TPB intitulé Batman: Anarky, qui reprend ses apparitions dans la série du Chevalier Noir, ainsi que sa mini-série et cette série éphémère. Mais je crois qu’il est épuisé.

Jim