Je connais la reprise d’Aquaman par Peter David de loin, comme beaucoup de comics des années 1990, surtout chez DC. La réédition en pavés épais, sous le titre générique Aquaman by Peter David, est donc l’occasion de rattraper mon retard.
Pour résumer, cette reprise se fait en plusieurs temps. En premier lieu, le scénariste écrit les Chronicles of Atlantis, une série illustrée par Esteban Maroto, afin de redonner du lien à l’univers sous-marin de DC. Je n’en ai que quelques numéros épars.
Ensuite, il rédige la mini-série Aquaman: Time and Tide, parue au début 1994, dessinée par Kirk Jarvinen (de manière très agréable d’ailleurs : influencé par Art Adams, il livre ici une prestation qui n’est pas sans me rappeler le travail de Kieron Dwyer. Et dans ce récit, Aquaman rédige ses mémoires, ce qui permet de compléter le tableau de la réécriture du personnage, en racontant sa jeunesse, sa formation, ses rencontres.
Bon, ça, j’avais lu dans la précédente édition en TPB qui remonte à de longues années, et j’avais bien aimé. Et revanche, j’étais à l’époque, et je le suis encore, assez perplexe devant l’apparente nécessité de réécrire les origines. Plutôt que d’être le fils d’un gardien de phare et d’une reine atlante, le héros devient un enfant sauvage d’origine mythologique élevé par des dauphins. Allez comprendre.
Et en fait, je crois que j’entretiens à l’égard de cette version une relation ambiguë. J’aime bien le travail de Peter David sur cette série, mais je trouve les choix fondamentaux assez discutables, qu’il s’agisse des origines revues ou de la perte de sa main.
Car, dans la foulée de la mini-série, une série mensuelle est lancée, juste avant l’événement Zero Hour. Déprimé et en quête de lui-même, Aquaman (assisté d’Aqualad) est convoqué par l’armée américaine afin d’enquêter sur l’épave d’un sous-marin atomique qui pollue les eaux. C’est là qu’il rencontre Charybdis, un éco-terroriste assez intéressant mais visiblement créé pour l’occasion et aussitôt abandonné. Si le héros s’en sort, sa main est rongée par des piranhas aux ordres du méchant (qui cherche à voler à Aquaman ses pouvoirs mentaux sur les habitants des océans). Arrive le n°0, qui rappelle les grandes étapes de la vie du personnage et introduit le crochet.
Les épisodes suivants tournent autour du mystérieux contact que les héros rencontrent au sein de l’armée, de bastons avec Superboy et Lobo (occasion d’une petite réflexion sur la chasse) et d’un conflit avec les Deep Six (dont on apprend le mode de reproduction) qui conduit à l’apparition d’une nouvelle élémentale du feu, une ancienne flamme d’Aquaman et mère de ce qui semble être son fils.
Ça va vite, Peter David balance plein d’idées, ça part un peu dans tous les sens, ça resitue personnages et thèmes centraux au sein de l’univers DC, mais l’ensemble donne aussi l’impression que ça avance à tâtons. C’est sans doute une vision a posteriori de ce travail, mais force est de constater que, sur Hulk, le scénariste a régulièrement imposé des fils rouges (la chasse aux armes atomiques, la transformation en Joe Fixit, l’apparition du Panthéon) qui donnent de la cohérence et une direction au titre. Pour l’instant, à hauteur des huit épisodes contenus dans le premier volume, on ne sent pas le même effet. Ayant également pris le tome suivant, je vais poursuivre ma lecture, agréable, mais pas emballé.
Peter David sait animer ses personnages. Garth, en amoureux transi de Dolphin, est très drôle. Les méchants sont en général très bien écrits. De même, il trouve des astuces amusantes pour les animaux marins, dont les pensées sont accessibles aux lecteurs par le biais des pouvoirs d’Aquaman : ça nous vaut quelques scènes savoureuses avec les requins, nettement plus benêts que ce que l’on pourrait croire en regardant Les Dents de la mer.
Question dessin, Kirk Jarvinen est remplacé par Martin Egeland, lui aussi influencé, dans le meilleur des cas, par Art Adams, mais qui propose des corps disloqués et des décors absents. Il est remplacé parfois par Jim Calafiore, un dessinateur au style étrange donnant l’impression que tout est réalisé à la règle et à l’équerre. Autant dire que la série n’est pas la mieux dessinée du catalogue, à l’époque.
Rendez-vous bientôt pour un commentaire sur le tome 2.
Jim