RÉÉDITIONS DC : TPBs, Hardcovers, Graphic Novels

En lisant les propos de Kab concernant Hulk: Future Imperfect, je songe moi aussi à l’influence de ce qu’on pourrait appeler « l’école Image » sur le marché des comics dans les années 1990.

L’un des grands exemples de la capacité qu’ont eu les gros éditeurs à trier dans l’apport d’Image se situe, à mon sens, dans la saga de La Mort de Superman et de ses suites.

Personnellement, je vois dans la trilogie Death of Superman / World Without a Superman / Reign of the Supermen une véritable réussite éditorial qui ne tourne pas du tout le dos aux choix esthétiques voire narratifs d’Image.

Superficiellement, on y trouve un vilain brutal, hirsute, caparaçonné d’épines plus graphiques qu’utiles, un cyborg, un Superman armé jusqu’aux dents, des mâchoires crispées, des traits de mouvement en guise de décor, des hachures partout, une prédilection pour l’action musclée voire violente, autant de détails qui pourraient laisser croire que l’éditorial fait fi de tout récit dans le but d’aligner les séquences de bastons.

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Revoyons l’action au ralenti.
Fédérée autour de l’excellent Mike Carlin, l’équipe de créateurs décident de tuer Superman (à l’époque, ils voulaient le marier, mais les producteurs du feuilleton voulaient le faire plus tard, blablabla histoire connue…). Ils opposent donc un monstre colossal et résistant à tout, qui finit par avoir la peau du Kryptonien. On remarquera d’emblée que la construction, en crescendo, prend le soin de montrer les réactions des personnages secondaires composant un casting riche, et rend la menace de plus en plus palpable.

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Visuellement, c’est aussi un festival de prouesses, notamment le fameux Superman #75, entièrement composé de pleines pages qui, à mesure qu’on avance dans l’histoire, prennent de plus en plus de place sur le papier, au point de manger entièrement les marges à la fin de l’épisode : d’une part la splash n’est pas ici un exercice gratuit mais plutôt le point culminant du duel, et l’élargissement des dessins fait la démonstration que ce qui est raconté est trop gros pour un comic book devenu trop étroit. C’est fin, c’est rusé, c’est métaphorique. Et enfin, Dan Jurgens, qui réclamait depuis longtemps de pouvoir dessiner un épisodes en pleines pages, a enfin ici l’occasion de le faire, une occasion qui allie la forme et le fond. Et ça, allier la forme et le fond, les comics d’Image ne savent pas toujours le faire.

(La suite de mes commentaires après le repas : bon app à tous !)

Jim