RÉÉDITIONS DC : TPBs, Hardcovers, Graphic Novels

Qu’on ne s’y trompe pas : le TPB intitulé Flash: Mercury Falling ne contient pas d’épisodes de Flash, mais de sa série dérivée Impulse. Plus précisément d’épisodes datant d’une époque (en 2000) où Todd Dezago signe le scénario tandis qu’Ethan Van Sciver se charge des dessins dans un style nettement plus semi-réaliste que ce qu’il a proposé quelques années plus tard.

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Résumons : Impulse est en réalité Bart Allen, le petit-fils de Barry Allen, qui a grandi dans un lointain avenir, enfermé dans une réalité virtuelle le temps que ses pouvoirs se stabilisent (je fais court). Arrivé dans le temps présent, le jeune homme, aussi impétueux que son surnom veut le laisser entendre, trouve en Max Mercury, le plus vieux Bolide en activité, considéré comme « le maître zen de la Speed Force », un mentor et une figure paternelle. Le fougueux jeune héros, inventé par Waid et Wieringo dans les pages de Flash, a droit à son propre titre en 1995. Cinq ans plus tard, Dezago anime la série avec entrain et sourire, sans jamais en faire un succès colossal.

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Quand l’histoire commence, dans Impulse #62, Max est mourant : il n’est plus connecté à la fameuse Force Véloce qui lui donne ses pouvoirs, et son corps s’affaiblit. Aidé par un ancien ennemi devenu son conseiller scientifique, il tente de trouver un remède. L’idée qui émerge, c’est qu’un autre Bolide puisse l’emmener dans cette dimension étrange afin qu’il renoue son lien avec l’énergie où il puise. Sauf que Wally West à ce moment est absent, et que Bart n’arrive pas à se concentrer et donc ne peut pas réussir cet exploit.

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Mais Bart apprend la nouvelle et tente de sauver son mentor. À la suite de péripéties provoquées par ses propres gaffes, il est projeté dans une autre dimension, d’où il revient, abasourdi, quelques instants plus tard. L’expérience semble lui avoir mis un peu de plomb dans la tête, puisqu’il fait plus attention, qu’il parvient à se concentrer, que ses résultats scolaires s’améliore, et qu’il écoute les recommandations afin de parvenir à briser la barrière dimensionnelle et à aider Max à retrouver la forme. Tout le monde met ce changement d’attitude et ces progrès sur le compte de l’inquiétude, qui le conduit à faire plus attention au monde qui l’entoure.

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L’explication de ces changements survient dans l’épisode 64 : en réalité, le Bart qui a ressurgi de l’autre dimension… n’est pas Bart. Il s’agit d’Inertia, un clone de Bart génétiquement modifié pour devenir l’héritier d’Eobard Thawne, alias le Reverse Flash. Ayant pris la place de son double, il s’est mis en tête d’abattre Max Mercury, mais il s’est pris au jeu, appréciant la vie de Bart, d’autant que tout le monde l’admire et apprécie ses progrès.

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Le vrai Bart, quant à lui, est prisonnier d’un monde virtuel. Il lui faudra tout un épisode pour s’en rendre compte. Dezago choisit de ne pas fournir d’explication avant les deux dernières planches, laissant le lecteur deviner (s’il connaît un peu la série) ou patauger quelque temps avant de raccrocher les wagons (s’il n’a lu que ce TPB). Le choix narratif est sympathique, même s’il conduit à une certaine perplexité : est-ce trop rapide ? N’aurait-il pas mieux valu laisser le doute s’installer chez les personnages secondaires ? Certes, la jeune écolière Carol se méfie, mais ça arrive après la révélation au lecteur.

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Le fait que cet épisode 64 soit illustré par Eric Battle est peut-être l’indice que Van Sciver était en retard, et que la nécessité d’un fill-in a conduit l’équipe à consacrer un épisode entier au devenir de Bart.

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Rattrapant Inertia et Max dans la tempête temporelle qui entoure la Speed Force, Bart parvient à vaincre son ennemi et à aider son mentor à retrouver la santé. L’affaire se résout in extremis, comme de juste, dans des pages assez rapides, ce qui convient aux personnages. Dezago tire un profit évident des différents apports de Waid et fait vivre ces idées sans les transformer ni les dénaturer.

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On pourra reprocher à l’ensemble une absence de sentiment de danger. Inertia est un garçon en colère, mais ses menaces ne dépassent pas le stade de la fâcherie, il parle beaucoup mais agit peu. Dezago prend le soin de mettre en scène ses sentiments partagés et dresse ainsi le portrait d’un gamin perdu, mais ça suffit à retirer toute inquiétude. De même, pourquoi Inertia, si pétri de désir de vengeance, a-t-il enfermé Bart dans un monde virtuel, au lieu de le tuer quand il en avait l’occasion ? Cette petite incohérence est renforcée par le fait que Carol trouve une teinture (Inertia est blond à l’origine) dans le placard de la chambre de Bart… alors que le clone, quand il est réapparu, était déjà brun ? Ces petits détails nuisent à la cohérence de l’ensemble et ne servent qu’à précipiter une révélation qui aurait pu être mieux amenée.

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Le recueil se conclut sur l’épisode 67, sorte de calme après la tempête, où les héros réunis viennent fêter le retour de Max Mercury. Dezago consacre de chouettes pages à la joie ambiante, mais également aux doutes qui étreignent les deux bolides. Max craint que son élève ne lui en veuille d’avoir, à son insu, préféré Inertia, tandis que Bart estime avoir une fois de plus déçu son mentor en étant moins performant que son clone. Le portrait des deux personnages, mis en relief par un casting peu nombreux mais intéressant, est assez touchant.

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Au dessin, Van Sciver, qui s’était fait connaître avec sa série indé Cyberfrog, évolue dans un trait semi-réaliste, presque cartoony, qui lui va bien et correspond parfaitement au personnage (la série avec été lancée avec Humberto Ramos aux dessins). C’est agréable, souriant, rigolo, en accord avec les bons sentiments des scénarios de Dezago. Et s’ils ne livrent pas le comic-book du siècle, ils offrent des aventures savoureuses.

Jim