Gros volume de quatre cents pages, Jonah Hex: Shadows West rassemble les trois mini-séries que Joe Lansdale et Tim Truman ont réalisées. La seconde, Riders of the Worm and Such, sombre sans vergogne dans le fantastique à tendance parodique que le scénariste avait en tête dès le début de leur collaboration.
Toujours errant, Hex est une fois de plus aux prises avec des flingueurs locaux, notamment un gros homme revêtu d’une armure sommaire. S’il s’en sort (en trichant et en tirant dans le dos), Hex parvient à s’enfuir et, blesser, trouve refuge dans une cabane isolée où il est secouru par deux pistoleros. Les trois hommes pensent être en paix quand leurs montures sont attaquées par une créature tentaculaire, qui emporte le plus vieux des nouveaux alliés de Jonah.
Traversant la prairie à pied, les deux survivants rencontrent des vachers dont certaines des bêtes ont également été victimes du monstre. Arrivant au ranch du Wilde West, ils font la rencontre du maître des lieux, un admirateur d’Oscar Wilde qui récompense les poèmes des hommes à son service par un meilleur salaire. C’est dans ce havre de paix un peu saugrenu que Hex et son allié prennent un bain, font bombance, écoutent en souffrant des vers de mirliton, et sont à nouveau attaqués par un monstre à tentacules.
Alors qu’une partie du mystère est levé au fil des épisodes suivants, les héros doivent affronter à la fois les créatures souterraines et les hybrides que celles-ci ont conçus avec des humaines, et qui servent d’espions dégénérés à la race d’en-dessous. C’est très lovecraftien, tout cela, mais avec un mauvais esprit et un humour collant que n’auraient pas renié Garth Ennis voire le Jason Aaron de Goddamned.
Le combat se déplace dans des cités souterraines qui lorgnent là aussi vers un imaginaire de pulps. Lansdale en profite pour faire quelques clins d’œil à la continuité DC, en glissant des appareils anachroniques et, plus rigolos, des graphittis visiblement signés Cave Carson et Rip Hunter.
L’ensemble est plutôt drôle, bien décalé, déroulant un humour crapoteux et un travail sur les accents et les tournures de phrase assez saisissant (et pas facile à lire du tout, mine de rien). Le glissement opéré vers l’horreur, le fantastique, le gore et le grand-guignol continuera dans la troisième mini-série, que j’ai évoquée un peu plus haut. Le tout constitue une pochade à la sauce très relevée, avec deux auteurs qui s’amusent comme des petits diables.
Jim