RÉÉDITIONS DC : TPBs, Hardcovers, Graphic Novels

J’ai relu Flash: Terminal Velocity hier soir, afin de me replonger dans l’ambiance de cette série qui était, vers le milieu des années 1990, l’une des meilleures lectures pour un fan de super-héros.

Le recueil comprend Flash #0, s’intégrant dans l’opération éditoriale « Zero Hour », puis Flash #95 à 100, une véritable montée en puissance qui témoigne de la volonté de Mark Waid, scénariste, et Brian Augustyn, responsable éditorial, de reconstruire Wally West et de le propulser en avant.

Depuis quelques numéros, Flash, assisté d’Impulse avec qui il ne s’entend guère, affrontent la menace de Kobra, groupuscule terroriste fort conciliant qui se prête toujours au jeu dès que l’on a besoin de comploteurs en uniforme projetant de régner sur un tas de cendres. Dans le #94, dessiné par Carlos Pacheco avec l’énergie à laquelle il va nous habituer, les auteurs se concentrent sur la formation de Bart Allen, sur l’apparition d’Argus qui évoque Kobra, sur un combat contre Abra Kadabra et sur l’apparition, en dernière page, de Waverider.

S’ensuit un voyage dans le temps au cours duquel Wally revoit certains instants importants de sa vie, y compris la rencontre avec un inconnu qui saura lui donner les encouragements qu’il faut, et bien sûr le moment fatidique où il a acquis ses pouvoirs. Ce numéro 0 est dessiné par Mike Wieringo, qui cède ensuite la place à Salvador Larroca, deuxième représentant d’une vague espagnole qui va transformer le titre. Wieringo reste cependant au poste de dessinateur de couverture.

Revenant dans le présent, Wally aperçoit des morceaux du passé, mais également un bref aperçu de l’avenir proche, un avenir terrible dont il ne veut pas parler à ses amis, et surtout pas à Linda, sa compagne. Mais il sait que la tragédie à venir est liée à Kobra, et il entreprend de terroriser l’organisation afin qu’elle quitte la zone. Hélas, l’aide maladroite et emportée d’Impulse contrarie ses projets, suscite la colère de Kobra, et inquiète encore plus Flash. Ce dernier accélère afin de mener sa mission à bien, ce qui déclenche chez lui une métamorphose.

Cette poussée de pouvoir lui fait prendre conscience qu’il doit prendre des mesures afin d’assurer la sécurité de Linda, et il décide de rassembler ses amis Bolides afin de donner un enseignement correct au benjamin, Impulse.

On ne peut pas réellement dire que ça fonctionne et Wally finit par user d’un stratagème retors en confiant le rôle de Flash à Jesse Quick, ce qui est censé secouer l’ego d’Impulse.

Dans le même temps, et tout en faisant avancer l’affaire Kobra, Waid et Augustyn se penche sur Max Mercury, le « maître zen de la vitesse », personnage introduit dans la saga « Return of Barry Allen » mais à qui ils n’avaient pas encore consacré d’origines. Ils décident donc de lever le voile sur son passé, reliant le mentor des Bolides au Far-West et aux Indiens d’Amérique : il s’avère donc plus vieux qu’on ne pensait. C’est aussi un moyen de développer et d’expliquer un concept qui commence à émerger dans la série mais qui est encore un peu flou, celui de la « Speed Force », parfois encore appelé « Speed Field ».

Dans Flash #98, Keystone City est confinée sous une cloche d’énergie générée par Kobra, Jesse Quick est la nouvelle Flash, et Wally comprend que la vision prophétique qui le hante ne le concerne pas directement, mais concerne Linda.

Flash #99 et 100 marquent le conflit entre les Bolides et Kobra. Graphiquement, c’est le moment où Carlos Pacheco revient, partageant les pages avec son compatriote Larroca. Ce dernier travaille dans un style inspiré de Jim Lee, dont il singe (parfois maladroitement) les tics graphiques, mais cela donne de la force à l’action et de la beauté aux personnages. Pacheco, quant à lui, explose tout : les corps sont tordus, les visages grimacent, les cases s’étirent. Il affectionne notamment les vignettes verticales, qui accentuent le drame et donne un sel particulier aux gros plans.

À la fin de l’épisode 99, Wally fait une dernière accélération afin sauver Linda. Mais la métamorphose esquissée quelques chapitres plus tôt reprend, et il se dissout dans la vitesse, dans ce fameux « Speed Field » encore incertain.

C’est bien sûr l’élément déclencheur de l’héroïsme d’Impulse, enfant grandi trop vite qui n’a pas encore appris le sens des responsabilités et qui vit très mal qu’on lui donne des leçons. Le scénariste et le responsable éditorial, qui se sont aperçus qu’ils avaient fait de Wally un mentor, à l’exemple de Barry, sont parvenus cependant à donner au héros à son pupille un destin et une personnalité très différents (à ce titre, la préface d’Augustyn et la postface de Waid, présentes dans cette édition de 1995, sont assez intéressantes). Et ils trouvent en Pacheco un illustrateur incroyable pour les scènes les plus emblématiques de la saga.

L’épisode 100 a la particularité de faire intervenir de nombreux héros qui, chacun sur son terrain, viennent interrompre les visées d’une cellule de Kobra. et à Keystone City, c’est un dernier bastion de héros qui affronte les armées de l’organisation terroriste, avec une Linda bien vénère mise en scène sans retenue par Pacheco (encré par Oscar Jimenez, et on sent bien que certaines planches sont quasiment dessinées par ce dernier).

L’autre particularité est que ce numéro « anniversaire », doté d’une couverture gadget, ne fait intervenir le héros titre qu’à la toute fin. Perdu dans la Force Véloce, Wally est parvenu à revenir, à s’ancrer dans le monde réel, guidé par le phare qu’est l’amour que Linda lui porte.

L’emploi des séquences muettes et des pleines pages est très judicieux et met bien en valeur les moments forts de cette saga qui représente un tournant dans l’histoire du héros et dans la prestation de Waid. Car désormais, la « Speed Force » est plus ou moins définie, et l’équipe éditoriale saura en tirer le meilleur sel.

Jim

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