RÉÉDITIONS MARVEL : TPBs, omnibus, masterworks, Epic…

J’ai lu hier soir la mini-série de 1993, dans laquelle Roy Thomas renoue avec ses personnages, plus d’une vingtaine d’années après l’arrêt de la série Invaders. Ces quatre épisodes sont compilés à la fin du sommaire d’Invaders Classic 4.

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Il y a dans ce récit un sentiment de redite. En soi, l’intrigue n’est ni stupide ni incohérente, en tout cas pour du super-héros Marvel : les Envahisseurs interviennent dans la rade de New York alors qu’un sous-marin allemand tente de couler un navire américain. Ils rencontrent alors Battle-Axis, un groupe de surhommes dirigé par le Doctor Death. Ce premier affrontement tourne à l’avantage des méchants, que l’on retrouve par la suite opposés à Whizzer et à Miss America. Le Bolide est vaincu et enlevé, et sa compagne échappe à ses poursuivants afin de prévenir leurs alliés. Fin du premier épisode.

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Ça va vite, c’est plutôt sympa, Roy Thomas est bavard mais il n’en fait pas des caisses comme c’était le cas dans les années 1970-1980. Dave Hoover livre des planches fidèles à sa réputation : c’est un peu mystérieux, Hoover, il pourrait dessiner bien et raconter proprement, on sent l’influence de Neal Adams, mais là, il officie dans la mouvance hachurée des vedettes de l’époque, et il finit par faire du sous-Liefeld, avec des mâchoires crispées, des personnages qui occupent inutilement la moitié de la planche de la planche et des cases qui se superposent à la limite de l’illogique. La rencontre d’une jolie case est toujours ternie par celle d’une page incompréhensible sans le bullage.

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L’impression de redite est bien entendu accentuée par la lecture du TPB, qui colle ces épisodes de 1993 à la suite du dernier épisode de la série, datant de 1980 je crois. Je rappelle qu’à la fin de la série régulière, Lady Lotus avait réuni tous les adversaires des héros dans une tentative de renversement du pouvoir.

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Cette fois-ci, Doctor Death fait de même. Non pas par l’hypnose, mais en faisant appel aux mauvais penchants d’anciens héros qui tournent mal. Et non pas pour déstabiliser l’Amérique mais dans le but de provoquer une catastrophe « naturelle » visant à affaiblir le pays. Mais dans les grandes lignes, c’est la même chanson.

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Reconnaissons cependant que Roy Thomas est généreux. Dans les trois autres épisodes, il nous présente Silver Scorpion, une nouvelle héroïne équipée d’une armure dernier cri, ramène le Golem que l’on avait croisé dans les épisodes de Robbins (ce qui ne manque pas de susciter quelques interrogations : un héros Juif travaillant pour un Américain vendu aux nazis ? Interrogations hélas sans suite) et ramène Vision, celui des années 1940, pour un petit tour de piste.

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L’ensemble est un peu rapide parfois, certains éléments semblent une fois de plus présents afin de faire avancer l’histoire et de remplir les pages (Silver Scorpion n’est qu’ébauchée), et le scénariste s’échine à éclairer la continuité, notamment en donnant une identité à Doctor Death qui le rattache à l’histoire de Human Torch.

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Néanmoins, on sent bien que Thomas est surtout guidé par l’envie de travailler sur la continuité, un peu au détriment de son casting. La dernière séquence est éloquente : il abandonne les membres du Battle-Axis ou le Golem à leur sort mystérieux, à charge pour le lecteur de se faire une idée.

L’intégrale d’Invaders (il manque encore un What If qui, je crois, est présent dans la réédition en deux volumes) par Roy Thomas finit donc sur une note mitigée, cette mini-série mettant en avant davantage les défauts que les qualités de la série mensuelle, dans un traitement graphique loin du charme suranné du dessin de Robbins.

Jim