Ou sinon (probablement plus à jour) :
https://marvel.fandom.com/wiki/Category:Human_Torch_(Android)_(Earth-616)/Appearances
Ou sinon (probablement plus à jour) :
https://marvel.fandom.com/wiki/Category:Human_Torch_(Android)_(Earth-616)/Appearances
oui mais alors pour certains persos on peut pas avoir juste la liste et là c est pas trés lisible…
Mais oui 19 ca reste le record en comics moderne… derriere y a All-New Invaders avec 15#
Hop, j’ai repris la lecture de mon intégrale Invaders en quatre tomes.
Et je me rends compte que, quand même, les comics de 1980, c’était nettement plus dense et copieux que ceux d’aujourd’hui. Constatation que je fais souvent, mais là, en pleine période de confinement, après avoir englouti quelques TPB récents, cette plongée dans la série me rend l’évidence encore plus frappante. Le temps de lire un chapitre de 17 pages écrit par Roy Thomas à l’époque, j’ai le temps de boulotter deux ou trois chapitres de 20 ou 22 planches d’aujourd’hui. L’effet est saisissant.
Et l’effet corollaire, c’est une profonde immersion dans le récit. Même si les chapitres de l’époque sont plus courts que ceux auxquels nous sommes habitués, la densité, graphique et textuelle, nous conduit à fréquenter de près les personnages, et donc à les connaître un peu plus. On ne peut pas dire que les choses soient superficielles.
Nous en étions restés à l’Annual #1, dans lequel apparaît l’Agent Axis (raison de ma relecture), ainsi que deux autres vilains, et où les Envahisseurs sont projetés dans le temps afin d’affronter les Vengeurs dans le cadre du pari engagé entre Kang et le Grand Master. Moment sympathique durant lequel Roy Thomas cumule le meilleur et le pire. Comme je le laissais entendre dans mon précédent commentaire, c’est un peu un tournant dans la série. Mais de chouettes moments, celle-ci en a encore en réserve.
L’action reprend alors que les héros se portent au secours d’un soldat capturé par des agents nazis. On découvre rapidement que le bidasse en question s’appelle Biljo White, et qu’il est le dessinateur d’une série de comics intitulée Major Victory. Dans les pages de son œuvre, il raconte comment son héros, ce fameux Major Victoire, a profité d’une expérience afin de créer un « super-soldat ». Il n’en faut pas moins pour que les suppôts du Reich se mettent en tête qu’il connaît des secrets d’États, secrets qu’ils pourraient mettre à profit afin de créer d’autres surhommes à la solde du régime (comme si Master Man ne suffisait pas).
Sur ce postulat un peu inepte mais rigolo, et permettant une mise en abyme toujours amusante, Roy Thomas construit une course à l’échalote qui conduit les héros en Allemagne afin de récupérer le soldat perdu.
Parallèlement, le scénariste fait revenir Dyna-Mite, héros lilliputien membre des Crusaders, que l’on a vu quelques épisodes plus tôt. Visiblement amoché, le tom pouce local lance certains alliés du groupe (la famille Falsworth, en gros) dans une quête assez imprécise, dont on sent que Thomas improvise les détails au fur et à mesure. On apprend en l’occurrence que Dyna-Mite est en fait Roger Aubrey, un ami de la famille, pote de longue date de Brian Falsworth, le fils disparu du clan. Au fil du récit, on découvre qu’il a perdu la mémoire à la suite du lavage de cerveau infligé par les nazis afin de rendre plus crédible encore la constitution des Crusaders. Et si les autres membres du groupe (à part le Spirit of 76) disposaient de pouvoirs artificiels, Roger n’a pas récupéré sa taille normale à la dissolution de l’équipe. Pire, il n’a pas retrouvé ses souvenirs. Donc, Lord Falsworth et Lady Jacqueline, devenue Spitfire, se rendent en Allemagne afin de retrouver le savant qui a fait de Dyna-Mite son cobaye, pour qu’il lui rende la mémoire.
Roy Thomas commet plusieurs maladresses dans le cadre de cette saga, qui pourtant ne manque pas de souffle. D’une part, il mélange deux intrigues, qui auraient très bien pu constituer le menu principal de deux sagas séparées. La conséquence en est que tout ce qui concerne Roger Aubrey passe au second plan, comme un récit de fond à l’importance moindre, uniquement là pour meubler, alors que les épisodes sont déjà bien remplis et n’ont pas besoin de cet artifice. Ensuite, il se trouve que la quête des Falsworth les conduit au même endroit que nos amis Envahisseurs, et tout ce petit monde se croise dans la même rue de la même ville au même moment. Enfin, le scénariste entre à ce moment dans une boucle de complexité où il se sent obligé de redéfinir constamment une partie de son casting, de préciser les origines et de lancer ses personnages dans un jeu de chaises musicales qui, à terme, finit par les déprécier.
Parce que Thomas en rajoute. En effet, opérant derrière les lignes ennemis, Captain America rencontre le Destroyer, un vieux personnages (dont la légende dit qu’il s’agit de la première création de Stan Lee). Ce dernier s’avère être le fils Falsworth porté disparu. Mais lors de la baston finale à Berlin, il « meurt » dans une explosion. Sauf que non : il endosse l’identité de son père, à savoir Union Jack, et reprend le combat. De son côté, Roger Aubrey, retrouvant en partie la mémoire (et entièrement sa taille d’origine), décide d’abandonner son identité de Dyna-Mite et de devenir le nouveau Destroyer, retournant en Allemagne combattre les nazis sur leur terrain.
Entre-temps, plusieurs personnages nouveaux ont fait leur apparition. Outre Biljo White, il y a le savant ayant oblitéré la mémoire de Roger, ou encore Oskar, le chauffeur allemand ami des Falsworth. Tous autant qu’ils sont, ils seront oubliés à l’issue de cette saga, qui se conclut dans l’épisode #21 (celui-ci et le précédent présentant des rééditions de Sub-Mariner par Bill Everett). Cela témoigne aussi de la manière dont Roy Thomas construit ses intrigues, en sortant de son chapeau des éléments dont l’intérêt se limite à leur capacité à faire avancer artificiellement le récit.
Restera néanmoins quelques moments sympathiques, dont la création de l’accorte, délicate et souriante Warrior Woman n’est pas le moindre. Ainsi, le scénariste, fort aidé par le sens de la caricature dans le trait de Robbins, dresse le portrait d’un Adolf Hitler assez clownesque, toujours hurlant, tambourinant sur le bouclier de Captain America fraîchement confisqué. La séquence durant laquelle le Führer suggère à Master Man et Warrior Woman de s’unir en vue d’engendrer une race de bébés surhommes n’est pas piquée des hannetons, non plus.
Et puis surtout, la saga se conclut sur une péripétie de choc : Toro est blessé. Il faut comprendre « blessé » au sens marvélien du terme, à savoir que le jeune héros est dans un état tel qu’un seul chirurgien surdoué au monde est capable de l’opérer. Roy Thomas enquille alors sur une nouvelle saga qui mélange, avec un peu plus de bonheur cette fois, son goût pour la continuité, sa volonté de peupler la série de héros bigarrés, et un propos politique assez intéressant.
En effet, après un épisode où il réécrit les origines de Toro (était-ce utile ?), et pendant que Bucky part chercher le médecin aux talents aussi uniques qu’inespérés, les Envahisseurs se retrouvent en Égypte. Là, ils doivent lutter contre l’assaut des blindés nazis tout en affrontant la menace d’un nouveau méchant, le Scarlet Scarab (et il faut avouer que ce scarabée écarlate a une certaine gueule). Territoire anglais à l’époque, l’Égypte est au centre des dialogues, et Namor ne se prive pas de tenir un discours anti-colonialiste (rétrospectif, bien entendu, nous sommes en 1977) qui ne manque pas de froisser les Falsworth.
Plus intéressant encore, Bucky découvre que le chirurgien qu’il cherche est d’origine japonaise et, à ce titre, fait partie des citoyens américains sommairement parqués dans des camps de détenus dont la vision horrifie les héros. Bucky et ses équipiers découvrent le racisme qui gangrène leur pays, et prennent assez mal cette révélation.
Dans ce contexte, Roy Thomas signe une petite trilogie dans laquelle l’Agent Axis, de retour, surgit, lui aussi intéressé par les talents du chirurgien. En effet, l’espion nazi, constitué je le rappelle de trois hommes aux nationalités différentes, commence à perdre la tête et souhaiterait être « redivisé ». Un enchaînement de péripéties qui touchent souvent au hasard et confinent parfois à la facilité d’écriture fait que deux nouveaux personnages sont mêlés à l’affaire. Et quand la machine qui devait rendre à l’Agent Axis ses trois identités séparées explose, les énergies libérées donnent des facultés supérieures à deux jeunes héros, qui décident, à la fin de la saga, de fonder les Kid Commandos avec Bucky et Toro.
On signalera au passage que la série connaît sans doute des soucis de production, voire des retards. En effet, si les épisodes 20 et 21 sont pour moitié composés de rééditions, le 24 est intégralement un reprint. Marvel connaît des soucis de régularité à l’époque, et la série en pâtit. Dans la foulée, l’épisode 29 marque un tournant : Frank Robbins quitte la série (et Gil Kane n’assure plus les couvertures). Graphiquement, si le dessin, assuré par Alan Kupperberg (et parfois Don Heck), avec un encrage de Frank Springer puis Chic Stone, s’avère plus réaliste, la série perd aussi son caractère unique, dû en grande partie aux personnages contorsionnistes qu’affectionnait Robbins. En un mot, elle devient banale.
S’ensuivent donc un diptyque opposant le groupe (qui accueille désormais Union Jack et Spitfire) au Teutonic Knight (un méchant qu’ils ont déjà rencontré dans des flash-backs, narration un peu lourde s’il en est), un épisode de souvenir où Captain America raconte une mission passé (chapitre écrit par Don Glut, faisant intervenir un Monstre de Frankenstein et servant là aussi à remplir en attendant mieux), un diptyque avec Thor, manipulé par Hitler en vue de liquider Staline, récit témoignant de la volonté de Roy Thomas de répondre (maladroitement) à des questions que personne ne s’était posé avant lui (ici : mais que faisait le dieu nordique / wagnérien alors que le Führer dénaturait la mythologie ?) et une histoire dans laquelle le Destroyer est à nouveau maltraité (cette fois-ci, Roger Aubrey est retenu prisonnier par Master Man qui a pris son identité afin de ruiner la réputation de ce héros pourtant censé être clandestin).
Après ce passage à vide, la série va entamer sa dernière ligne droite. De retour en Amérique, les Envahisseurs retrouvent Whizzer et la Légion de la Liberté, et affrontent Iron Cross, un Allemand en armure volante. C’est l’occasion pour Roy Thomas de s’interroger sur le sort des Américains d’origine allemande, et de faire le portrait d’un patriote qui ne se reconnaît pas totalement dans les idéaux nazis. Ce n’est pas très adroit ni très poussé, mais la tentative a le mérite d’exister.
Cela nous mène au #37, dont la dernière page nous présente Lady Lotus, une asiatique disposant de pouvoirs mentaux qui jette son dévolu sur les ennemis du groupe, dans l’intention de renverser le pouvoir en Amérique et de se venger du pays qui a fait subir à ses compatriotes d’origine japonaise un sort misérable. C’est l’occasion de rassembler de nombreux adversaires des Envahisseurs (U-Man, Master Man, Warrior Woman, le Baron Blood…) dans une dernière bataille rangée qui, même si elle est dessinée par Alan Kupperberg, ne manque pas de souffle.
La série retrouve de l’énergie pour cette dernière livraison (l’ultime numéro contient une quarantaine de pages et sort en septembre, quatre mois après le précédent). Roy Thomas a une belle idée en guise de conclusion : vaincue, Lady Lotus s’enfuit, mais rencontre sur son chemin un personnage dissimulé sous un parapluie. Il s’agit en réalité de Yellow Claw. Cela constitue un sympathique clin d’œil à l’histoire des comic books. En effet, le complot asiatique aura droit à sa propre série (assez courte) dans la deuxième moitié des années1950, qui est considérée comme l’une des pierres fondatrices du renouveau des super-héros (en général, et surtout chez Atlas / Marvel). Conclure Invaders sur cette petite note, c’est renvoyer, assez élégamment, à la continuité et à l’histoire éditoriale, tout en signifiant que les Envahisseurs ont fait leur temps, et que les nazis seront remplacés par d’autres menaces. Une jolie fin, une boucle qui se boucle.
Allez, rendez-vous est donné, dans un jour ou deux, pour un commentaire sur la mini-série Invaders des années 1990, qui conclut le quatrième tome de cette intégrale.
Jim
Si je comprends bien cette phrase, pendant que tu lis des vieux comics, tu en manges des récents ?
Plus sérieusement, l’écart est impressionnant entre la densité des récits des années 70 et ceux d’aujourd’hui. Pour raconter la même chose qu’un single de l’époque, on fait désormais une mini en quatre numéros…
C’est normal que ce soit la couv’ britannique ? Il y a une différence entre les versions US et UK ?
Ah, et tu as mis deux fois la couv’ du 31 (avec le monstre de Frankenstein)… Je suppose que l’une des deux remplace une autre image que tu voulais mettre.
Sinon, concernant le contenu de ton message, ben… Encore une fois, tu donnes envie de lire tout ça (bon, certains passages plus que d’autres, évidemment, mais dans l’ensemble, tu le vends bien) !
Tori.
Ouais, mais je me demande bien laquelle.
Bon, c’est corrigé.
Merci.
Jim
J’ai lu hier soir la mini-série de 1993, dans laquelle Roy Thomas renoue avec ses personnages, plus d’une vingtaine d’années après l’arrêt de la série Invaders. Ces quatre épisodes sont compilés à la fin du sommaire d’Invaders Classic 4.
Il y a dans ce récit un sentiment de redite. En soi, l’intrigue n’est ni stupide ni incohérente, en tout cas pour du super-héros Marvel : les Envahisseurs interviennent dans la rade de New York alors qu’un sous-marin allemand tente de couler un navire américain. Ils rencontrent alors Battle-Axis, un groupe de surhommes dirigé par le Doctor Death. Ce premier affrontement tourne à l’avantage des méchants, que l’on retrouve par la suite opposés à Whizzer et à Miss America. Le Bolide est vaincu et enlevé, et sa compagne échappe à ses poursuivants afin de prévenir leurs alliés. Fin du premier épisode.
Ça va vite, c’est plutôt sympa, Roy Thomas est bavard mais il n’en fait pas des caisses comme c’était le cas dans les années 1970-1980. Dave Hoover livre des planches fidèles à sa réputation : c’est un peu mystérieux, Hoover, il pourrait dessiner bien et raconter proprement, on sent l’influence de Neal Adams, mais là, il officie dans la mouvance hachurée des vedettes de l’époque, et il finit par faire du sous-Liefeld, avec des mâchoires crispées, des personnages qui occupent inutilement la moitié de la planche de la planche et des cases qui se superposent à la limite de l’illogique. La rencontre d’une jolie case est toujours ternie par celle d’une page incompréhensible sans le bullage.
L’impression de redite est bien entendu accentuée par la lecture du TPB, qui colle ces épisodes de 1993 à la suite du dernier épisode de la série, datant de 1980 je crois. Je rappelle qu’à la fin de la série régulière, Lady Lotus avait réuni tous les adversaires des héros dans une tentative de renversement du pouvoir.
Cette fois-ci, Doctor Death fait de même. Non pas par l’hypnose, mais en faisant appel aux mauvais penchants d’anciens héros qui tournent mal. Et non pas pour déstabiliser l’Amérique mais dans le but de provoquer une catastrophe « naturelle » visant à affaiblir le pays. Mais dans les grandes lignes, c’est la même chanson.
Reconnaissons cependant que Roy Thomas est généreux. Dans les trois autres épisodes, il nous présente Silver Scorpion, une nouvelle héroïne équipée d’une armure dernier cri, ramène le Golem que l’on avait croisé dans les épisodes de Robbins (ce qui ne manque pas de susciter quelques interrogations : un héros Juif travaillant pour un Américain vendu aux nazis ? Interrogations hélas sans suite) et ramène Vision, celui des années 1940, pour un petit tour de piste.
L’ensemble est un peu rapide parfois, certains éléments semblent une fois de plus présents afin de faire avancer l’histoire et de remplir les pages (Silver Scorpion n’est qu’ébauchée), et le scénariste s’échine à éclairer la continuité, notamment en donnant une identité à Doctor Death qui le rattache à l’histoire de Human Torch.
Néanmoins, on sent bien que Thomas est surtout guidé par l’envie de travailler sur la continuité, un peu au détriment de son casting. La dernière séquence est éloquente : il abandonne les membres du Battle-Axis ou le Golem à leur sort mystérieux, à charge pour le lecteur de se faire une idée.
L’intégrale d’Invaders (il manque encore un What If qui, je crois, est présent dans la réédition en deux volumes) par Roy Thomas finit donc sur une note mitigée, cette mini-série mettant en avant davantage les défauts que les qualités de la série mensuelle, dans un traitement graphique loin du charme suranné du dessin de Robbins.
Jim
Excellente, celle-ci !
C’est un clin d’œil discret à Avengers #57 dont elle reprend le principe.
Et pour le coup, les hachures et les ombres font que Hoover travaille ici plus en référence à un Art Adams ou un Mike Mignola qu’à un Rob Liefeld. Ce qui donne un résultat plutôt sympathique.
Jim
Oui, oui, j’avais percuté (pour une fois). D’où le côté sympa de la chose et qui a fait que je l’ai trouvée excellente !
Tout à mes relectures, pris dans l’élan, j’ai ressorti récemment le recueil Invaders: Eve of Destruction. Présentant les héros de la Seconde Guerre mondiale si chers à Roy Thomas, ce volume compile en réalité les sept épisodes de la série Marvel Universe, une éphémère série de la fin des années 1990, qui connaîtra quelques déclinaisons cachées sur lesquelles on reviendra.
Mais allons-y morceau par morceau.
Eve of Destruction arbore une couverture reprenant celle que Carlos Pacheco a dessinée pour le premier numéro, et dans laquelle s’agite Sub-Mariner, Captain America et Human Torch. Ces trois héros sont au centre d’une histoire en trois épisodes, première livraison de la série anthologique Marvel Universe. L’action se passe à la hauteur de la fin de la série Invaders de Roy Thomas, puisqu’il est admis que Union Jack et Spitfire sont des membres réguliers, que Whizzer est un allié proche, que Bucky n’est pas toujours avec Captain America, et que de toute façon ça se passe après la rencontre avec Thor.
Revenons un instant sur le postulat ayant prévalu à la naissance de Marvel Universe. La série voit le jour à l’instigation du responsable éditorial Tom Brevoort et du scénariste Roger Stern. Le projet vise à proposer des histoires situées dans des périodes lointaines ou des recoins du fameux univers Marvel, et d’éclairer quelques zones d’ombres (on y reviendra, dans ce post ou dans d’autres). Stern est un fin connaisseur de la continuité Marvel et il est nanti d’un solide bon sens qui lui permet d’expliquer les contradictions et incohérences qui finissent par s’accumuler sur les récits à l’image d’une poussière grisâtre ternissant le verni des ans. C’est l’homme de la situation, capable d’évoquer de nombreux personnages et de donner de la crédibilité à plein de choses. Allons droit au but, la série, publiée en 1998, dans une période troublée de l’histoire de l’éditeur, n’a pas trouvé son public, ne laissant que deux histoires, aussi agréables l’une que l’autre.
Dans le premier volet de la série, les Envahisseurs sont confrontés à une enquête fédérale, astuce assez bienvenue qui permet au scénariste d’expliquer qui sont les protagonistes, de revenir sur les origines des trois héros, de replacer plusieurs personnages secondaires dans un contexte dépoussiéré, le tout avec sa fluidité proverbiale. En parallèle à ces portraits, Stern met en scène le Baron Strucker, qui avance ses pions (sous le regard mi-amusé mi-méfiant du Crâne Rouge) et prépare l’émergence de son organisation Hydra. Stern convoque de nombreuses images remontant parfois aux Captain America Comics de Simon et Kirby (je fais le malin, mais je dois bien avouer que les notes qu’il a lui-même rédigées, et qui sont reproduites en fin de TPB, sont d’une grande aide). Il donne de la cohérence à un univers de fiction qui a été forgé sur plusieurs décennies (l’apparition de Captain Savage en est un signe).
Si le reste de l’intrigue est assez simple (les Envahisseurs repèrent la base flottante des méchants grâce à l’infiltration de Whizzer, ça se bastonne, ladite base, sorte d’équivalent sous-marin de l’héliporteur du SHIELD, explose, Strucker s’échappe, les héros sont soulagés d’avoir empêché le camp adverse de s’emparer de ce qui va devenir l’arme atomique), l’astuce de Stern est mémorable. Il déploie des trésors de finesse afin de rendre acceptables des idées qui ont vieilli, et de donner à l’ensemble cohérence et accessibilité.
Car tout repose sur une idée forte : Strucker a voyagé dans le futur où il a découvert l’Amérique de l’après-guerre. S’emparant de livres d’histoire, il est revenu dans le passé (enfin, son époque à lui, quoi…), misant sur le fait que cette connaissance nouvelle lui permettra de s’émanciper de l’influence de Hitler et de s’emparer du pouvoir. Et comment il a pu accéder à une machine temporelle ? En suivant de près l’assistant du Professeur Olsen, ce savant qui est parvenu à matérialiser Thor dans le quartier général de Hitler, tel que nous l’a raconté Roy Thomas. Ce dernier nous avait laissé entendre que l’assistant en question était Victor Von Doom. À la toute fin des années 1970, il était encore admissible que le dictateur de Latvérie pouvait avoir connu la Seconde Guerre mondiale, à une époque où il était encore admis que Richards et Grimm avaient servi sur le front (même si les glissements de temps situaient plutôt l’action en Corée, quelques années plus tard). Quoi qu’il en soit, en capillotractant, il était possible d’imaginer que ce bon Victor ait vu le régime nazi envers lequel il ait pu nourrir une rancœur évidente.
Mais en 1998, toujours pour les mêmes raisons de glissement dans le temps de l’espace narratif dans lequel évoluent les super-héros, ça devient de plus en plus dur à croire. Stern a donc l’idée de préciser la chose suivante : Doom, maîtrisant déjà la technologie temporelle, s’est rendu dans le passé avec à l’esprit l’idée d’abattre Hitler qui a fait subir au peuple gitan, dont il est issu, les pires tourments. Si le dictateur a changé d’idée en cours de route, c’est en parti dû à son ego surdimensionné. Mais le changement par rapport à l’épisode de Thomas, transformer le jeune savant défiguré et simple observateur en voyageur du temps, et donc déplacer le personnage dans les époques, s’avère fructueux. Cela permet d’expliquer pourquoi un Victor couvert de bandages se trouve en Allemagne en plein conflit mondial (sans avoir besoin de le vieillir), information que Thomas, à l’époque, n’avait pas jugé bon de détailler. Roger Stern parvient donc à renforcer la logique des épisodes de son prédécesseur tout en huilant les mécanismes de son propre récit.
Tel est l’enjeu caché de la série Marvel Universe, qui offre la possibilité au fan de voyager dans la continuité et d’en découvrir certains secrets, mais qui propose par la même occasion de donner une explication annexe ou de projeter un éclairage sur un élément imprévu, qui se rajoute au programme. Le caractère anthologique du sommaire et la volonté éditoriale de s’éloigner des grandes vedettes du moment (les mutants en premier lieu) ont joué en défaveur du projet, ce qui est fort dommage.
Ces trois épisodes, qui ont droit à des couvertures de première bourre, sont illustrés par Steve Epting. À l’époque, il dessine encore avec une énergie folle, il n’est pas encore passé par la case CrossGen, et son style ne s’est pas encore nappé d’une obsession réaliste et photographique qui a figé son trait. Il tire les meilleures leçons possibles de l’approche « à la Jim Lee », sans tomber dans ses travers pleins de hachures. L’ensemble a une vigueur qui fait plaisir à voir. L’encrage d’Al Williamson, qui renforce les ombres et les contrastes, ainsi qu’un découpage classique mais pertinent, donne parfois l’impression qu’on a affaire à un Lee Weeks en bonne forme.
Une bonne aventure des Invaders, une idée astucieuse, un vilain impressionnant, une vision limpide de la continuité et une réécriture qui améliore et éclaircit ce qu’on sait déjà : carton plein pour cette première partie de la série.
Rendez-vous demain pour la deuxième partie.
Jim
Tiens j avais eu le Tp en promo chez Pulp’s pour remplacer mes floppies…
je l ai repris puisque tu en parlais et ayant relu Marvels Project il y a 15 jours… le 1er numero y ressemble beaucoup (epting oblige mais pas que)… Rigole de voir des evenements reracontés et modifiés…
(oui je suis dans un Human Torch cycle… New Invaders, Marvels project et là le Heroes for Hire de Ostrander)
Tout n’est pas formidable dans ces derniers, mais il y a une belle énergie.
Jim
oui j aime bien… j aimerais ensuite enchainer sur les autres Heroes Reborn (Palmiotti puis DNA)
Le TPB Invaders: Eve of Destruction (tirant son titre du troisième épisode) contient donc également les quatre chapitres (donc Marvel Universe #4 à 7) consacrés à un groupe de héros affrontant des monstres géants et rassemblant Ulysses Bloodstone, le Doctor Druid, l’agent Jake Curtiss (dont la véritable identité constituera l’un des fils rouges de l’intrigue) et la guerrière wakandaise Zawadi.
Comme évoqué plus haut, le lancement de la série, par Tom Brevoort et Roger Stern, a été axé autour des trois héros considérés comme fondateurs de l’univers Marvel. C’était donc en toute logique que la série Marvel Universe commençait « par le début », en quelque sorte. Mais avec cette deuxième intrigue, elle rentrait dans le vif du sujet, relevait le défi éditorial de base, à savoir explorer les périodes méconnues de ce monde de fiction. Et justement, puisque le temps glisse régulièrement à mesure que les années passent dans le monde réel (selon le principe qui veut que l’envol de Reed Richards et de ses amis date de dix ans environ), la période qui s’étale entre la fin du conflit mondiale (disparition de Captain America, amnésie de Namor, désactivation de Human Torch) s’élargit, nécessitant que les auteurs la comblent avec des histoires inédites, recourant comme de juste à des personnages soit immortels soit dotés d’une longévité accrue.
Pour ma part, cette deuxième saga m’a véritablement emballé à sa sortie, pour plusieurs raisons. Stern, bien sûr. La présence de Mike Manley au dessin ou à l’encrage de ces quatre épisodes (aidé par Blevins ou Armstrong), ce qui confère au récit une ambiance entre Jack Kirby et Bruce Timm du meilleur tonneau. Et enfin, la perspective de retrouver certains des grands monstres de la période Atlas. C’est là que la série trouve son (éphémère) identité. En effet, les éditeurs de bandes dessinées américains ont tous leur panthéon de super-héros de la Seconde Guerre mondiale. Mais les grands monstres, c’est une spécialité Marvel, et l’équipe éditoriale travaille ici sur l’identité même de cet univers de fiction.
Et puisque l’on parle de cette période de « vide » au sein de la continuité, cette ère des grands monstres occupe l’essentiel de cet entre-deux dans l’histoire des justiciers costumés. Ils deviennent une espèce de premier plan dans la mythologie et l’héritage de Marvel, et Brevoort en est bien conscient puisqu’il convoque un florilège d’illustrateurs pour la couverture composite du numéro 4 : Joe Quesada et Jimmy Palmiotti, Dan Brereton, Duncan Fegredo, Walt Simonson, Scott McDaniel, Bruce Timm, Michael Golden et Scott Elmer, et enfin Mike Manley. Période concentrée sur quelques années dans le monde réel, elle profite d’une expansion par le biais du glissement temporel évoqué plus haut, devenant la menace principale de cette zone floue qu’il faut combler a posteriori.
Ici, avec Ulysses Bloodstone (personnage des années 1970 qui est considéré comme immortel tant qu’il dispose du joyau incrusté dans sa poitrine…) et le Doctor Druid (dont les limites des capacités acquises à la suite d’une initiation mystique sont floues), Brevoort et Stern disposent de deux personnages susceptibles d’occuper cette période « creuse ». Le mystérieux Jake Curtiss (donc le pseudonyme rappellera aux plus attentifs d’entre vous celui d’un dessinateur qui a utilisé un nom voisin avant de se faire connaître autrement) est quant à lui un héros aux multiples dénominations, puisque, après deux chapitres de mystère, il se dévoile, dans la troisième partie, sous l’apparence de Hurricane, un bolide véloce de l’Âge d’Or, en qui Bloodstone reconnaît aussi Mercury, autre personnage des années 1940, créé par Simon et Kirby (ce qui permet à Stern de faire d’une pierre deux coups). Quant à Zawadi… disons simplement que les Wakandaises connaissent certains secrets de longévité (une bonne infusion d’herbe-cœur vous aidera à vous faire une idée).
Tout commence alors que le Doctor Druid se rend dans les locaux d’un club d’explorateurs d’où un importun vient d’être chassé manu militari. Il rencontre Zawadi, Bloodstone et Curtiss, ce dernier étant désireux de partager les expériences de chacun au nom de la sécurité nationale. C’est le prétexte à quelques flash-backs qui permettent de mieux connaître les personnages tout en mettant en scène de grandes cases avec des bestioles monstrueuses renvoyant à cette tradition propre à Marvel, et aussi à tout un imaginaire cinématographique associé à la Guerre froide.
L’individu refusé à l’entrée du club, du nom de Harvey Elder, tente à nouveau de rentrer et écoute subrepticement la conversation du petit groupe. Chassé à nouveau, il n’aura de cesse de les suivre, découvrant de loin l’existence des grands monstres. Convaincu que la Terre est creuse, il est persuadé que c’est là l’occasion de prouver ses dires. Sous ses allures hirsutes, Elder (qui est nommé pour la première fois dans cette série) est en réalité un vieux personnage de Marvel, dont je laisse la surprise à ceux qui n’ont pas encore lu l’histoire.
L’intrigue, justement, suit un personnage mystérieux qui réveille progressivement des grands monstres. Au fil du récit, on comprendra que ce comploteur est en réalité Kro, un Déviant connu des lecteurs de la série Eternals de Kirby (encore). Stern utilise ce genre d’informations afin de connecter des aspects un peu disparates de l’univers Marvel, tissant des liens entre les Déviants, les grands monstres, Hurricane (qui est en fait Makkari) ou encore l’Île aux Monstres. La présence de Harvey Elder permet d’éclairer (et de rendre aussi plus attachante) la figure d’un des plus vieux ennemis des Fantastic Four.
La série rend un hommage à plusieurs détentes au King Kirby, saluant plusieurs de ses créations dans un même élan, donnant de la cohérence à ces inventions disparates, quand bien même elles ont été publiées à plusieurs décennies d’écart. Au-delà cependant de ces multiples clins d’œil, les quatre épisodes remplissent largement le contrat de base, alignant une action souriante et soutenue, des références à la continuité (jusqu’à la jeune fille que Harvey Elder croise dans un bar) et la possibilité de développer des thèmes transversaux comme Stern a aimé le faire dans ses Avengers.
Confier le dessin de cette saga à Mike Manley (même s’il n’en assure l’entière partie graphique que dans le premier chapitre, cédant le crayonné à Bret Blevins ou Jason Armstrong, qu’il encre, pour les autres parties) témoigne aussi de l’attention que Brevoort et Stern accordent à l’aspect graphique, tentant d’associer une période ou un thème avec un style de dessin particulier. Epting sur les Envahisseurs ou Manley sur les grands monstres, voilà deux réussites qui promettent de belles choses pour la suite.
Sauf que de suite, il n’y en aura pas. Comme dit plus haut, la série ne trouve pas son public, et s’arrête après cette deuxième saga. D’autres histoires étaient en chantier, plus ou moins avancées, et devront attendre avant de voir le jour, sous des formes différentes. De nombreux projets tomberont dans les limbes, laissant aux amateurs de continuité et de récits bien troussés et pas tape-à-l’œil un sentiment de trop peu.
Si la série avait continué, elle aurait proposé quelques idées intéressantes, que j’évoque dans ce post (ouais, je fais des cross-overs entre les sujets de discussion, je suis fou dans ma tête, bwa-hahahaha).
Jim
Comme souvent chez les grands éditeurs qui doivent assurer une périodicité mensuelle pour un catalogue assez vaste, l’habitude a longtemps été conservée de commander des « inventory tales », des histoires destinées à être publiées si jamais l’équipe en place subissait un retard (ce qu’on appelle un « fill-in » une fois que c’est publié), et à être stockées dans un tiroir en attendant un tel usage. Ces histoires sont payées, et donc le retour sur investissement est plus long. Voire inexistant si le récit en question n’est jamais publié. Et il arrive régulièrement que les responsables éditoriaux retrouvent ces histoires et décident de les publier. Ça a notamment constitué une partie du sommaire de la légendaire série Marvel Fanfare (le Captain America de Miller, le Silver Surfer d’Englehart et Buscema, voire l’épisode de Hulk par Byrne en pleines pages, entre autres, sont trois histoires écrites et dessinées qui n’ont pourtant jamais été publiées, avant de trouver refuge dans cette formidable anthologie). Et c’est le cas aussi pour la collection « From the Marvel Vault », succession d’one-shots parus en 2011 et vendus comme de petits trésors cachés.
Ces récits concernant différents personnages (Doctor Strange, les Thunderbolts, Johnny Storm et Hulk, les Defenders ou Gambit et les Champions) sont compilés dans un TPB, sobrement intitulé Tales from the Marvel Vault. et imprimé dans la foulée, fin 2011. Chaque fascicule est accompagné d’une courte préface signée par le scénariste et dialoguiste (nuance importante) des histoires, et ces textes de présentation sont présents dans le recueil.
Ouvrant le sommaire se trouve sans doute le plus intéressant de ces récits. Il s’agit d’un épisode consacré à Doctor Strange, écrit par Roger Stern et dessiné par Neil Vokes. Les lecteurs des posts précédents ont donc aussitôt identifié l’un des récits destinés à l’origine à la série Marvel Universe, sans doute dans la foulée de l’histoire de Captain America (exploitée dans Sentinel of Liberty), donc peut-être pour l’éventuel numéro 9.
Sous une couverture de Mario Alberti, le récit nous permet de retrouver Stephen Strange alors qu’il revient du voyage à l’autre bout du monde qui a changé sa vie. De retour dans son pays d’origine, il décide de s’installer, et jette son dévolu sur une bâtisse à la mauvaise réputation… qu’il s’empresse d’acheter sans même que l’agent immobilier ait besoin de déballer son arsenal d’arguments.
Comme dans les autres histoires (celle des Envahisseurs, celles des Chasseurs de Monstres), Stern utilise des prétextes classiques afin d’amener des idées plus surprenantes. Ainsi, via le personnage de l’agent immobilier, le scénariste nous laisse croire que la maison est hantée à cause de rituels païens perpétrés dans les fondations, voire même bien avant que celles-ci ne soient posées. Mais ces allusions lorgnant vers Shining ou Poltergeist sont des diversions.
En effet, le shaman indien évoqué dans les dialogues semblait lutter contre une force extradimensionnelle à laquelle Strange, encore novice rappelons-le, va être confronté. Autre diversion, la structure du récit fait que les soupçons du lecteur peuvent se porter vers un autre ennemi du sorcier, bien connu des lecteurs de longue date. Mais là encore, c’est une feinte du scénariste.
Quand la confrontation survient, le jeune magicien utilise autant les sorts qu’il a appris auprès de l’Ancien que sa tête, et même ses muscles. Et la fin du récit place cette bataille dans le cycle d’apprentissage, sorte de dernière épreuve confirmant la place d’élève de premier ordre qu’occupe Stephen dans le cœur de l’Ancien.
Au dessin, Neil Vokes, qui a déjà dessiné Doctor Strange à l’occasion d’un numéro spécial de la série Untold Tales of Spider-Man (dont Stern avait déjà assuré les dialogues) rend un hommage graphique très agréable à Steve Ditko. Son Strange anguleux, aux traits presque asiatiques, renvoie au premier épisode dans Strange Tales. Le dessinateur réinvestit tout le catalogue d’astuces visuelles, reproduisant merveilleusement les mondes bizarres et les représentations des sorts. Il est soutenu par les couleurs rusées de Lee Loughridge, qui confère aux flash-backs des palettes différentes aux touches sépia du meilleur effet.
Constituant donc le dernier épisode de Marvel Universe qui n’ait pas trouvé refuge quelque part, cette aventure ressort donc des tiroirs à l’initiative du responsable éditorial Tom Brennan, qui s’empresse de contacter Roger Stern pour que ce dernier rédige les dialogues. Stern avait commencé l’exercice en 1998, au moment où Vokes avait réalisé les planches, mais il a entre-temps perdu le fichier. Il n’en avait rédigé que l’équivalent de deux ou trois pages, disparues depuis lors. C’est donc une douzaine d’années plus tard qu’il reprend l’histoire, donnant au récit une voix off ni trop pesante ni trop envahissante, mais qui correspond bien à la plongée intérieure que vit le magicien dans le récit.
Après ce premier épisode, le sommaire du recueil propose un récit des Thunderbolts, ou plus précisément une aventure de Jack Monroe, le Bucky des années cinquante devenu Nomad. Personnage secondaire de la série de Nicieza et Bagley, il est au centre de ce chapitre destiné à faire le point sur sa situation au cas où la nécessité d’un fill-in se présenterait. Mais Bagley étant ce qu’il est, l’occasion n’est jamais arrivée, et entre-temps Ed Brubaker a réglé son compte au personnage, rendant obsolète cette histoire. Qui trouve ici une raison d’être publiée, sous une couverture de Lee Weeks et un dessin de Derec Aucoin.
Arrive ensuite un épisode destiné à Marvel Team-Up (que l’on peut donc dater au moins de la fin des années 1980), écrit par Jack C. Harris et dessiné par Steve Ditko. Comme le veut la tradition, notamment chez Marvel, le scénariste n’a pas rédigé les dialogues (le scénario était écrit en deux fois : d’abord le découpage et l’action puis, quand les planches étaient dessinées, les dialogues, ce qui permettait à la comptabilité d’étaler les paiements pour les scénaristes), et l’équipe éditoriale se retrouve avec des planches sans texte. C’est Karl Kesel qui se charge de mettre des mots autour des images. Il rédige un texte d’introduction où il raconte son admiration pour Ditko et sa joie de pouvoir enfin « collaborer » avec son idole, occasion qui avait failli se produire des années plus tôt.
Suit un très intéressant cas d’école : dans le cadre de la série Defenders chapeautée par Kurt Busiek et Erik Larsen vers 2001, le responsable éditorial Tom Brevoort avait mis en chantier un fill-in (Busiek étant débordé et Larsen malade) qu’il avait confié à Fabian Nicieza et Mark Bagley. L’épisode n’a jamais été utilisé, et quand l’équipe éditoriale le retrouve, elle se tourne légitimement vers Busiek afin qu’il en rédige les dialogues (selon le principe énoncé plus haut). Disposant des planches, le scénariste se tourne vers Nicieza qui est hélas débordé et qui, plus étonnant, ne se souvient plus du tout de quoi cause le récit (qu’il est incapable de retrouver dans ses archives). Busiek réfléchit, regarde attentivement les planches, et trouve une idée, un brin saugrenue, mais qui fait rire Nicieza et les gens de Marvel. C’est ainsi que naît une aventure des Défenseurs dans la digne tradition frappadingue du groupe.
Pour conclure le recueil, voici une histoire durant laquelle Gambit, qui n’est encore qu’un membre de la Guilde des Voleurs et pas le super-héros mutant que l’on connaît, croise le chemin d’un groupe de héros que, personnellement, j’aime beaucoup, les Champions. L’histoire est illustrée par George Tuska, ancien dessinateur de strips d’aviation converti comme beaucoup de dessinateurs de sa génération aux super-héros. Personnellement, j’aime beaucoup son style, que j’associe à Iron Man, mais aussi au strip World’s Greatest Super-Heroes (malgré l’encrage de Colletta) que je lisais dans Télé Junior. Il se trouve en plus que Tuska a dessiné la série Champions.
Hélas, c’est un George Tuska en petite forme que l’on retrouve ici, moins inspiré même que sur son histoire de WildC.A.T.s. Certaines planches sont bordéliques, voire contradictoires, et l’on sent les efforts de Fabian Nicieza, ancien scénariste de Gambit missionné pour mettre de l’ordre dans un récit dont on se demande s’il était mal écrit au départ ou mal compris par l’illustrateur. On ne saura jamais qui est le scénariste, le script ayant disparu si l’on en croit la petite préface rédigée par l’équipe rédactionnelle. Le plaisir de retrouver les Champions, opposés ici à MODOK, est un peu entaché par la vision d’un grand dessinateur en fin de course, pas vraiment aidé par une colorisation informatique assez envahissante.
Sommaire foutraque que celui de Tales from the Marvel Vault, dont le gros morceau restera le Doctor Strange, dont l’élégance et l’amour pour le personnage transforme l’exercice du stand-alone en petite pépite (en plus de rattraper, douze ans plus tard, le manque suite à l’arrêt de Marvel Universe). L’autre belle pièce est cette aventure des Défenseurs construite de bric et de broc à dix ans d’intervalle.
Jim
Lost Generation est un peu dans la lignée…
Bona prés il y a les Avengers des 50’s de Bendis
Donc, Roy Thomas fait rétroactivement remonter à la guerre précédente la naissance des super-héros, comme le fait le récent film de Wonder Woman… J’ignorais.
Cela dit, lui et ses potes ont un peu des allures de héros de strips ou de pulps, si on veut trouver des excuses à ce glissement en arrière.
Y a pas John Steele déjà avant… Il semble que Daring Mystery comics raconte une histoire de la 1ere guerre…
en même temps c est pas clair… y compris qu il a des pouvoirs…
Je l’ai pas lu. J’ai quelques numéros, mais je crois que j’ai pas encore réussi à compléter. Va falloir que je le fasse un jour, histoire de lire l’ensemble.
Ils me font un peu penser au Club des Batmen de tous les pays.
C’est qui, le premier à s’être souvenu de lui ? Brubaker ? Avant lui, même Thomas n’y a pas pensé.
Jim