RÉÉDITIONS MARVEL : TPBs, omnibus, masterworks, Epic…

Merci pour l’info. Je cherchais en V.O mais galère à trouver :confused:

Je viens de relire l arc avec le epic qui compile les 398-410… je trouve Thomas bien plus fluide… c est horriblement bavard, rempli de bulles de pensée et Cap est sans arret en train de commenter là qu il laisse une boite medicale en Dr Druid, là que son costume arrete les balles depuis peu par chance… juste derriere tu a sla mini Punisher/Captain America : Blood and Glory par Margaret Clark et DG Chichester (pas les meilleurs) mais on dirait que les deux parties n ont pas été ecrite la même année ni la même decennie…
Gruenwald surexplique tout à outrance… trouve une justification au moindre truc … de pourquoi on a pas vu tel perso à comment fonctionne tel truc dans le monde marvel…
La seule planche muette que je pense avoir vu est la mort de Cutthroat…

Franchement il y a pas mal de bonnes idées et ce st pas si mauvais que le dit tout le monde… le souci est que Gruenwald ecrit mal… et quand il a pas un dessinateur au moins confirmé… ca se voit encore plus… Déjà Squadron supreme, il y a des passages mal ecrits (ce qui explique aussi pour moi que ca ne soit pas « autant reconnu » l idée est bonne mais il ecrit mal)
Avec Dwyer… il y avait une alchimie qui fait que ca passe bien… avec Lim aussi… mais le reste du temps, s il a pas une idée forte, tu vois quand même nettement ces lacunes de scenaristes en terme de constructions, narrations, dialogues…

En te lisant, je me fais deux réflexions (qui sont plus des questions qu’autre chose).

D’une part, je me dis que Gruenwald garde en tête, à la limite de l’obsession, que son media est un feuilleton, et qu’il faut constamment rappeler des choses. C’est peut-être pour cela qu’il est si bavard, de crainte de perdre une information en route.

D’autre part, je songe à nouveau à la méthode employée par la maison d’édition et ses concurrents, à savoir que le scénariste travaille en deux étapes, d’abord en livrant l’intrigue et ensuite en finalisant les dialogues. Et peut-être qu’il se repose sur cette seconde partie, ce qui peut donner d’abord des transitions pas fluides, et ensuite des dialogues envahissants pour rattraper le coup.

Jim

je pense aussi sur le coup qu avec Levins, il y a du avoir des ratés…
cette histoire de kit médical que Cap « va envoyer » alors qu il part en skycycle… ca fait vraiment comme si le dessinateur avait oublié une case ou une info dans la case… ceci dit… je trouve que au vue de l intrigue où Druid se remet de pas mal de choses… cette reflexion est un peu too much… (oui le captain il pense au bien etre de son ami)… mais c est pareil avec druid qui pense qu il espere que cap ne pense pas qu il a déserté, blablbli…
Cependant, je pense aussi que Gruenwald etait surement un des meilleurs editors… qu il aurait fait un EIC surement extra… mais qu au niveau scenariste, il a pas mal de lacunes.

d ailleurs en me faisant cette reflexion sur Levins… je me suis dit que Quasar avait attiré à l epoque de meilleurs jeunes que Cap… titre assez délaissé apres le départ de Lim (que je n aime pas mais qui est pro)

Je partage cet avis, et je pensais à Quasar il y a une dizaine de minutes. Il est possible aussi que Gruenwald se soit davantage concentré sur Quasar, qui était son bébé, là où, sur Captain America, il était dans une continuité (où fatalement il souffrirait de la comparaison) et sur une série assez pérenne.
Qu’il y ait des ratés chez Levins (ou chez Hoover : Fighting Chance, c’est pas du tout fluide, mais d’autres trucs de Hoover, genre sa mini Invaders, souffrent de défauts comparables), c’est certain, mais c’est peut-être pas toujours dû au dessinateur.
Je dirais qu’il y a sans doute un mélange entre les dessinateurs qui font pas attention et peut-être des scripts qui manquent de précisions et qui sont donc affinés par les dialogues a posteriori. Quand la série était dessinée par Paul Neary ou Tom Morgan, je la trouvais aussi plus légères.

Jim

Personnages secondaires de la série Thor, les Warriors Three ont eu droit à leurs propres aventures, au détour de tel ou tel récit isolé, ou parfois de back-ups dans la série phare.

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Le recueil Thor: The Warriors Three, dans la jolie collection « Marvel Premiere Edition », rassemble certaines de leurs plus anciennes aventures loin du Dieu du Tonnerre, et aussi certaines des plus jolies.

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Le sommaire s’ouvre sur Marvel Spotlight #30 (de la première série), un épisode daté de 1976, écrit par Len Wein et illustré par John Buscema et Joe Sinnott. Le récit s’ouvre sur une scène de bagarre dans un bar, à laquelle sont mêlés les trois guerriers. Dès la page 2, nous apprenons que ces derniers ont mis toute leur énergie à sauver une jeune femme du suicide et à retrouver son fiancé, embringué dans une sombre histoire de dettes, de chantage et de braquage.

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Len Wein, à qui Roy Thomas trouvait la grande qualité de savoir restituer les accents et les argots, s’amusent à confronter le langage châtié et pseudo-shakespearien des trois bretteurs aux parlers exotiques d’un taxi new-yorkais ou d’un clochard aviné. Rien que ça, c’est assez drôle. Plus amusant encore, les héros arrivent toujours en retard et, en bref, ne réussissent leur mission que par le fruit du hasard, toujours en décalage, toujours surfant sur la bonne humeur communicative de Fandral. Divertissant en diable.

Le sommaire continue en rassemblant les aventures que le scénariste Alan Zelenetz (un temps aux commandes de la série Thor, un peu avant Simonson) et le dessinateur Charles Vess ont consacrées au trio dans les pages de Marvel Fanfare. Zelenetz avait déjà écrit quelques récits purement mythologiques à l’occasion d’un Annual, et il récidive ici, servi par un dessinateur dont je ne suis pas toujours client, mais dont on ne peut nier qu’il a à la fois du style et du talent.

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Le premier récit provient de Marvel Fanfare #13 (numéro qui abrite le dernier chapitre du feuilleton consacré à Black Widow). Fandral, Hogun et Volstagg se mettent en quête de retrouver le dieu de la poésie, qui s’est enfui à cause d’un manque d’inspiration bien malencontreux. Ils le retrouvent transformé en aigle, perché sur les branches d’Yggdrasil, et deviennent sa source d’inspiration.

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En parlant d’inspiration, signalons que Charles Vess en profite pour rendre un hommage discret mais reconnaissable au style de Harold Foster, dessinateur de Prince Valiant à qui il emprunte des décors et un système de narration pour la scène de banquet final.

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Ensuite, le recueil propose les quatre épisodes d’une mini-série publiée dans Marvel Fanfare #34 à 37. Le principe en est simple : le mariage de Una et Mord doit avoir lieu au solstice d’été, faute de quoi leur amour mais aussi Asgard seraient condamnés. Loki, qui n’est pas invité à la fête, trouve là l’occasion de jouer une mauvaise farce : il transforme le promis en bouc puis se présente, sous un déguisement, tour à tour devant la fiancée et les parents du malheureux avec un vrai bouc, en leur donnant la marche à suivre afin de rendre au jeune homme son apparence naturelle. Chacun d’eux finit par croiser le chemin d’un des trois héros qui se lance aussitôt dans une quête, hélas infructueuse.

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Les trois premiers épisodes mettent en scène, séparément, les guerriers : d’abord Volstagg, puis Hogun et enfin Fandral. Chacun est bien entendu confronté à la défaite, ce qui constitue un enseignement.

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Le quatrième épisode rassemblent les trois héros, qui ont compris que le bouc dont ils avaient la charge n’est pas Mord. Le sort d’Asgard est dans la balance et ils se rendent dans le château de Loki afin de l’affronter. Là, ils montrent que les mésaventures précédentes ont porté leurs fruits, Volstagg dominant sa peur, Hogun se reposant sur autre chose que la force et Fandral repoussant son goût pour les plaisirs terrestres afin de se consacrer à sa mission.

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Graphiquement, Vess s’amuse beaucoup, livrant des décors impressionnants, donnant beaucoup d’énergie à ses personnages et profitant de l’occasion pour glisser quelques références visuelles. Par exemple, il donne à deux enfants de Volstagg l’allure des garnements du strip The Katzenjammer Kids.

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De même, la transformation de Loki en dragon me semble une référence également, cette fois pointée en direction de la métamorphose de Maléfique dans La Belle au bois dormant version Disney.

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Quant à Zelenetz, il trouve une tonalité à mi-chemin entre l’épopée et la comédie, qui réussit très bien aux trois guerriers. L’ensemble constitue un récit divertissant, drôle et très agréable à regarder, qui méritait bien l’écrin de cette collection.

Jim

J’ai beaucoup aimé la mini-série, publiée en V.F. dans un volume de la collection rouge d’Hachette.

Comparé aux 4 épisodes de Marvel Fanfare de 1987, c’est le jour et la nuit. Les planches de Charles Vess sont un régal pour les mirettes…et le dessinateur est aussi très à l’aise dans la comédie, avec des expressions savoureuses et des références irrésistibles (j’ai beaucoup aimé l’hommage à Pim Pam Poum…bon, j’ai souvenir d’une Madame Volstagg moins revêche dans d’autres comics, mais dans le contexte de cette histoire, ça fonctionne bien). L’histoire de Alan Zelenetz est bien construite (avec Vostagg, Hogun et Fandral en solo dans chacun des 3 premiers épisodes avant leur réunion dans la dernière partie) et malicieuse à souhait. Un délicieux moment de lecture avec cette fantasy mâtinée d’humour…

Le sommaire s’ouvre sur Marvel Spotlight #30 (de la première série), un épisode daté de 1976, écrit par Len Wein et illustré par John Buscema et Joe Sinnott.

Très sympa, cet épisode. Je n’ai pas beaucoup d’Arédit, mais celui-là je l’ai dans un pocket Vengeur en N&B.

qui est avec la mini recente de willingham, c est ca?

Pour le TP ils auraient pu mettre le GN the raven banner… bon je l ai en GN mais

Yep !

Je crois qu’il n’a jamais été compilé, lui ?
Apparemment, il n’est pas non plus dans The Warriors Three: The Complete Collection.

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Jim

peut etre un epic mais je pense que l année 1982 est déjà reeditée

Volumes 11 & 12 pour la période Moench (81-83) tandis que « Raven Banner » est visiblement sorti 2 semaines après Thor #357 (soit la période Simonson, qui devrait donc être contenue en 3 volumes puisque l’ère DeFalco/Frenz débute avec le volume 16).

Pinaise, vous allez voir qu’ils vont s’arranger pour que je rachète du Simonson, via les Epic.

Jim

Si la colorisation de l’omnibus Thor est jartée pour les Masterworks et les Epic (je n’y crois pas trop mais ça ne coûte rien d’espérer), alors je serais probablement enclin à racheter ce run.

J’ai la colo des Visionaries, pour ma part.

Jim

Et puisque l’on vient de parler du trio de guerriers qui accompagnent Thor dans ses aventures, signalons un autre recueil, toujours dans la prestigieuse présentation de la collection « Marvel Premiere Edition » : The Warriors Three Unleashed.

Plus fourre-tout que l’autre recueil, le sommaire de celui-ci est également plus disparate et visuellement plus inégal. Tout commence avec Thor King-Size Special #2, daté de 1966, et dont je n’avais là aussi guère de souvenir (le récit n’a pas été traduit avant une intégrale chez Panini, et si je l’ai dans un Essential, j’ai dû passer les pages un peu vite). L’intrigue, basique, montre Odin organiser un tournoi dans lequel s’inscrivent Thor et ses trois amis. Exilé, Loki projette son esprit dans l’armure du Destroyer, un être artificiel apparu quelque temps plus tôt dans la série régulière, et se lance à l’assaut d’Odin.

L’intrigue est rapidement évacuée, témoignant d’un certain degré d’improvisation de la part de Lee et Kirby (qui, sans doute, doivent considérer que les épisodes dits « Special » ne doivent pas porter à conséquence, les vrais événements devant se produire dans la série mensuelle).

Le récit est donc assez oubliable, même si Kirby déploie son énergie habituelle (en 1966, il entre dans la période où il tutoie les astres). L’encrage minimaliste de Colletta est sans doute aussi pour beaucoup dans l’attrait général de l’épisode.

Le sommaire propose ensuite quelques back-ups, tirées de Thor #400 (la rencontre entre les trois lascars), 410 (un récit dessiné par Herb Trimpe où Volstagg raconte, en vers), 415 (un épisode encore dessiné par Trimpe où Hogun tente de se débarrasser d’un garçon qui veut devenir son élève) et 416 (une petite pépite dessinée par Mark Texeira où l’on rencontre la femme qui compte le plus pour Fandral). Rien de bien inoubliable, même si les planches de Texeira sont vraiment éblouissantes.

Suit un petit récit extrait de Marvel Comics Present #66, écrit par Sholly Fisch et dessiné par Sam Grainger dans une approche humoristique, où Volstagg, sous le charme de l’Enchanteresse, dérobe un joyau. C’est amusant, décalé, là aussi complètement dispensable.

Volstagg encore ouvre le bal dans un récit de complément pour Thor Annual #17 (de 1992, on en a parlé récemment à cause du cross-over « Citizen Kang »), par John Lewandowski et Kevin Kobasic, où les trois guerriers se mettent en quête de réunir la fiancée d’Ulik le Troll et son grand amour. Là encore, humour, comédie et intrigue sans conséquence sont au rendez-vous.

Au milieu de ce sommaire divertissant et amusant mais sans grande ambition surgit le Marvel Super-Heroes 80-Pages Special de l’automne 1993. Ce numéro, qui présente des récits inédits d’Iron Man, Thor et Doctor Druid (et non Hulk comme l’indique la couverture), mérite qu’on s’y attarde un peu.

La série Marvel Super-Heroes, lancée en 1990, tourne autour d’un postulat éditorial voisin de celui qui a prévalu pour la première version de Marvel Fanfare, à savoir qu’on peut y offrir un refuge pour les histoires qui n’ont pas été publiées. À la différence de Marvel Fanfare, cette série trimestrielle (le numéro évoqué ici est le quinzième et dernier) ne propose pas d’encadrement éditorial et ne revendique pas la même exigence qualitative. Les planches publiées sont d’un niveau moyen inférieur (même si on y trouve des choses magnifiques, comme une histoire de Vision & Scarlet Witch par Mantlo et Mignola - dans son style ploogien - ou un épisode du Black Knight par un Alan Davis en pleine forme, sans compter de nombreuses aventures de Speedball, notamment par son créateur Steve Ditko). Mais le principe général est le même, offrir à des histoires refusées pour mille raisons une occasion de toucher le public, le tout avec quelques illustrations d’auteurs divers (là aussi moins bon). C’est notamment dans Marvel Super-Heroes que l’on peut lire les deux épisodes de Ms Marvel que Mike Vosburg a dessinés, avant l’arrêt de la série, un document historiquement passionnant. Bref, cette série fourre-tout mérite qu’on y fouille, même si ce qu’on en remonte n’est pas toujours d’un niveau étourdissant.

Donc, dans ce dernier numéro, il y a deux histoires liées à Asgard, une aventure de Thor par Scott Lobdell et Don Heck, et un récit consacré à Volstagg par Walt Simonson et Joe Barney. Difficile à dire si ce récit a été écrit à l’époque où Simonson travaillait sur Thor, s’il était prévu dans le sommaire d’un Annual (sa longueur, dix-sept pages, pourrait laisser penser qu’il s’agit d’une back-up). Plus intéressant est le fait que les planches soient dessinées par Joe Barney.

Dans mon esprit, le nom de Joe Barney est associé à un célèbre projet avorté, chez DC, celui d’une série régulière consacrée à Gorilla Grodd. Le projet devait être écrit par Cary Bates, et au moins deux pages circulent un peu partout, montrant les planches de Joe Barney encrées par Terry Austin. Et c’est plutôt joli, la preuve :

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Mais la « DC Implosion » passe par là et ce projet de série Gorilla Grodd ou Gorilla City tombe à l’eau. J’ai ensuite repéré le nom de Joe Barney dans une aventure de Hulk publiée dans Marvel Fanfare #7. Mais justement, Marvel Fanfare, c’est un titre où se retrouvent des épisodes refusées précédemment, donc je peux facilement imaginer que le dessinateur a encore rencontré des difficultés pour être publié, difficultés que je crois déceler dans la parution de ce récit consacré à Volstagg dans Marvel Super-Heroes. Croyant voir en Joe Barney la figure d’un « artiste maudit », le héros d’un destin contrarié, j’ai tout de même découvert que cet illustrateur a travaillé auprès de Neal Adams, fréquentant l’informel groupe des Crusty Bunkers puis travaillant dans l’officiel Continuity Studio sur des publicités. C’est là qu’il rencontre des gens comme Carl Potts ou Larry Hama, ce dernier avec qui il réalisera les storyboards de l’adaptation de 2010, pour laquelle Tom Palmer fera le dessin et les couleurs (ne vous y trompez pas si vous avez la version Lug : dans les crédits, ils traduisent « layouts » par « dessins », alors qu’il s’agit plutôt de storyboards poussés ou d’esquisses, tandis que Palmer est crédité pour « finishes, inks and coloring », ce qui veut dire qu’il a finalisé le dessin). Depuis lors, Joe Barney est passé par la case multimedia, fondant son propre studio de publicité et promotion par la bande dessinée, et travaillant dans des milieux aussi divers que le cinéma, le dessin animé ou les jeux vidéo. Loin de la figure de l’artiste maudit, il a fait carrière ailleurs que dans les comic books, et semble avoir survécu à l’expérience (il faudra que je regarde son What If? #70, qui me semble un rare exemple d’une BD de sa main publiée en temps et en heure).

Pour en savoir plus sur Joe Barney, on peut aussi lire une interview :

Je n’ai vu que quelques illustrations de Joe Barney, je n’ai lu que deux épisodes (et deux pages), il est donc difficile de parler de son style, mais on y retrouve souvent une massivité sans doute héritée de Kirby, une certaine limpidité dans le trait, des personnages hiératiques et une volonté d’être dynamique et puissant. Si j’osais des comparaisons, je dirais que son travail pourrait s’apparenter à ce qu’un Joe Bennett peut faire, mélangeant le réalisme et l’exagération. On peut y voir aussi du Jon Bogdanove. Voire de l’Erik Larsen, un peu.

Joe Barney semble dépendre de son encreur (comme beaucoup, vous me direz). Dans Marvel Fanfare, il est encré par George Freeman, qui lui confère une ligne souple, déliée, fluide. Sur la couverture de Marvel Super-Heroes, il est encré par Larry Mahlstedt, et la parenté éventuelle avec Bennett ou Larsen semble plus palpable. Hélas, ce n’est pas lui qui encre les pages intérieures, mais un certain Frank Turner, dont les pin-ups émaillent le sommaire de plusieurs numéros de Marvel Super-Heroes, sans que l’on puisse être véritablement impressionné par la démonstration. Cela ressemble une fois de plus à une occasion ratée.

Simonson tricote pour Barney une histoire classique (à nouveau, Volstagg est sous l’emprise de l’Enchanteresse qui, une fois de plus, convoite un diamant colossal, mais cette fois-ci le joyau scelle une porte retenant des Géants loin d’Asgard. On retrouve les décalages entre la réalité et l’interprétation qu’en fait le volumineux vantard, qui brille auprès de sa nombreuse descendance avec de se faire rabrouer par sa moitié.

Sous l’encrage maladroit, on sent un crayonné dynamique, vivant, expressif, parvenant à mélanger l’action et la caricature, et on se plaît à songer à ce que ça pourrait donner avec un soutien visuel plus professionnel.

On peut d’ailleurs émettre les mêmes regrets pour le dernier épisode du sommaire, le Journey into Mystery #-1 appartenant à l’opération « Flash-back ». Le récit s’inscrit dans le cadre de la réfection de Thor en Journey into Mystery (à hauteur de Heroes Reborn), une période durant laquelle le scénariste Tom DeFalco entraîne tous les personnages secondaires de la série dans une longue intrigue contre un ennemi bien connu (je vous aide : un échappé d’une mythologie voisine, qu’il a déjà utilisé dans les épisodes dessinés par Ron Frenz).

Le principe de l’opération « Flashback », aussi appelée « Minus One » (pour « moins un ») est de dévoiler une aventure passée des héros. Tom DeFalco s’en sort bien, mais il est aidé ici par les Deodato Studios, un nom collectif qui dissimule différents illustrateurs exploitant le nom d’un dessinateur vedette de l’époque. Pour le coup, ce récit n’est pas prodigieusement laid, mais on retrouve tous les tics navrants de l’époque, à commencer par une représentation pour le moins machiste de l’anatomie féminine. Difficile d’identifier le style des auteurs anonymes s’agitant sur les planches. Parfois on croit reconnaître le travail d’un Ed Benes de l’époque, ou d’Adriana Melo. Gageons qu’ils se sont mis à plusieurs, et regrettons que Gil Kane n’ait réalisé que la couverture, assez chouette.

Cet épisode, un peu extirpé de son contexte, conclut un recueil anecdotique, qui vaut surtout pour son caractère historique, et qui à mon sens ne mérite nullement le format élégant et agréable des « Marvel Premiere Edition ».

Jim

Puisque je suis dans les asgarderies diverses, j’ai relu récemment tout un cycle d’aventures qui, d’extérieur, pourraient donner l’impression d’une disparité surprenante et qui, pourtant, constitue un tout presque cohérent malgré le foutoir éditorial de l’époque.

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Tout commence avec Thor #491, et l’arrivée du scénariste Warren Ellis sur la série. Resituons un peu le contexte. Le dieu du tonnerre, qui a connu une longue période animée par Tom DeFalco (ancien rédacteur en chef du catalogue), puis deux prestations tentant de projeter le héros dans de nouvelles directions (Jim Starlin et Bruce Zick tentent de décrire ce qu’il advient du Fils d’Odin quand il est pris par une folie de « berserker », tandis que Roy Thomas emporte M. C. Wyman dans un de ces ravalements de continuité qui l’obsèdent), est dans une situation trouble. La série ne sait pas trop où elle se dirige et, surtout, elle a souffert de la présence de dessinateurs qui soit ne conviennent pas (Bruce Zick est un merveilleux dessinateur, pour peu qu’on le laisse faire ce qu’il veut, mais l’encadrement Marvel ne lui convient pas) soit ne sont pas assez bons (les recopiages de John Buscema ne feront jamais oublié que Wyman ne sait pas dessiner). Et paf, voilà que Warren Ellis arrive. Assisté de Mike Deodato, fraîchement encensé après ses épisodes de Wonder Woman.

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C’est assurément à Mark Gruenwald et à Ralph Macchio que l’on doit la volonté de secouer le cocotier, en donnant les clés de la série à deux auteurs en vogue. Ellis commence à se faire un nom (il n’a pas encore travaillé sur StormWatch, qui est selon moi le premier tournant décisif de sa carrière) et une réputation d’iconoclaste. Quant à Deodato, c’est un croisement entre Neal Adams et Jim Lee, dont la présence assure déjà une certaine visibilité. Ce qui est intéressant avec les quatre numéros qu’ils réaliseront ensemble (Deodato restant un peu plus longtemps que son scénariste), c’est qu’ils annoncent plein de choses sur leurs travaux à venir.

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Car depuis lors, on a remarqué une chose chez Warren Ellis : il ne reste jamais longtemps sur les séries qu’il écrit. Et souvent, ses prestations apportent des idées neuves sur lesquelles ses successeurs peuvent broder à loisir. On se souviendra du récit « Extremis » pour la série Iron Man, qui a nourri pendant des années les intrigues liées à « Tête de Fer ». Dans le cas de « Worldengine », l’intrigue qu’il tisse pour Thor, c’est un peu la même chose.

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Dès les premières pages, il nous présente un Thor amaigri, malade, mourant. Pire, le Fils d’Odin est rejeté par son père, dont on connaissait déjà le caractère de mauvais coucheur, mais l’acariâtre vieillard semble ici dépasser toutes les bornes en reniant son rejeton. Les raisons de la dégradation catastrophique de l’état de santé du héros sont exposées dès le premier numéro, alors qu’il découvre que l’arbre-monde, le frêne Yggdrasil, est torturé par des machines dans les sous-sols de la ville. Dans le même temps, l’Enchanteresse apparaît à New York.

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Dans le deuxième épisode, il présente l’inspecteur Curzon, un policier britannique détaché à New York, qui enquête sur une série d’hallucinations mettant en avant la vision d’un arbre-monde. Beta Ray Bill tombe dans le coma, Odin prophétise l’arrivée de Ragnarok (encore !!!) et l’Enchanteresse se présente à Thor. L’enquête continue dans le troisième chapitre, où les lectures de Curzon permettent au scénariste de s’interroger sur la nature de Thor et du panthéon nordique (des dieux ? des extraterrestres ?). Les choses ralentissent, Thor et l’Enchanteresse se rapprochent, l’intrigue semble marquer le pas, et l’électrochoc du premier chapitre est un peu oublié.

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Les choses rebougent à nouveau dans le quatrième et dernier chapitre de « Worldengine », où Thor et l’Enchanteresse découvrent Price, un savant fou ayant récupéré une installation souterraine destinée à l’origine à enfermer les surhommes allemands durant la Seconde Guerre mondiale. C’est là qu’il a installé un laboratoire destiné à torturer Yggdrasil, à lui faire croire que le Regnarok est arrivé afin qu’il tue les dieux nordiques, puis à l’utiliser en vue de créer une nouvelle race humaine « post-Ragnarok ». Sauf que le Ragnarok n’a pas eu lieu, que sa race n’est pas viable, qu’il est tué par les clones décérébrés qui lui servent d’esclaves, et que Thor relance la machine.

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Sous les dessins énergiques et séduisants de Deodato (qui sexualise à outrance ses protagonistes, certes, mais ça reste très joli), il manque un réel enjeu, un rythme, une tension. Le premier et le quatrième épisodes sont très chouettes, débordant d’idées et de dialogues savoureux (Ellis sait faire parler les savants fous), mais le récit a un gros ventre mou de deux épisodes (la moitié du récit, quand même). L’ensemble fait un peu remplissage. La disparition de l’inspecteur Curzon, dans un éclair de lumière, ne fait que renforcer cette sensation : Ellis a accumulé des détails afin de tenir quatre épisodes.

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Néanmoins, l’importance de « Worldengine » apparaîtra rétrospectivement, lors de la lecture des deux grandes sagas qui suivront. Les idées proposées dans les quatre épisodes d’Ellis servent effectivement de base aux récits de William Messner-Loebs et de Tom DeFalco, et c’est là qu’on se rend compte que l’ensemble constitue un projet d’editor plus qu’une proposition de scénariste. On peut effectivement imaginer qu’à l’approche du cinq centième chapitre, Gruenwald et Macchio cherchent à donner de l’ampleur aux récits proposés, afin de marquer le coup.

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Graphiquement, Deodato assure. Si on sent une légère baisse dans l’encrage (et même dans le dessin à certains moments, signe qu’il recourait déjà à quelques assistants), il livre des planches dynamiques, riches, expressives, ainsi que de belles splash, malgré la présence de doubles pages disposées dans le sens « centerfold ». Il utilise des tics visuels intéressants, à l’exemple des images formées par plusieurs cases juxtaposées (ou des vignettes découpées par des intercases surnuméraires, si l’on veut), procédé qu’il généralisera des années plus tard dans des récits comme Original Sin, par exemple.

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« Worldengine » a été réédité sous forme de TPB souple en 1998, puis dans la collection cartonnée « Marvel Premiere Edition ». Sans compter, me semble-t-il, l’insertion du récit dans la collection « Epic ».

Jim

Dans les bonus de l’Epic, l’editor Ralph Macchio (amateur du travail du scénariste, en particulier sur Hellstorm) précise qu’Ellis avait prévenu d’entrée de jeu qu’il ne comptait faire qu’un seul arc.

En effet.

et si j’ai bien compris ca va être ré-édité par Panini d’ici peu ?

Le 12 août visiblement (avril au départ), soit 25 ans après la sortie du #491 (15 août 1995).