Personnages secondaires de la série Thor, les Warriors Three ont eu droit à leurs propres aventures, au détour de tel ou tel récit isolé, ou parfois de back-ups dans la série phare.
Le recueil Thor: The Warriors Three, dans la jolie collection « Marvel Premiere Edition », rassemble certaines de leurs plus anciennes aventures loin du Dieu du Tonnerre, et aussi certaines des plus jolies.
Le sommaire s’ouvre sur Marvel Spotlight #30 (de la première série), un épisode daté de 1976, écrit par Len Wein et illustré par John Buscema et Joe Sinnott. Le récit s’ouvre sur une scène de bagarre dans un bar, à laquelle sont mêlés les trois guerriers. Dès la page 2, nous apprenons que ces derniers ont mis toute leur énergie à sauver une jeune femme du suicide et à retrouver son fiancé, embringué dans une sombre histoire de dettes, de chantage et de braquage.
Len Wein, à qui Roy Thomas trouvait la grande qualité de savoir restituer les accents et les argots, s’amusent à confronter le langage châtié et pseudo-shakespearien des trois bretteurs aux parlers exotiques d’un taxi new-yorkais ou d’un clochard aviné. Rien que ça, c’est assez drôle. Plus amusant encore, les héros arrivent toujours en retard et, en bref, ne réussissent leur mission que par le fruit du hasard, toujours en décalage, toujours surfant sur la bonne humeur communicative de Fandral. Divertissant en diable.
Le sommaire continue en rassemblant les aventures que le scénariste Alan Zelenetz (un temps aux commandes de la série Thor, un peu avant Simonson) et le dessinateur Charles Vess ont consacrées au trio dans les pages de Marvel Fanfare. Zelenetz avait déjà écrit quelques récits purement mythologiques à l’occasion d’un Annual, et il récidive ici, servi par un dessinateur dont je ne suis pas toujours client, mais dont on ne peut nier qu’il a à la fois du style et du talent.
Le premier récit provient de Marvel Fanfare #13 (numéro qui abrite le dernier chapitre du feuilleton consacré à Black Widow). Fandral, Hogun et Volstagg se mettent en quête de retrouver le dieu de la poésie, qui s’est enfui à cause d’un manque d’inspiration bien malencontreux. Ils le retrouvent transformé en aigle, perché sur les branches d’Yggdrasil, et deviennent sa source d’inspiration.
En parlant d’inspiration, signalons que Charles Vess en profite pour rendre un hommage discret mais reconnaissable au style de Harold Foster, dessinateur de Prince Valiant à qui il emprunte des décors et un système de narration pour la scène de banquet final.
Ensuite, le recueil propose les quatre épisodes d’une mini-série publiée dans Marvel Fanfare #34 à 37. Le principe en est simple : le mariage de Una et Mord doit avoir lieu au solstice d’été, faute de quoi leur amour mais aussi Asgard seraient condamnés. Loki, qui n’est pas invité à la fête, trouve là l’occasion de jouer une mauvaise farce : il transforme le promis en bouc puis se présente, sous un déguisement, tour à tour devant la fiancée et les parents du malheureux avec un vrai bouc, en leur donnant la marche à suivre afin de rendre au jeune homme son apparence naturelle. Chacun d’eux finit par croiser le chemin d’un des trois héros qui se lance aussitôt dans une quête, hélas infructueuse.
Les trois premiers épisodes mettent en scène, séparément, les guerriers : d’abord Volstagg, puis Hogun et enfin Fandral. Chacun est bien entendu confronté à la défaite, ce qui constitue un enseignement.
Le quatrième épisode rassemblent les trois héros, qui ont compris que le bouc dont ils avaient la charge n’est pas Mord. Le sort d’Asgard est dans la balance et ils se rendent dans le château de Loki afin de l’affronter. Là, ils montrent que les mésaventures précédentes ont porté leurs fruits, Volstagg dominant sa peur, Hogun se reposant sur autre chose que la force et Fandral repoussant son goût pour les plaisirs terrestres afin de se consacrer à sa mission.
Graphiquement, Vess s’amuse beaucoup, livrant des décors impressionnants, donnant beaucoup d’énergie à ses personnages et profitant de l’occasion pour glisser quelques références visuelles. Par exemple, il donne à deux enfants de Volstagg l’allure des garnements du strip The Katzenjammer Kids.
De même, la transformation de Loki en dragon me semble une référence également, cette fois pointée en direction de la métamorphose de Maléfique dans La Belle au bois dormant version Disney.
Quant à Zelenetz, il trouve une tonalité à mi-chemin entre l’épopée et la comédie, qui réussit très bien aux trois guerriers. L’ensemble constitue un récit divertissant, drôle et très agréable à regarder, qui méritait bien l’écrin de cette collection.
Jim