RÉÉDITIONS MARVEL : TPBs, omnibus, masterworks, Epic…

C’est très intéressant.
Déjà, comme je le disais en 2012, Kirby encré par Ayers, même si ça ne me plaisait pas tellement quand j’étais gamin, ça a plein de qualité : l’encreur rajoute de la rondeur et des modelés au trait de Kirby, plus cassant, mais le mariage est plutôt pas mal.

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Ensuite, Lee et Kirby, qui ont une formule qui roule bien avec leurs histoires de monstres, appliquent un peu la recette (récits à chute) à l’ambiance western, en présentant un héros qui est un peu l’outsider local, comme le sont parfois les protagonistes (savants, policiers, simples passants) de leurs histoires fantastiques. Mais ils en profitent pour s’émanciper du carcan de l’histoire finie (dès la deuxième livraison, ils font des histoires de treize pages, au lieu des six ou sept habituelles) et créer une récurrence. Alors certes, ce n’est pas à proprement parler une continuité, puisque les choses sont remises à plat à chaque nouveau récit et que les chapitres n’ont guère de conséquence sur les suivants, mais ça leur permet de construire un personnage sur la durée, de varier les thèmes et la tonalité (un récit de braquage peut cotoyer une petite fable familiale), et de tester les limites du genre. Et au fil des épisodes, on les voit réinjecter des éléments propres à d’autres genres, de manière discrète : ils présentent un méchant masqué avec un surnom, par exemple, et donc nous proposent un super-vilain du far-west. Il y a aussi un ou deux épisodes à la tonalité plus fantastique (je crois me rappeler d’un récit avec un totem magique, j’espère ne pas confondre avec une aventure du Two-Gun Kid).

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Après, le recueil est intéressant également parce qu’il donne un aperçu de la méthode. Parfois au détriment des auteurs. Par exemple, dans le tome Essential, il y a une intrigue qui est racontée trois fois (de mémoire, deux fois par Kirby, une fois par Davis) : le Kid arrive près d’une ferme isolée où vit un gamin qui ne rêve que d’aventures et de fusillades, et qui estime que son père est un gros nul parce qu’il reste à la ferme. Voyant cela, notre héros décide de se faire passer pour un pistolero crapuleux, ce qui énerve le père, qui flanque une rouste au Kid (ce dernier prenant soin de tomber sous les poings du fermier). L’enfant « comprend » que les armes à feu, c’est mal, et que son père, avec sa fourche et son bétail, c’est quand même un héros, et le Kid repart vers le soleil couchant, fier et content d’avoir rabiboché le père et le fils.

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On change le décor, on déplace la petite famille en ville, et zou, on peut recycler l’histoire. La lecture de l’Essential ne pardonne pas, à ce niveau, mettant en évidence les reformatages à la va-vite destinés à remplir les pages de la revue.
Précisons que la série contenait des histoires de complément, qui n’avaient rien à voir avec le Rawhide Kid à part qu’elles appartenaient au genre western. Elles étaient dessinées par Don Heck, Paul Reinman ou Ross Andru, et ne sont pas reprises dans l’Essential, forcément.

Jim