RÉÉDITIONS MARVEL : TPBs, omnibus, masterworks, Epic…

Je ne suis pas grand lecteur du Punisher, mais j’aime bien la production autour du personnage durant les années 1990. Et j’étais passé à côté de la mini-série Year One publiée en 1994. La réédition de 2009, récemment achetée à un célèbre contributeur de ce forum, m’a permis de découvrir un récit assez sympa.

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Bon, on connaît tous l’histoire : Frank Castle profitait d’un bel après-midi ensoleillé avec sa famille quand tout le petit groupe a été pris au milieu d’un règlement de compte. Seul le père de famille a échappé de peu à la mort. Et comme c’est un ancien soldat, vétéran du Viêt-Nam, ça va chauffer. Voilà les bases.

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La mini-série The Punisher: Year One, qui date de 1994, est écrite par Dan Abnett et Andy Lanning, et illustrée par Dale Eaglesham. Comme à son habitude, le tandem de scénariste trouve un angle d’attaque intéressant : la scène de crime est découverte par un flic fatigué et par un journaliste aux méthodes contestables. On va donc suivre le parcours de ces deux-là, qui délimitent peu ou prou celui du héros.

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Contre toute attente et à la surprise des policiers, du journaliste et des urgentistes arrivés sur les lieux, le père de famille est toujours vivant, et il est conduit en urgence à l’hôpital. Reprenant conscience, il est confronté à la tragique évidence : sa famille a disparu. Le désespoir d’ailleurs l’emporte sur la colère qu’il peut ressentir en découvrant que des tueurs ont été envoyés pour finir le travail.

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C’est d’ailleurs l’un des points forts du récit : les auteurs dressent le portrait d’un personnage qui a tout perdu et qui est hanté par ses pulsions suicidaires. Personnellement, je trouve que ça fait assez bien écho au portrait du justicier tel qu’il est dépeint vers les mêmes périodes dans ses mensuels. Mike Baron puis Chuck Dixon ont pris soin de faire du Punisher un dingue de la gâchette doublé d’un fin stratège triplé d’un forcené qui fonce droit dans le danger. L’individu brisé dont Abnett et Lanning font le procès est au diapason de ça, sauf qu’il n’a pas encore trouvé de cause à défendre.

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Graphiquement, Eaglesham n’a pas encore ce trait lisse qu’on lui connaît aujourd’hui. Il accorde un soin évident au détail et à la mise en scène des corps en mouvement, souvent torturés, et il y a quelque chose d’un Bart Sears dans les silhouettes massives et les visages épais des protagonistes.

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Si le récit peut-être lu indépendamment, Abnett et Lanning s’ingénient à glisser quelques références à l’univers Marvel. Mais ils ne cherchent pas à moderniser ce dernier. Au contraire, les références renvoient à la période éditoriale qui a vu arriver le personnage (la période Amazing Spider-Man par Conway) et donc on croise Peter Parker ou encore le docteur Miles Warren (alias le Jackal). De même, ils s’amusent à vêtir leurs personnages (surtout les hommes) à la mode seventies, les pantalons à pattes d’eph étant nombreux. Plus qu’une continuité, c’est une atmosphère qu’ils veulent retranscrire.

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Depuis, le passé de Frank Castle a fait l’objet de plusieurs explorations, notamment par Garth Ennis. Si bien que cette mini-série, malgré sa réédition (et ses couleurs un peu… pimpantes, dirons-nous), est aujourd’hui un peu oubliée. Mais elle bénéficie d’une écriture solide et riche, et s’intéresse surtout à la psychose d’un homme brisé.

Jim