RÉÉDITIONS MARVEL : TPBs, omnibus, masterworks, Epic…

Si Gary Friedrich et Bob Budiansky signent chacun une introduction au tome 2, c’est Dez Skinn (connu avoir lancé Doctor Who Weekly et, bien entendu, Warrior, une revue qui abrita quelques travaux d’un certain… Alan Moore) qui signe celle du troisième tome, intitulé The Lion and the Spider. Responsable éditorial chez Marvel UK, Skinn aura son mot à dire concernant le sommaire d’un nouvel hebdomadaire, Hulk Comics, au sommaire duquel figurera un certain Chevalier Noir et un héros britannique bien connu.

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Sorti en 2009, le recueil reprend la compilation des aventures de Captain Britain là où le tome précédent s’était arrêté, réimprimant les aventures parues dans Super Spider-Man & Captain Britain #239 à 247.

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Les scripts de Jim Lawrence, illustrés par Ron Wilson ou Pablo Marcos (ou parfois les deux, le deuxième encrant le premier), tournent autour du thème de la chasse, à l’occasion d’une première intrigue qui voit le héros et ses amis se retrouver dans la ligne de mire d’un émule du Comte Zaroff en fauteuil roulant, puis d’une seconde dans laquelle le héros britannique affronte le Slaymaster, dans une intrigue qui parle de vieux comics Marvel inestimables.

Mais bientôt, la revue cesse toute publication de récits inédits. Les numéros 248 à 253 proposent une réédition en noir et blanc des Marvel Team-Up #65 et 66 (que ma génération a découverts dans Spécial Strange il y a presque quarante ans), auxquels l’équipe éditoriale ajoute des pleines pages d’introduction à chaque chapitre (les premières sont dessinées par Byrne lui-même). Le recueil de 2009, quant à lui, reproduit les épisodes avec les couleurs américaines, entrecoupés desdites pages de chapitre, ce qui constitue un travail éditorial de qualité et confère à l’ensemble une dimension historique bienvenue.

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Les aventures inédites de Brian Braddock, alias Captain Britain, semblent terminées. Mais c’est compter sans Dez Skinn, qui a pour tâche de constituer le sommaire de Hulk Comics, un nouvel hebdomadaire dans lequel il décide de passer des séries à épisodes courts (il appelle ça des « strips », et je trouve que l’expression, même si elle est ici fautive, n’est pas si déplacée). Outre Hulk par Dave Gibbons ou Nightraven par David Lloyd, entre autres, la revue propose également un feuilleton consacré au… Black Knight.

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Récupéré par Skinn avec l’assentiment de Stan Lee, le héros chevaleresque quitte les gratte-ciel des métropoles américaines pour adopter les terres de la légende arthurienne ce qui, selon le responsable éditorial, lui correspond mieux. Dès le premier épisode, il est lancé dans une quête dictée par Merlin (enfin, Merlyn the Mystic). Je n’ai pas d’explication pour l’absence du strip dans le numéro 2, mais la bande revient régulièrement dès le numéro 3. Le premier chapitre nous présente un « étranger », solitaire et ténébreux, qui contemple l’horizon balayé par les vents. On apprendra dans le deuxième chapitre (du numéro 3, donc), qu’il s’agit de l’objet de la quête du chevalier.

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Le scénariste, Steve Parkhouse, applique au héros déchu une recette qui fera des miracles pour les personnages Marvel dans les années 1980. Mais rappelons que nous sommes ici en 1979, et que les déchéances et autres « descentes aux enfers » n’étaient pas encore monnaie courante. Là, le Black Knight retrouve un Brian Braddock en partie amnésique et farouchement opposé à toute approche. Leur rencontre ne se passe pas de la manière la plus amène.

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Au dessin, on retrouve John Stokes, un dessinateur classique œuvrant sur le marché anglais depuis le début des années 1960, sur des titres de guerre ou d’humour. Son dessin minutieux, parfois expressionniste à la Lloyd, fait des merveilles dans cette édition en noir & blanc. Les intrigues de Parkhouse entraînant les personnages de forêts touffues en landes battues par les bourrasques, le style de Stokes fait merveille à décrire les décors naturels, les personnages de fantasy et les animaux qui emplissent les épisodes. N’oublions pas que Stokes est également le dessinateur de Marney the Fox, que les lecteurs français vont bientôt pouvoir découvrir grâce à Komics Initiative, et qu’il excelle dans la représentation de la nature.

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Le long feuilleton mis en branle à cette occasion court jusqu’à Hulk Weelky #90 (précisément de la page 112 à la page 199 du recueil). La plupart des couvertures sont des remontages d’illustrations provenant des éditions américaines, mais il arrive que quelques numéros disposent de couvertures originales (le 20 met Captain Britain en vedette, le 22 Black Knight…)

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Héros du feuilleton, le Black Knight est confronté à l’échec quand l’objet de sa quête, Captain Britain, meurt. Une fois de plus, on voit les audaces éditoriales permises par Dez Skinn, qui ose sacrifier un héros, poussant ses auteurs à animer un strip dont l’enjeu a disparu. Bien entendu, ce n’est pas le cas, puisque le décès du porte-drapeau mobilise les forces de Merlyn et cache la révélation d’enjeux plus grand. On devine, en parcourant la série, à quel point le flair éditorial de Skinn a pu faciliter la constitution d’un terreau fertile dans lequel Alan Moore a pu s’épanouir. La série consacrée au Chevalier Noir en est un exemple précoce.

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Reparcourir ces trois tomes donne aussi au lecteur français, qui n’a eu accès, longtemps, qu’au versant américain de la carrière de Braddock, une vision toute autre du personnage. On voit combien des éléments du personnages sont posés dans ses incarnations britanniques, dans son destin éditorial un brin ballotté. Les liens entre Captain Britain et le Black Knight, par exemple, dont Paul Cornell a tiré un certain sel dans Captain Britain and the MI-13, plongent leurs racines dans ce serial. L’enracinement dans une mythologie néo-arthurienne remonte aux épisodes de Claremont et Trimpe. Bref, pour ceux qui l’ont connu dans Spécial Strange et qui l’ont retrouvé, des années plus tard, dans les épisodes d’Alan Davis (et sous un autre costume), ces recueils constituent une plongée dans un contexte historique bien lointain…

Jim