RÉÉDITIONS MARVEL : TPBs, omnibus, masterworks, Epic…

Après le coup d’éclat qu’a constitué « Operation Rebirth », la série Captain America, et donc son nouveau scénariste Mark Waid, marquent le pas à l’occasion d’un cross-over intitulé « First Sign » (dont le titre de travail était « Zodiac Attack »), qui l’oppose aux troupes du Zodiac et qui l’associe à Thor et Iron Man. La première partie, dans Captain America #449 est plutôt sympathique, Waid trouvant le moyen d’empiler des séquences chocs, splendidement traitées par Garney, qui ne signe hélas que la moitié de l’épisode, l’autre étant illustrée par Sandu Florea (et, pour rester pudique, la comparaison ne grandit pas le travail de ce dernier). La suite du récit se déroule dans Thor #496, Iron Man #326 et Avengers #396.

Ces épisodes finiront, des années plus tard, par figurer dans les sommaires des albums de la collection Epic, mais dans les années 1996, quand les TPB étaient réservés aux grands succès et aux runs marquants, l’éditeur a choisi de sauter Captain America #449 et de passer directement au numéro « anniversaire ».

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C’est là qu’intervient le recueil Captain America: Man Without A Country, qui assemble les épisodes composant la deuxième grande saga de Mark Waid. Le recueil paraît au printemps 1998, soit à peu près deux ans après la parution des fascicules.

Le principe est simple : les services secrets, pour une raison qui n’est pas encore expliquée (mais c’est Mark Waid : ça ne va pas tarder) tentent d’arrêter Sharon Carter. À sa place, ils arrêtent Steve Rogers. Ce dernier, dans son costume de héros, est conduit devant le Président, à la Maison-Blanche. Cap est accusé de trahison.

Les explications, comme je disais, arrivent dans le même épisode : un acolyte du Red Skull, le Machinesmith (apparu dans la série durant le court mais fructueux règne de Roger Stern et John Byrne), a réussi à voler les secrets stratégiques détenus par Cap. Le Président pressent bien que le héros tricolore n’est pas coupable, mais dans l’impossibilité de l’innocenter, de le gracier mais aussi de le juger, il décide de l’exiler, en Angleterre. Sacré sommaire pour le 450e épisode !

Dès le mois suivant, épaulé par Sharon Carter et nanti d’un nouveau costume (ce qui ne manquera pas de rappeler aux vieux lecteurs la période Englehart, quand Cap est brièvement devenu Nomad), Cap décide d’aller chercher des informations. Ensemble, ils attirent l’attention des « Cyberops » du Machinesmith, et l’épisode se conclut avec l’explosion de l’avion qui les transporte !

Et là, en ouverture de Captain America #452, Waid et Garney nous réservent une de ces séquences d’action dont ils ont le secret, une cascade visuelle saisissante, qui profite des forces graphiques du dessinateur. Des pages proprement incroyables, avec un rattrapage de siège éjectable qui m’a proprement soufflé la première fois que je l’ai lu !

Dans une interview, Waid avait dit que le premier récit montrait un Cap ballotté, débordé, surpris, qui suit les événements. Mais qu’il allait bientôt prendre l’initiative, et c’est ce qui se produit dans cette deuxième saga, à l’issue de laquelle le héros parvient à déjouer la tentative d’attentat du Machinesmith (bien moins suicidaire que dans la période Stern / Byrne).

Le recueil de 1998 s’arrête là. Waid et Garney signeront un autre épisode, Captain America #554, avant de céder la place à Rob Liefeld dans l’opération « Heroes Reborn ». Ce dernier chapitre permettra aux auteurs de faire le point sur certaines sous-intrigues tout en donnant au couple Steve / Sharon de chouettes moments, un statu quo plus stable (mais quand même différents de celui du passé) et en offrant au héros de nombreuses occasions de prendre des poses « iconiques », comme on dit de nos jours.
Pour ma part, j’en veux énormément à Marvel d’avoir lancé cette initiative éditoriale inepte. Ils ont coupé l’élan à une équipe créatrice motivée, dont cette première prestation laissait entendre qu’ils en avaient encore beaucoup sous le pied. De même, on peut imaginer qu’ils allaient articuler leurs récits à la manière dont ils l’ont fait entre « Operation Rebirth » et « Man Without A Country », à savoir en créant des liens logiques, des rapports de cause et de conséquence, qui donnent à la prestation une allure de vaste épopée. À son retour dans le cadre de « Heroes Return », Waid aura perdu la flamme et mettra beaucoup de temps à retrouver l’élan qu’il avait.

Jim

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