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Allez, un petit TPB par soirée, zou… Et donc, X-Men Forever tome 2.

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C’est pas mal, mais en lisant, je me suis fait la réflexion suivante : plus que la suite de la période Jim Lee, c’est, dans la tonalité ainsi que dans la modestie des intrigues, moins épiques que la saga en Savage Land ou celle du Dark Phoenix, c’est un peu la suite de la seconde période Cockrum. On y retrouve cette volonté d’installer des choses, de poser de nouveaux éléments pour la suite.

Le recueil commence par un épisode illustré par l’excellent Paul Smith. Un peu en mode automatique, mais toujours élégant. On reprochera l’encrage de Terry Austin, minimaliste (là où la force d’Austin, dans les années 1970 puis 1980, c’était dans les décors d’une grande richesse), un peu raide, pas toujours au diapason de ce qu’il doit encrer (son rendu sur Sabretooth est assez pauvre et maladroit).

Le récit signe aussi un pan de la note d’intention : Claremont rédige un épisode plus léger, où les Mutants se décontractent après les événements du tome précédent (qui cumulent mort, trahison, blessure, changement de pouvoirs, découverte d’un nouveau ennemi, alliance tendue avec le SHIELD, secret effrayant…), et le scénariste associent séance en salle des dangers et partie de base-ball, deux classiques de la série sous son règne. Si ça, c’est pas du biscuit pour fans !

L’épisode sert aussi à positionner 'Ro, la version adolescente de Storm, dans le groupe, faisant d’elle le personnage candide juvénile, rôle tenu en son temps par Kitty. À la fin de l’épisode, un sub-plot : une équipe du SHIELD a découvert quelque chose de louche en Amérique du Sud.

Une équipe est donc déléguée sur place. C’est l’occasion d’un flash-back racontant comment Nick Fury a rencontré les Howling Commandos, date de sa rencontre également avec Logan.

Arrivés sur place, les Mutants découvrent avec horreur qu’ils font face à une nouveau modèle de Sentinelles. L’épisode présente cela dit un problème, qui est assez éclairant quant à l’écriture de Claremont : c’était prévisible. En effet, s’il construit son récit de manière à ne montrer le robot tueur qu’à la fin, et donc à utiliser des plans serrés et des indices dans les dialogues, à la manière d’un film de monstre qui réserve ses grosses images pour la fin. Sauf que ça ne marche pas puisqu’une scène de dialogues entre Scott et Hank a déjà orienté l’attention du lecteur vers les machines tueuses et la famille Trask qui les a créées.

Le combat contre le robot et la rencontre avec Zigfried, une généticienne qui semble avoir survécu à l’attaque de la Sentinelle. Là encore, Claremont, bizarrement, à trop vouloir placer des pistes (à la faveur du réseau mental qui unit les équipiers, ce qui permet de justifier la présence de nombreuses bulles de pensée) et attirer l’attention, finit par tuer tout suspense. En effet, plusieurs membres de l’équipe se méfient de Zigfried, et à raison puisqu’il s’agit de Zigfried Trask, fille de Bolivar (et donc sœur de Larry), et petite-fille de Dietrich, lui-même tué par Logan dans la mission racontée par Fury.

Quand la révélation survient, aucune surprise. En revanche, on voit bien que Claremont pose ses pions, puisque les Mutants découvrent un logo qu’ils ont déjà remarqué dans l’arc précédent, celui du Consortium : ils se sont fait un ennemi de poids. Plus intéressant (mais nécessitant des explications qui ne sont pas encore arrivées), les gens du Consortium que l’on voit régulièrement à la faveur de scène placées dans l’ombre, sont dirigés par la propre mère de « Ziggy ».

Si les trois épisodes en Amérique du Sud sont sympathiques et agréables à lire, malgré là encore des dialogues un peu insistants et surtout un peu passe-partout, le dixième numéro voit le retour de Paul Smith (et du lettreur Tom Orzechowski, remplacé pendant trois chapitres par Ed Dukeshire, un excellent faiseur qui sait se fondre dans le style maison) et l’enterrement tant attendu de Wolverine.

Car oui, malgré les défauts signalés (un certain manque de souffle et des dialogues un peu premier jet, un peu fainéants), Claremont accompli l’exploit de rédiger une série mutante lisible sans sa vedette incontournable. Paul Smith, avec sa délicatesse habituelle, brosse le portrait d’une assistance emplie de gens connus, puisque les Vengeurs et les Fantastiques viennent rendent leur dernier hommage.

Lecture sympathique, donc, qui fournit une bonne série d’aventures avec son lot de mystères. X-Men Forever souffre bien entendu de la comparaison avec la série dont elle est supposée « prendre la suite », et avec la baisse (relative) de qualité d’écriture, mais il est notable que Claremont cherche à rédiger des arcs plus courts et surtout plus résolutifs (mais paradoxalement, les Mutants ne remportent que des victoires superficielles se résolvant par la fuite de l’ennemi), et surtout à se débarrasser de ses tics d’écriture (par exemple, s’il y a des scènes de rêverie ou de cauchemar, souvent utilisées par le scénariste en guise d’annonce de péripéties à venir, elles sont rares par rapport à l’usage frénétique qu’il en a fait dans le passé). On sent une volonté d’épurer, d’aborder le travail différemment (bon, c’est peut-être aussi l’indice que Claremont est en pré-retraite, et qu’il la joue pépère, hein…).

Pour ma part, bizarrement, je me souvenais de l’enterrement. Et sans doute aussi de l’autre épisode de Paul Smith. Et confusément de l’apparition d’une Sentinelle. J’ai dû lire la série dans le désordre (et sans doute en VF à l’époque) et ça fait du bien de relire tout ça convenablement.

Jim

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