Dans le quatrième recueil de X-Men Forever, titré « Devil in a White Dress » (déclinaison d’un titre utilisé pour un chapitre d’Inferno, lui-même inspiré de celui d’une chanson), on retrouve Nightcrawler et Rogue, qui répondent à un appel au secours d’Amanda Sefton.
Il s’avère que ce n’est pas la compagne de Kurt, mais Mystique, la métamorphe chef de la Brotherhood of Evil Mutants puis de la Freedom Force. La comploteuse est au courant des menées du Consortium, mais la rencontre est aussi l’occasion pour Kurt d’apprendre leur véritable lien familial.
Les choses dégénèrent et, à la suite d’une explosion, Rogue est inconsciente. Kurt prend le risque de lui faire du bouche-à-bouche, et bien entendu, elle absorbe ses capacités. Kurt redevient humain, mais Rogue semble avoir perdu sa capacité à copier les pouvoirs de ceux qu’elle touche.
On passera sur le fait que, ayant perdu ses pouvoirs, Kurt perd aussi sa queue préhensile mais récupère deux doigts à chaque main. Cela n’a rien de logique car le squelette n’est sans doute pas concerné par la mutation (rappelons que, lors de la « Décimation », quand le Blob a perdu son contrôle sur sa graisse en trop, sa peau est restée distendue). Est-ce une « licence poétique », ou bien un subplot déguisé (l’apparence de Kurt étant, peut-être, lié à quelque capacité métamorphe héritée de sa mère biologique) ? Voilà qui pourrait être intéressant. En tout cas, les auteurs n’oublient pas que la présence d’un appendice caudal perturbe l’équilibre et mettent en avant cette redécouverte du corps, pour les deux individus.
Les péripéties vécues par Kurt et Rogue amène aussi une dimension de commentaire à la série. Kurt se retrouve par exemple avec une apparence humaine, quelque chose qu’il a toujours désiré. Et pourtant, il le vit mal, et formule l’idée classique selon laquelle il faudrait se méfier de ce que l’on souhaite et surtout du moment où on l’obtient. Impossible de ne pas voir dans ce personnage (et dans d’autres intrigues de la série) la figure même de Claremont, qui obtient ici d’écrire à nouveau la série qui l’a rendu célèbre, mais dans des conditions qui ne sont plus celles dont il profitait à l’époque. La série est marquée par des personnages qui veulent des choses et éprouvent des difficultés une fois la chose obtenue (ou bien se posent la question et n’osent pas) : c’est souvent le cas dans les triangles amoureux, entre autres. Un cadeau empoisonné pour les héros, mais aussi pour le scénariste ?
L’épisode suivant est consacré à Scott Summers, qui passe du temps avec son fils Nathan. Claremont laisse donc ses personnages évoluer, les retrouvant de temps en temps. Petit épisode solo, à caractère humain, il permet de caractériser le chef des mutants (dans son costume classique que j’aime bien) tout en faisant le point sur Hacok et Polaris et en ramenant la menace du Consortium.
Les deux épisodes concluant le recueil suivent une mission menée par Nick Fury afin de remonter la piste des agents infiltrés dans son SHIELD. Pour la première fois, Sabretooth participe à l’action autrement qu’en étalant son mauvais caractère. La mission est l’occasion de découvrir que Fabian Cortez, enlevé à la surveillance du SHIELD quelques épisodes plus tôt, est mourant sous l’effet des expériences menées par le Consortium.
Tout en se débarrassant du personnage, Claremont connecte les différents aspects de sa série autour du fameux « burnout » des mutants, donnant un but au Consortium et insistant sur la menace.
Parallèlement, il rassemble ses héros, marquant l’éloignement progressif entre Scott et Jean, les inquiétudes de Xavier concernant l’avenir des mutants ou l’étude des nouvelles capacités de Rogue et Kurt. Tout ceci est bien sympa, composant une petite série X-Men, une petite saga claremontienne, mais un projet cohérent, qui conserve une certaine ampleur.
Jim