RÉÉDITIONS MARVEL : TPBs, omnibus, masterworks, Epic…

Je continue ma relecture, dans le désordre, des quelques recueils de la série West Coast Avengers que j’ai chez moi. Et je viens de relire West Coast Avengers: Sins of the Past, qui couvre une grosse poignée d’épisodes et deux Annuals.

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L’album s’ouvre sur l’épisode 10, qui constitue un raté pour Hawkeye, toujours en quête de réussite et de reconnaissance : il vient de convoquer une conférence de presse pour annoncer l’arrivée de Ben Grimm dans le groupe, mais Ben ne se présente pas. L’épisode est une course-poursuite afin de retrouver le membre récalcitrant, qui se conclut au moment de la rencontre avec Headlock et le Griffin (être à moitié animal que Wonder Man connaît bien pour l’avoir affronté dans un Marvel Team-Up).

C’est la première apparition du méchant Headlock, un être maigrelet aux pouvoirs mentaux apparemment colossaux. Comme beaucoup de vilains inventés par Englehart (mais il y a des exceptions : Necrodamus ou Silver Dagger ont fait une petite carrière, le Construct ou, mieux, les Manhunters, ont connu un destin plus grand…), Headlock ne fera pas une grande carrière.

L’intrigue, de petite envergure, sert surtout à positionner les personnages. Notamment Hawkeye qui cherche à constituer une bonne équipe, découvre que les limitations imposées par le gouvernement n’ont plus court depuis que les Vengeurs ont perdu leur accréditation, et semble obnubilé par son statut et celui de son groupe.

C’est le statut de la série qui interroge, cela dit : le titre semble ne pas décoller, alignant les petits récits et les péripéties rapidement évacuées. Pourtant, Englehart a signé quelques récits intéressants, qu’il s’agisse du cross-over ayant lancé la série, des épisodes avec Ultron ou du mystère entourant Master Pandemonium mais pour l’heure, le scénariste aligne les épisodes sympathiques et les dialogues consistants, mais les intrigues sans envergure. C’est encore le cas avec West Coast Avengers #11, qui explicite les relations tendues entre Mockingbird et le SHIELD.

On découvre que l’organisation de contre-espionnage voit d’un mauvais œil l’arrivée d’une ex-agente dans un groupe de super-héros, au point de commanditer un groupe de vilains afin de mener une attaque. Le prétexte peu convaincant donne lieu à des bastons sympathiques mais sans plus, et l’intérêt de l’épisode se trouve davantage dans les sub-plots, l’un consacré à Wonder Man (et sa carrière hollywoodienne) et Tigra (et son cœur d’artichaut), l’autre à Hank Pym qui mène des recherches sur Master Pandemonium sous le regard d’une étrange créature.

L’épisode 12 marque une grosse amélioration, avec l’arrivée de plusieurs vilains (dont Zzzax, créé par Englehart : voilà un vilain qui a duré), assemblés par Graviton. C’est aussi l’épisode où plusieurs membres du groupe changent de costume. Ces modifications cosmétiques constituent également un signe : le scénariste semble dégager ses personnages de leur passé et trouver une direction à la série qui, pour l’heure, n’a connu ses meilleurs moments que grâce à l’exploitation d’intrigues classiques.

Avec Graviton, Englehart propose une intrigue plus musclée, aux visuels plus spectaculaires, et met en avant les problèmes de Tigra, partagée entre sa personnalité humaine et ses inclinations félines, qui la tiraillent. Greer Nelson choisit finalement de redonner à sa moitié humaine la place qu’elle mérite. Le diptyque est représentatif de la méthode Englehart d’alors : creuser les problèmes personnels des personnages et en faire le moteur des récits. La formule, cependant, met du temps pour produire ses effets.

Le sommaire de ce recueil est ensuite consacré à deux numéros annuels, qui composent une histoire commune et lance ainsi une formule qui sera reprise l’année suivante, comme on l’a déjà évoqué. Dans Avengers Annual #15, les deux équipes inaugurent une partie de base-ball quand ils sont pris à parti par la Freedom Force, mandatée par le gouvernement afin d’arrêter les héros. Ceux-ci sont convoqués devant une cour composée de Valerie Cooper, Henry Peter Gyrich et Raymond Sikorsky, qui viennent juger des méfaits des héros. Les trois agents de liaison semblent disposer d’informations provenant de l’intérieur.

Involontairement aidés par la nouvelle Spider-Woman, alias Julia Carpenter, les Vengeurs parviennent à s’échapper de leurs cellules dans la Vault, et doivent désormais identifier le traître dans leurs rangs. L’Annual, bien troussé mais sans génie, fait le point sur le statut du groupe dans l’univers Marvel et vaut graphiquement pour l’étrange association entre le dessin de Steve Ditko et l’encrage de Klaus Janson, pour un résultat des plus convaincants.

La suite se déroule dans le premier Annual de West Coast Avengers, illustré par Mark Bright et Geoff Isherwood. L’identité de celui qui a donné ces informations aux agents fédéraux est simple : Quicksilver. Englehart continue ici à dérouler son intrigue sur la lancinante dépression qui frappe le bolide bleu, chez qui la haine de Vision l’emporte sur le reste, nourrissant le sentiment d’avoir été trahi par tout le monde. Le thème a été lancé à la fin de la série Vision and Scarlet Witch et le personnage, dans cette version maléfique, reviendra à nouveau afin d’enquiquiner ses anciens équipiers.

L’épisode a aussi l’avantage de faire revenir quelques membres éminents de l’équipe, dont Thor, Black Panther, Falcon ou Black Widow, et de faire apparaître le cartel du Zodiac, dans sa version LMD. Ceux-ci, on l’a vu précédemment, reviendront également dans la série mensuelle.

Ladite série mensuelle revient dans le sommaire avec l’épisode 14, qui confirme que le scénario subit un petit coup d’accélérateur. Le comportement de Tigra continue à être erratique et dangereux, Allatou, la démone qui observe Pym, fait son apparition et enlève les deux héros, les vengeurs demandent conseil à Daimon Hellstrom (qui se rebaptise Hellstorm : je n’avais jamais fait gaffe que le changement était officiel, je pensais que c’était une coquille) et à Patsy Walker (désormais Hellcat), et Master Pandemonium se joint à l’équipe afin de retrouver les deux personnages enlevés.

L’épisode est frénétique, il s’y passe plein de choses, et Englehart recourt à la structure du voyage, qui lui réussira si bien plus tard dans la série ou, encore, dans Fantastic Four. L’épisode suivant conduit donc ses personnages dans le « World Within », ce monde intérieur où vit le Peuple-Chat. Cette race demande à Greer d’exécuter sa part de l’accord qui les lie, et de tuer Pandemonium. Mais Tigra s’y refuse, sa « âme-chat » lui est arrachée tout le monde est enfermé, et c’est là que Patsy Walker lui confie son costume.

Ici, Englehart joue sur la continuité, rappelant que le costume de Cat a, dans un premier temps, été fabriqué par une ressortissante du Peuple-Chat. Il a donc sans doute des capacités spéciales. Et c’est ainsi qu’en récupérant son « âme-chat » tout en portant ce costume, Greer prend le contrôle de sa moitié féline (tout en gagnant un appendice caudal en bonus).

Le dernier épisode du sommaire montre Hank Pym affronter ses démons, notamment en luttant contre son vieil ennemi Whirlwind. Mais le héros comprend que les changements en Tigra éloignent de lui son équipière, et le savant retombe dans sa mélancolie, à l’occasion d’une dernière séquence annonciatrice de ce que le scénariste prévoit pour lui.

Période transitoire que celle réimprimée dans Sins of the Past, où les personnages doivent plus ou moins faire le point dans leur existence. Pour ma part, et même si j’aime bien la série depuis le début, il me semble que la série décolle véritablement ici. Il se reproduit sur West Coast Avengers ce qu’on a déjà pu observer sur Avengers, à savoir un lent démarrage (en effet, jadis, il aura fallu attendre l’arrivée de Mantis pour qu’Englehart donne une personnalité affirmée à sa prestation : ici, c’est un peu pareil). Néanmoins, les soucis personnels de ses héros les rendent très attachants aux yeux des lecteurs, distinguant la série de son homologue de la côte est.

Jim

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