RÉÉDITIONS MARVEL : TPBs, omnibus, masterworks, Epic…

Il ne me semble pas que la série d’albums Essential reprenant le run de Wolfman et Colan sur « Tomb of Dracula », dans les années 70, ait été évoquée ici.
Je suis tombé, pour une somme dérisoire, sur un exemplaire d’occase du premier volume…et je ne le regrette pas !! Et pourtant, je ne suis même pas rentré dans le vif du sujet, avec l’arrivée de Wolfman au numéro 7.

Ce premier volume regroupe les 25 premiers épisodes du titre, plus un numéro de « Werewolf by Night » (à l’occasion d’un crossover impliquant le Loup-garou de Marvel) et un numéro spécial, « Giant-Size Chillers 1 », qui voit la première apparition de Lilith…

Au tout début des années 70, Marvel (comme ses concurrents) est sous le joug du fameux Comics Code, qui a très peu (voire pas) évolué depuis sa mise en place au cours des années 50. Celui-ci stipule clairement que, parmi les interdits auxquels se plient les créateurs et les éditeurs, les vampires sont proscrits par exemple. Dans ce contexte, les titres « horrifiques » de l’ère pré-code (à la EC Comics) ne peuvent exister.
Les lignes, logiquement (après les bouleversements des années 60), se mettent à bouger, notamment sous l’impulsion d’un Stan Lee qui se passe de l’approbation du Code pour publier le fameux numéro de Spider-Man qui évoque sans détour la consommation de stupéfiants (dans un but clairement préventif, d’ailleurs). A partir de là, il est clair que le Comic Code, en l’état, est caduque : il est réécrit en conséquence.

Les titres horrifiques vont par conséquent se mettre à pulluler, chez Marvel comme ailleurs. On peut à nouveau exploiter les vampires, les goules, les monstres divers et variés… L’éditeur reste prudent : il « teste » l’apparition d’un premier « vampire » (pas tout à fait un vrai vampire, plutôt un vampire « scientifique » pourrait-on dire) avec l’apparition de Morbius the Living Vampire dans les pages de « Amazing Spider-Man » à la fin de l’année 1971. Et ça passe.
La porte est donc ouverte pour des tentatives plus franches, comme le lancement du loup-garou Jack Russell en février 72 dans les pages de « Werewolf by Night ». Deux mois plus tard, Marvel lance le titre « Tomb of Dracula ». Quitte à lancer un titre impliquant un vampire, pourquoi ne pas utiliser le plus célèbre d’entre eux ? Et ça tombe bien, les droits du fameux roman de Bram Stoker venant de tomber dans le domaine public. L’utilisation du fameux Comte est évidemment un avantage, par rapport à la création d’un nouveau personnage.

Au dessin, c’est Gene Colan (célèbre pour sa fameuse prestation sur « Daredevil », et qui s’illustrera aussi sur « Doctor Strange » et « Iron-Man ») qui s’y colle. Il est parfait pour ce type d’ambiance, et signera l’intégralité (!) des 70 épisodes du titre, souvent encré par Tom Palmer, dont l’encrage gras va comme un gant à Colan. Au scénario, on se bouscule au portillon : Gerry Conway signe les deux premiers épisodes, Archie Goodwin et Gardner Fox écrivent les 4 suivants. Wolfman arrive au numéro 7, et reste jusqu’à la fin du titre (à l’exception d’un fill-in par Fox sur le numéro 9). Sacré run pour un même tandem créatif…

Le pitch : Frank Drake (notez la parenté du patronyme avec celui du célèbre Comte) est un jeune homme ruiné, qui a dilapidé la fortune familiale en un laps de temps très court. Clifton, son meilleur ami (pas rancunier vu que Drake lui a piqué sa copine…), lui fait remarquer que pour se refaire, il ferait aussi bien d’exploiter le seul bien qu’il lui reste, un vieux château abandonné en Transylvanie. Les légendes lugubres qui courent sur le château et son ancien propriétaire, le fameux Dracula, ne les dissuadent pas de s’accaparer la vénérable demeure. Là, dans une crypte, Clifton incrédule retire le pieu enfoncé dans la poitrine d’un cadavre. Il n’en faut pas plus pour que Dracula refasse surface !!

Le titre est considéré comme une des réussites majeures du Marvel des années 70, notamment dans sa façon de relever le défi d’un titre dont le protagoniste principal est aussi le vilain (une gageure). Porté par un duo artistique au sommet de ses possibilités, le titre multiplie les personnages secondaires plus riches les uns que les autres (parfois des créations, parfois des reprises des personnages de Stoker), au premier rang desquels le fameux « Daywalker » Blade (qui connaîtra 25 ans plus tard une adaptation cinématographique, fameuse).
Le plus drôle dans cette affaire, et qui rend la réussite du titre plus étonnante encore, c’est que Marv Wolfman reconnaît volontiers ne pas spécialement aimer les vampires, et affirme (hum) ne pas avoir vu le moindre film ou série télé mettant en scène les fameux Nosferatu. Il déclare s’en être tenu à la lecture du roman de Stoker, ce qui explique peut-être la fraîcheur de son travail sur le perso…

Je n’en suis qu’au tout début, mais je ne manquerai pas de venir en dire plus un peu plus tard. To be continued…