RÉÉDITIONS MARVEL : TPBs, omnibus, masterworks, Epic…

J’ai récemment commencé la lecture du recueil X-Men - Reload volume 1, qui rassemble les épisodes que Claremont a écrits en 2004, succédant à Chuck Austen et quelques autres, et surtout à une période de grand chambardement pour les mutants. Sa prestation m’avait assez plu à l’époque, même si elle m’avait paru courte (alors qu’en fait, non) et un peu disparate. Mais le survol récent de ce premier tome, qui couvre Uncanny X-Men #444 à 461, me permet de retrouver des sensations agréables de lecture.

Déjà, Claremont est excellemment servi. La relance s’opère avec Alan Davis, qui est l’un des architectes de cette prestation, mais on voit passer par exemple un diptyque dessiné par Olivier Coipel, du plus bel effet (ces épisodes, il les dessinait quand j’étais passé le voir dans son atelier afin de récupérer des illustrations destinées à une version française de ses Legion of Super-Heroes : on a beaucoup parlé de son influence Silvestri, qu’il semblait ne pas trouver si évidente. Et c’est à l’occasion de cette conversation que j’ai appris qu’il allait faire un projet avec Bendis, ce serait House of M).

Ensuite, il y a quelque chose de très classique dans les épisodes de Claremont qui, visiblement, est ici afin de redonner à la série une allure conventionnelle après les explorations de Morrison ou de Casey. Le scénariste revient donc à des fondamentaux de sa grande période, à savoir la haine des mutants, par exemple. Et le contenu de ce recueil montre que Claremont va nous emporter dans un parcours touristique destiné à nous faire visiter les lieux incontournables de l’univers mutant, parfois sous un nouveau jour : Murderland d’Arcade, un nouveau Hellfire Club, un détour par le Manoir Braddock ou la Savage Land…

Dans cette perspective, Claremont met l’accent sur des personnages qu’il connaît bien et dont il a contribué à faire la gloire : Storm, bien sûr, mais aussi Nightcrawler, par exemple. De même, il remet sous les feux de la rampe Rachel Summers, autour de qui il brode quelques scènes soit humoristiques soit dramatiques. Il utilise des menaces patrimoniales, genre le Fury, robot fou au centre de son premier récit en quatre épisodes.

Tout cela est très classique et rappelle peut-être les premiers pas de Claremont sur la série, où il oppose les héros à des vilains classiques (les Sentinelles, Magneto ou le Juggernaut) venus de la première version de la série, ou peut-être encore la période Jim Lee où reviennent des figures classiques de la série. Ici, le casting sert à redéfinir la série, sans doute pour rassurer les vieux fans. Ce qui n’empêche pas Claremont d’utiliser les personnages et les avancées suggérés dans les périodes où d’autres scénaristes s’occupaient des personnages.

Par exemple, il ne place pas Bishop dans le fond de la scène mais l’utilise dans les combats avec justesse. Le deuxième récit de Davis tourne autour d’X-23, la jeune mutante griffue apparue dans l’univers Marvel un peu plus tôt la même année. Le scénariste se comporte en bon soldat mais surtout respecte le travail de ses collègues, une qualité que l’on avait déjà relevée dans la série X-Men - The End, où il savait mélanger ses protagonistes préférés et les idées des autres auteurs.

Alors bien sûr, les lecteurs qui ont apprécié que les propositions de Morrison et Casey aient propulsé les séries dans d’autres directions peuvent estimer que la prestation de Claremont constitue une sorte de retour en arrière. Et, en effet, on pourrait presque croire que ces épisodes constituent une suite directe de sa légendaire prestation, sans le durcissement interventionniste d’Extreme X-Men ou les tenues en cuir matrixien d’un précédent retour. D’autant que l’on retrouve ses fixettes narratives : les cauchemars annonciateurs, les possessions féminines, les scènes de base-ball, de danse ou de duel à l’épée…

Et dans le même temps, Claremont semble avoir retenu la leçon de prestations précédentes, et décidé de foncer et de faire feu de tout bois. Utiliser le Fury est un signe : il semble pressé d’utiliser des concepts qui lui ont échappé pour mille raisons précédemment. Ses subplots ne sont pas à rallonge mais trouve rapidement une résolution (ainsi du nouveau Hellfire Club). Cet élan ne peut que renvoyer à sa période classique et donc contraster avec les innovations de ses prédécesseurs. Mais c’est tout à l’honneur du scénariste de se montrer généreux en péripéties et en caractérisation, d’autant que bien des récits (surtout ceux dessinés par Davis) ont un souffle épique évident. Les différents come back de Claremont chez Marvel n’ont pas toujours été couronnés de succès et propices à des histoires motivantes, mais cette prestation réserve son lot de bonnes surprises.

Jim

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