RÉÉDITIONS MARVEL : TPBs, omnibus, masterworks, Epic…

Je ne suis pas un grand fan des productions papier de J. Michael Straczynski, que je trouve en général prétentieuses, longues, lentes, pleines d’effets qui dissimulent soit des intrigues banales soit des angles d’attaque privilégiant une « originalité » forcée et souvent à côté de la plaque. Je me suis ennuyé ferme à ses Amazing Spider-Man ou à ses Thor, j’ai trouvé ses Fantastic Four hors-sujet, ses Rising Stars m’ont paru trop longs, le dessin hideux des premiers numéros désamorçant toutes les bonnes idées et les séquences touchantes (finalement, je crois n’avoir apprécié que ses The Twelve, sorte de clone watchmenien des héros Marvel de l’âge d’or)… et je me suis endormi quelque part au milieu de ses Supreme Power, relecture vertiguesque et snobinarde du Squadron Supreme qui vide son sujet de tout sens du merveilleux sous prétexte d’y mettre une forme de réalisme socio-politique. Il faut dire aussi que le trait de Gary Frank a contribué à mon assoupissement.

Mais j’ai trouvé pour cinq euros le recueil compilant les cinq épisodes de la mini-série Supreme Power: Hyperion, qu’il écrit pour Dan Jurgens et Klaus Janson. Le récit se concentre sur le Superman local, et j’avoue que l’attrait des planches, par un tandem qui fonctionnait très bien sur Sensational Spider-Man, a été plus fort que moi.

Le principe est simple : un général rassemble des surhommes afin de retrouver et de ramener Mark Milton, alias Hyperion. Bien entendu, les choses ne vont pas se passer aussi simplement. Le premier épisode est consacré au recrutement, le second à une confrontation, les trois autres envoyant tous les personnages valdinguer dans une version alternative de leur monde, où Hyperion a pris le pouvoir avec d’autres êtres à pouvoirs.

L’ensemble est plutôt chouette, même si l’on aurait pu s’attendre à ce que certaines forces de Straczynski, notamment les dialogues, soient davantage mises à profit. Par exemple, il donne sa version d’Emil Burbank, l’ennemi traditionnel de Hyperion. D’ordinaire, cet adversaire revêt l’apparence d’un savant fou barbu. Là, il en fait un petit génie qui pense vite, dans une version lexluthorisée qui doit beaucoup à la réfection de l’ennemi de Superman par Wolfman et Byrne en 1987. Hélas, pour un génie galopant, il semble peu impressionnant par sa manière de parler et encore moins par sa capacité à réfléchir.

Hormis ces réserves, la mini-série propose une histoire sympathique, un peu prévisible, somme toute classique, mais bien troussée. C’est une excellente idée que de confier à Jurgens la représentation du surhomme local : durablement associé à Superman, il confère à Hyperion une classe évidente.

La fin de la série lève le voile sur la nature de l’univers que les héros viennent de visiter. Là encore, seul Emil Burbank découvre le pot-aux-roses, dans un mécanisme d’écriture un peu facile (il est aisé de faire passer un personnage pour un génie quand tous les autres sont écrits comme des crétins ou des aveugles). Mais la révélation, pour prévisible qu’elle soit à un lecteur attentif, donne envie d’en savoir plus. C’est peut-être le mérite de cette lecture, en ce qui me concerne, puisqu’elle a ravivé ma curiosité au point que je suis curieux de lire d’autres récits du même univers.

Jim

2 « J'aime »