Ça fait un bout de temps que j’ai en tête de récupérer les She-Hulk de Byrne en VO. Et là, l’occasion vient de se présenter. Sous la forme de deux recueils consacrés aux deux périodes de l’auteur sur la série.
Le premier recueil s’ouvre sur les pages extraites de Marvel Comics Presents #18 dans lesquelles Byrne fait revenir le personnage et, surtout, introduit son concept, à savoir la conscience du statut de fiction, le dialogue constant avec le lecteur, en bref, la cassure du quatrième mur.
Suivent les huit premiers numéros de la série, lancée en 1988, jusqu’au départ de l’auteur qui se fâche avec la rédaction, et notamment avec Bobbie Chase, responsable éditoriale.
Byrne s’amuse à faire revenir de vieux personnages, tels que le Circus of Crime, les Headmen, les envahisseurs Toad Men ou encore les chauffeurs routiers Razorback et US1, pour ce que je considère comme le pic de cette première prestation, une aventure cosmique déconnante avec l’ineffable Xemnu, pourtant articulée sur une continuité minutieuse, qui donne une nouvelle dimension aux protagonistes.
Mais bien sûr, l’élément fort de la série, c’est ce rapport hilarant entre fiction et réalité. Là encore, c’est par l’entremise d’un vieux personnage que tout se déroule, puisque Jennifer Walters devient amie avec Louise « Wheezie » Mason, en réalité l’ancienne Blonde Phantom des années 1940. En tant que personnage secondaire tombé dans les « limbes du comic book » pendant des années, elle n’a pas été soumise aux effets de jouvence propre à la continuité glissante des histoires de super-héros, et elle a vieilli. Elle a aussi appris à passer d’une case à l’autre pour franchir de grandes distances et à profiter des subplots pour se déplacer ou changer de vêtements.
Reparcourir ces épisodes me fait redécouvrir de nombreux détails. Par exemple, quand je les ai lus dans Nova, je n’ai pas saisi que les scènes de rêve dans lesquelles Jen se sent défaillir entre les bras d’Hercules étaient un clin d’œil, adressé aux fidèles lecteurs de Byrne, renvoyant à des scènes comparables entre Superman et Wonder Woman. Et des redécouvertes pareilles, il y en a plein.
C’est un régal à reparcourir. C’est joli, c’est sexy. C’est bien raconté, sans effets outranciers, avec une narration soignée et pas trop de grandes cases. On est encore sur le Byrne soigné de la fin des années 1980, qui s’arrange déjà pour éviter quelques décors, qui annonce l’astucieux tricheur qu’on verra s’épanouir plus tard, mais l’ensemble est très agréable à regarder. Seul petit bémol à mes yeux : le lettrage des deux premiers épisodes est réalisé par l’excellent John Workman, qui cède la place à Jim Novak dès la troisième livraison : c’est très bien, mais nettement plus discret et donc moins stylé.
Jim