Le deuxième recueil, compilant la seconde prestation de Byrne sur le personnage, s’intitule The Sensational She-Hulk - John Byrne: The Return. L’auteur devient le titre, clin d’œil évident aux mises en abyme intarissables propres à la série.
Ma première réaction à la réception de ce tome fut de m’étonner de son épaisseur. J’avais gardé en mémoire que ce retour de l’auteur avait duré un peu plus longtemps que son premier tour de piste, sans me rentre compte que l’ensemble compose une vingtaine d’épisodes, dont un numéro double, le cinquantième, le seul que j’avais en VO.
Si Byrne revient sur le titre, c’est que le paysage éditorial a changé. Désormais, c’est Renée Witterstaetter qui supervise la série. Byrne la connaît car elle a officié en tant qu’assistante éditoriale de Mike Carlin sur les titres Superman à l’époque où Byrne livrait le meilleur de sa prestation (la saga de Supergirl, par exemple). Qui plus est, le retour de l’auteur se fait avec la promesse d’une grande liberté créative, comme le suggère la couverture de The Sensational She-Hulk #31, où Byrne tente, en vain, de remplacer le numéro de l’épisode par le chiffre 9.
Ce retour se fait dans la foulée de la première prestation, l’auteur insistant d’ailleurs pour faire comme si rien ne s’était passé en son absence. Il travaille avec un encreur, Keith Williams, et un lettreur, Jim Novak. Il signe des intrigues dans la droite ligne de ce qu’il a produit précédemment (le Mole Man veut épouser Jennifer, prétexte récurrent dans la série). Et il ramène des tas de vieux personnages, notamment dans le fonds kirbyen.
En plus de ce genre de biscuits pour fans, il n’hésite pas à faire apparaître des personnages provenant d’autres univers, en guise de clins d’œil :
Redécouvrir cette série en VO, outre le plaisir de savourer les épisodes dans un jus plus proche de l’original, permet de découvrir les couvertures, qui parfois réservent des surprises, notamment d’intraduisibles jeux de mots (pourris), ou de profiter de notes de bas de cases très éclairantes.
C’est le cas par exemple de cette scène dans le numéro 35 où l’héroïne sort de sa case pour demander des informations au contrôleur de la continuité : le Keeper of the Comics Code, apprends-je grâce à la note, est en fait un personnage « réel » déjà apparu dans Not Brand Echh #5, de 1967 (à l’occasion d’une histoire signée Stan Lee et Marie Severin).
Voilà qui donne une saveur toute particulière à un gag qui m’avait un peu échappé lors de ma lecture en VF, il y a des décennies.
Graphiquement, c’est très sympathique, mais il faut signaler qu’à partir de l’épisode 38, Byrne se charge également de l’encrage (jonglant avec le duotone auquel il recourt dans Namor, par exemple) et du lettrage. Les cases sont plus grandes, plus éclatées, se superposent et laissent apparaître de larges portions de blanc : on sent effectivement qu’il bénéficie d’une grande liberté, mais les pages se lisent plus rapidement et les cadrages sont plus systématiques. Je préfère de loin les premiers épisodes du recueil, voire ceux du précédent tome.
Le recueil se conclut bien entendu sur The Sensational She-Hulk #50, qui raconte comment Byrne et Witterstaetter passent en revue les pages tests de l’éventuel successeur à l’auteur, ce qui vaut des interprétations amusantes de la verte héroïne par des auteurs aussi différents que le couple Pini, Dave Gibbons, Frank Miller ou Walt Simonson.
Le retour de John Byrne a été l’occasion pour ce dernier de laisser une belle prestation, des épisodes tels qu’il voulait les faire. Il boucle l’affaire sur un joli coup d’éclat.
Jim