On en parlait je ne sais plus où, voilà que Warlock fait les honneurs de la collection Essential. Dont je suis grave client, donc hop, à mon précédent passage chez Pulps, je me suis emparé de la bestiasse.
Le recueil contient ses premières aventures solo, par Roy Thomas et Gil Kane, son passage sur les terres de Hulk, et son retour sous les merveilleux auspices de Jim Starlin. Je connais bien tout cela, donc j’ai pas vraiment relu, j’ai survolé en picorant quelques morceaux ici et là… Mais graphiquement, la série par Starlin est tout simplement à tomber par terre, les yeux noyés de larmes de joie.
Ses planches sont denses, riches, ornées de fioritures épatantes (les matières des fonds de cases sont impressionnantes), chaque case est composée avec soin et chaque planche est équilibrée et pensée pour produire des effets de vertige. C’est d’une beauté à couper le souffle, et si son trait soutenait parfaitement la couleur, en noir & blanc, c’est une franche redécouverte. L’encrage de Steve Leialoha, qui n’est pas pour peu dans l’exubérance des détails, trouve dans ce support de quoi lui rendre justice.
Les deux Annuals qui concluent ce tome (et ce premier cycle de la vie de Warlock, incidemment) sont magnifiques également, avec des cases horizontales de bastons qui sont vraiment très belles (elles annoncent avec quelques décennies la narration en cases cinémascope, mais c’est vachement meilleur, très dynamique et souple, sans doute en droite inspiration du procédé utilisé par Ditko dans ses Amazing Spider-Man). Cependant, malgré la maîtrise du dessin de Starlin à ce moment, et la qualité de l’encrage de Rubinstein, il y a un petit quelque chose de foufou qui a déjà disparu. C’est du maîtrisé, du solide, du carré, du pro. Il manque peut-être le côté presque expérimental des planches des années 1970, cette décennie qui nous a valu, outre ces Warlock, les Captain Marvel du même Starlin, les Black Panther de Billy Graham ou encore les Killraven de Craig Russell. Bref, de la haute volée.
Ce tome, pas cher (comme les Essentials, quoi…) est une plongée dans un récit épatant, mais aussi dans une autre époque, avec d’autres exigences narratives. Une leçon par un maître.
Jim