RÉÉDITIONS MARVEL : TPBs, omnibus, masterworks, Epic…

J’ai lu hier soir Wonder Man: My Fair Superhero, une aventure de Simon Williams publiée en 2007 (mais dont les événements se situent vaguement avant la Civil War et toutes ces âneries).

J’avais ça dans les rayons depuis longtemps, mais je n’avais pas encore lu le TPB, pour mille raisons. Parce que ça avait une tonalité un peu The Initiative, pas la série (qui est formidable) mais le concept, et je n’avais pas envie d’avoir un spin-off. De plus, je ne suis pas toujours fan de Peter David : j’adore ses Hulk, j’aime beaucoup ses Friendly Neighborhood Spider-Man, j’aime bien son premier run de X-Factor, ses Aquaman et ses Supergirl, mais je n’aime pas tellement ses Peter Parker (à part la suite de « Death of Jean Dewolff ») et le peu que j’ai lu de ses récents X-Factor m’est tombé des mains. Donc bon, méfiance. Enfin, le dessin d’Andrew Currie (que je ne connais pas : j’ai l’impression de ne savoir de lui qu’une chose, à savoir que c’est un encreur, ou peut-être confonds-je…) ne m’emballe pas.

Mais l’été, période de chaleur et de calme professionnel, est propice aux lectures, et j’ai plein de trucs sur les rayons de ma bibliothèque qui attendent autre chose qu’un simple feuilletage. Donc occasion, larron, tout ça…

Et en fait, c’est très sympa.
Le titre dit tout : il s’agit d’une reprise super-héroïque de My Fair Lady, et donc du thème de Pygmalion. La référence est explicite, quoique noyée dans un flot d’autres références, l’ami David s’amusant à faire des clins d’œil dans tous les coins (et la scène de la discussion sur le mot « superhero » est un des grands moments de la série).
La mini-série comprend cinq épisodes, se découpant de la manière suivante : le premier marque la rencontre avec Ladykiller (et avec un producteur de documentaire disposé à faire un sujet sur l’organisation « Second Chance » de Simon Williams dont le but est de réhabiliter des criminels), les trois suivants sont ponctués par les discussions entre Ladykiller d’un côté et Wonder Man, Ms Marvel et Beast de l’autre, et la lente apparition d’une personnalité sensible derrière la carapace de la tueuse : ce sont trois épisodes entièrement tournés vers la discussion, mais c’est ni lourd ni bavard ni lent. Enfin, le cinquième volet se déroule en partie durant une réunion des Avengers, et marque le point d’orgue de l’intrigue secondaire.

Encadrant ces actions au présent, les scènes d’ouverture présente un Wonder Man vieux, immortel, survivant à la civilisation humaine, mais gardant le souvenir de sa tentative de réhabilitation de Ladykiller. C’est de la grosse ficelle à pathos, mais ça marche plutôt bien. Notons que ces scènes d’intro ne se déroulent pas au même moment, pas dans le même futur, mais tracent une histoire de l’avenir de l’humanité, très sombre, assez dans l’optique de Hulk: The End, au demeurant.

Question dessin, Andrew Currie livre une chouette prestation, qui tient surtout à sa capacité à la caricature. Il signe des trognes formidables à ces différents personnages. Il est remplacé par Todd Nauck (que j’apprécie énormément) dans l’épisode 4, ce dernier livrant un travail vivant, plus « mignon » que son comparse. Personnellement, j’aurais aimé que Nauck fasse tout. Mais il est également dommage qu’il remplace Currie, ça casse un peu l’unité de l’ensemble.

L’ensemble est très agréable à lire, et offre une petite réflexion sur le thème du super-héros : les pouvoirs suffisent-ils à faire un héros ? La rédemption est-elle possible ? Sans être révolutionnaire, ça fonctionne pas mal du tout. La sortie de la mini-série ne me semble pas avoir fait beaucoup de vague, et Peter David livre une histoire de surhomme éclipsée par plein d’autres récits jouant la carte de la parabole (je pense à tous les pseudo-superman de Waid ou Millar), mais il s’inscrit dans cette tradition.

Jim