RÉÉDITIONS MARVEL : TPBs, omnibus, masterworks, Epic…

Je viens de terminer la lecture du recueil compilant tous les Devil Dinosaur de Kirby.

Quelle étrange série, tout de même, pitch parfait pour un cartoon (j’ai cru comprendre que c’était un projet pour une série télé animée, sais plus où j’ai lu ça), écriture faussement simpliste, tout pour laisser penser qu’il s’agit d’une œuvre mineure du maître.

Et pourtant, il y a un jeu constant de références et de clins d’œil à son œuvre personnelle. Il reprend par exemple le thème de la race extraterrestre venue sur Terre afin de procéder à des expériences scientifiques, mais cette fois-ci, plutôt que mythifier le truc en créant des êtres inaccessibles (tels que les Celestials) ou en cadrant l’action de loin à l’occasion de flash-backs qui couvrent le concept du lustre des ans et des légendes colportées, il décide de montrer ces envahisseurs pour ce qu’ils sont, à savoir des vivisecteurs déshumanisés, ce qui enclenche des scènes assez violentes de baston entre civilisés et primitifs. C’est donc un retournement de valeurs, puisque chez Kirby, souvent, la civilisation est positive, porteuse de valeur et rassurante, alors qu’ici, elle est aussi inquiétante qu’Apokolips, alors qu’elle a les allures de New Genesis.

De même, ses envahisseurs semblent, peut-être, robotique (mais on ne sait pas s’ils agissent de leur propre chef ou s’ils sont des créatures issues du génie d’une autre race). Ce qui vient en contradiction de son Machine Man à peu près contemporain. Toute la série est donc, à lire entre les lignes, un commentaire de Kirby sur Kirby.

Quant à l’épisode concluant la saga avec les envahisseurs, il s’avère une relecture décalée et presque insolente de la Genèse, qui constitue sans doute le clou de la série. Parfaitement maîtrisé, assez ironique, il fait entrer en collision des idées incompatibles (le paradis et la prison, le végétal et l’électronique) et mérite lecture et relecture.

Vraiment, série très étonnante, qui en plus donne la satisfaction d’avoir une véritable fin, sans doute un peu écourtée, mais au moins, on sent que l’auteur est allé au bout de certaines idées.
Épatant.

Jim